ARNOLD Aude – « Réveil »

Sa biographie

Aude ARNOLD

Née en 1976 à Mulhouse (68).
Diplôme de l’École des Beaux-Arts de Mulhouse.
Baccalauréat technologique national en Arts Appliqués.
Vit et travaille à Nanthiat (24).

Expositions
2015 Éternelle impermanence, château d’Excideuil.
2014 Société des Métiers d’art, PEMA, Nontron ;
Château de Montbron (exposition collective) ;
Coin lecture, Pôle Expérimental des Métiers d’Art, Nontron ;
Mises au jour, FDAC.
2013 Art Actuel, Brive ;
Les Jardins de Ligueux, Ligueux ;
Sgraffito, Galerie Contempora, Ribérac ;
Brive Création.
2012 O’, Jumilhac le Grand ;
Centre Culturel La Fabrique, Saint-Astier ;
Griffer les motifs, Pôle Expérimental des Métiers d’Art, Nontron ;
Tri PHASÉES, Saint-Jean-de-Côle (24).

Son univers

« Je suis incapable de dire si je change avec mon travail ou s’il change avec moi. Les deuils que j’ai vécus ces dernières années m’ont donné un élan pour avancer, de nombreux questionnements que j’avais déjà se sont imposés. »

Les réalisations récentes d’Aude Arnold sont très intérieures : tout s’arrête-t-il après la vie, y a-t-il quelque chose au-delà du cadre ? Ses questions métaphysiques se nourrissent de son intérêt pour la physique quantique. « Cette complexité, cette multitude s’inscrit dans la plupart de mes tableaux. Des points et des lignes qui, au final, créent une unité. Un peu à l’image du monde.»

Les points qu’elle affectionne, autrefois creusés, prenent du relief dans un dyptique réalisé en 2015 à base de chaux et de poudre de marbre… « J’ai envie d’aller encore plus loin avec la matière, je découvre des usages et derrière une erreur, je trouve souvent une possibilité
nouvelle. » Ses tableaux s’éclairent à la lumière rasante, ils changent selon l’heure du jour et le point de vue. Certains sont allégoriques, d’autres expriment uniquement un ressenti quant à une matière, une émotion ou un instant.

Arrivée en Dordogne en 2007, l’artiste a fait le choix de la campagne. « Avec vue sur rien…
donc sur tout. » Le calme lui est indispensable pour créer, avec un fond musical « qui peut influer sur les couleurs d’une oeuvre car il correspond à mon état d’esprit. » Elle porte un projet de résidence sur une retranscription de la musique dans la matière, une résidence qui la mettrait un rien en danger, elle qui est si bien chez elle. Son atelier migre au fil de l’évolution du projet d’éco-construction familiale. « Le fait de ne pas avoir toujours sous la main le bon outil m’oblige à trouver des solutions. »

Elle a désormais besoin d’ampleur et d’espace, de plus grands supports. Ce qui lui fera passer des mois avec un unique tableau. Un engagement qui correspond assez à son souci de métaphysique et d’intériorité, à un espace intérieur qui prend de plus en plus de place…
« J’ai choisi d’étudier aux Beaux-Arts pour m’approprier des techniques, avoir en main de quoi m’exprimer. »

Cette formation première lui a permis d’acquérir la gestuelle nécessaire à sa pratique actuelle, qu’elle a enrichie auprès d’un mâalem marocain. Elle se sent très proche des métiers d’art par la technique utilisée, qu’elle détourne. « Je fabrique moi-même mes outils, j’ai essayé pas mal de métaux pour la pointe de gravure, j’en détruis beaucoup.» Sa quête du travail parfait et les doutes qui la portent peuvent aussi, parfois, la paralyser. « La justesse tient à trois fois rien, qui finit par arriver et ne ressemble pas à ce que j’imaginais.»

A propos de l’oeuvre

Réveil – Sgraffito sur stuc chaux – 110 x 40 cm hors cadre – 2012
Oeuvre acquise par le Conseil départemental de la Dordogne en 2016

« En général, je travaille plutôt la ligne. Cette oeuvre est un peu spéciale car j’ai voulu revenir à quelque chose de beaucoup plus simple : il n’existe pas grand-chose au dessous
du point… La lecture se fait de gauche à droite. Réveil est un instant particulier, entre le rêve et la conscience, quand on a envie de réintellectualiser ce qu’on a vécu, mettre des mots sur les images, tout restructurer. Ces impressions furtives finissent par se déliter et disparaître. Ça peut prendre quelques secondes ou se diluer sur la journée.

J’aime ces sensations mêlées entre conscient et inconscient.
Le sgraffito est une technique d’ornementation architecturale que j’ai arrangée à ma façon. Normalement, elle se travaille dans le frais, je l’ai transposée pour mes oeuvres dans l’enduit sec, ici un stuc très fin. Je passe plusieurs couches serrées et je grave à la pointe sèche. C’est assez physique. J’ai parfois l’impression que mes mains travaillent seules, que des choses se font presque sans mon accord. Il y a une inspiration. Il m’est arrivée de partir sur une idée précise : il faut accepter de se laisser guider quand ça ne veut pas aller où l’on veut. Savoir lâcher prise. Travailler la matière, c’est aussi travailler sur soi. Je me dis que graver dans la matière, c’est aussi graver en soi.»