Sa biographie
Né à Nogent-sur-Marne en 1972
Arrivé en Dordogne en 2005
Vit et travaille à Trélissac
EXPOSITIONS
En cours, un travail sur l’humanité de la portion d’autoroute A75 (édition d’un livre).
2018
Écriture d’un projet d’observation photographique et sonore de la Dronne pour les 20 ans du parc naturel Périgord-Limousin (série
de performances, concert-projection, livre).
2013
Expositions Mirage, en collaboration avec le photographe Bastien Dessolas.
Grilles du jardin public de Bordeaux dans le cadre du festival Itinéraires des photographes voyageurs. Autoédition d’un livre.
2012
Capitale Vientiane, Musée d’art et d’archéologie du Périgord, Périgueux. Aux éditions Requins Marteaux avec Marc Pichelin phonographie.
2008
Capitale Vientiane, Centre de Langue Française de Vientiane (Laos).
2003
Coffret “Izmit épicentre”, avec Marc Pichelin. Edition Ouïe/dire.
Son univers
L’inventaire du monde est le fil conducteur du travail de Kristof Guez.
S’il voyage beaucoup, c’est pour observer le quotidien au plus près. Il photographie l’infra-ordinaire.
Il collectionne et collationne les lieux visités. S’il a exploré le genre du portrait, l’humain de face, il porte aussi son regard sur ce qui constitue matériellement notre humanité, dans ses détails. Il s’attache à montrer ceux qu’on oublie, les invisibles, les modestes. Il entre dans un abattoir, une prison ou une centrale nucléaire en mesurant sa chance de donner en partage ce moment, d’être utile. Il croit que l’ordinaire des uns est précieux à d’autres. S’il se réjouit que le numérique permette au plus grand nombre de pratiquer la photo, il se souvient de l’excitation qu’il avait à apporter sa pellicule à développer. Le temps de réflexion se situe désormais dans la sélection : le “moment décisif” s’est décalé dans l’exigence du choix.
Né à Paris, Kristof Guez a grandi en Haute-Savoie. Après une formation technique à la photographie, à Lyon, il est revenu à Paris où il a travaillé en studio avant de mettre le cap vers le monde artistique, avec aussi quelques
parutions dans la presse (Libération, L’Humanité, Télérama). Il a intégré un
collectif, dans une ancienne usine de Montreuil, et reste persuadé qu’il est
plus intéressant d’écrire un projet à plusieurs. « J’ai toujours aimé croiser les regards, déplacer les centres d’intérêt. » Il explore l’espace public et montre son travail dans des endroits où on ne l’attend pas, pour que les citoyens croisent la poésie en chemin, que l’art les interrogent.
Si August Sander, Jeff Wall, Walker Evans, Max Pam ou encore Mathieu Pernot sont autant de guides, Kristof Guez reste surtout un admirateur d’Ernest Pignon-Ernest, de son « approche académique dans des environnements poisseux ». Cultivant cette même volonté de sortir du cadre, il aime que ses images soient projetées ou affichées, qu’elles vivent et s’abiment. Rares sont celles qui intègrent une collection comme celle du FDAC. « Mettre en scène mes photos dans la vie quotidienne ou éditer un livre avec des universitaires sont autant de manières de les montrer, il importe aussi qu’une institution les prenne en charge pour les valoriser. »
Le travail de Kristof Guez s’équilibre pour moitié entre oeuvre collective et personnelle. Même dans un appel d’offres, il se place en situation artistique.
« Je fais un art contextuel, je propose un objet de création. » Un projet le
porte actuellement vers la vidéo, qui lui permet d’aller plus loin dans le récit et le propos. Il est ainsi revenu en 2015 sur les lieux du tremblement de terre d’Izmit, en Turquie, où il avait photographié en 1999 non pas le chaos mais la vie qui se réinventait comme elle pouvait. Il souhaite raconter l’histoire vécue, depuis, par ces gens. Un regard subjectif d’artiste et non de
documentariste.
Kristof Guez a beaucoup voyagé mais il aime aussi observer le paysage qui se transforme sous ses yeux, dans les zones périurbaines proches de chez lui dont il s’attache à capter l’évolution rapide et irréversible.
A propos de l’oeuvre
Inventaire du monde n° 11. Cette photo couleur, de petit format, est issue d’une longue série réalisée en Grèce depuis 2008. Kristof Guez documente des lieux, comme ce village d’Antikyra avec lequel il a un lien fort : son fils de 5 ans, ici représenté, a l’âge qu’avait le photographe lorsqu’il séjournait à cet endroit. « C’est un projet d’édition que je n’arrive pas à terminer, j’ai une masse importante d’images. » Son fils tient une lampe torche qui permet de redécouvrir le lieu de nuit, un temps que le photographe affectionne. « Le résultat de cette série est proche d’une ambiance sousmarine, un milieu que j’aime aussi. »
À travers le devenir de ce village, jadis prospère, il évoque la crise traversée par la Grèce ces dernières années. Ni photojournaliste, ni démonstratif, il capte des éléments du quotidien, pour découvrir ce village en profondeur.
Il travaille par cercles progressifs pour revenir au point d’ancrage, près de la maison de son père.
Le titre de la série fait référence à Albert Kahn (1860-1940), ce riche banquier qui missionna des photographes et cinéastes pour fixer sur la pellicule des lieux et leurs habitants, avant leur disparition.
Le FDAC a déjà acquis deux oeuvres de Kristof Guez, un tirage issu de la série Traits Commun en 2011 et un de la série Full Moon en 2009.