AERTS-WATTIEZ Catherine – Sans titre

Sa biographie

Catherine AERTS-WATTIEZ

Née en 1958 à Auchel (62). Formation aux Beaux-Arts de Metz
Atelier de gravure Christian Fossier. Design textile Paris
Vit et travaille à Thiviers

Expositions
2017 Salon Comparaison, Grand Palais, Paris.
2016 Journées portes ouvertes des Ateliers de Montreuil ;
De noir et de blanc, exposition collective, Caveau des Évêques, Issigeac ;
Séries Noires, exposition collective, Galerie L’App’Art Périgueux.
2015 Horizons intérieurs, exposition en duo, Galerie Beauvoir, Paris;
Salon Réalités Nouvelles, section oeuvres sur papier, Paris ;
Intersection, exposition collective, Château de Montbron.
2014 Papiers etc. exposition personnelle, Galerie L’App’Art Périgueux ;
Errances, exposition collective, Centre culturel Cahors.
2013 Lepontdezart, exposition collective, mairie Cubjac ;
Déchirures, exposition personnelle, Galerie de La Cuisine, Thiviers.
2012 Charmeurs de papiers, exposition collective, Pôle métiers d’art Nontron.
2011 Voyages, exposition personnelle, Galerie d’art Casablanca.

Son univers

Elle avance dans son oeuvre, guidée par cette féconde contradiction : se donner une ligne (la ligne, le trait, une constante dans ses tableaux) tout en restant disponible. Catherine Aerts a suivi les cours des Beaux-Arts, à Metz, tout en pratiquant le théâtre : partie à Paris pour monter sur les planches, elle est tentée par le Conservatoire, mais c’est finalement par le biais de la création de costumes pour sa troupe qu’elle rejoint un autre monde. « J’ai repris des études de dessin textile, ce qui m’a conduit à l’impression artisanale au pochoir et je suis devenue styliste pour des éditeurs de tissus d’ameublement. » Elle crée alors sa propre marque et sa société de rideaux prêts à poser, qu’elle développe avec son mari. Jusqu’à ce que la crise de 2008 mette un coup d’arrêt « salutaire » à ce trop plein. « Je me suis isolée au Maroc avec une machine à coudre et du tissu, sans repères. Ma collection de revues de déco m’a servie à créer des tableaux avec des lambeaux de papier. » À bien y réfléchir, ce travail de déchirures n’est pas éloigné de la lirette, ces chutes de tissus tissées : lien ténu d’une vie à l’autre…

Catherine Aerts trouve rapidement les limites de ce travail de collage. L’encre s’est imposée comme son langage de prédilection. « J’aime son lien à l’écriture, ce qu’elle permet de raconter.
Selon la charge, les encres peuvent être opaques ou transparentes, on joue sur leur fluidité. »
L’artiste prépare longuement le papier, l’imprègne de plusieurs couches d’acrylique blanc. Ce fond, un rien malmené, lui sert de théâtre des opérations sur lequel elle confronte les couleurs ou dessine des figures autour d’une ligne de démarcation. « Je m’impose des choses en plaçant une barre, puis je pose les encres, j’efface, j’ajoute, je lutte et je joue, j’y jette les événements qui me traversent ou m’habitent. De ce chaos finit par surgir une harmonie, un trouble qui m’émeut : le signal pour arrêter. » Parfois elle va trop loin. Ou pas assez. Elle laisse les tableaux « chuchoter » à son oreille et cela finit par faire trop de bruit dans l’atelier ; il est alors bon de s’en séparer.
La mise à distance prend le chemin de l’humour : il lui importe de ne pas se prendre au sérieux. Le processus même du « j’ajoute, j’efface », quand il touche au but, au beau, l’agace parfois. « Je ne veux pas que mon travail soit mielleux ou mièvre, alors parfois je casse tout. Ou j’accepte. »
Elle dispose désormais de plus de temps, ce qui lui ouvre d’autres horizons. Elle s’oriente vers de grands formats et applique l’encre ou le brou de noix directement sur le papier : une gestuelle sans repentir, avec un pinceau. « Mais j’affectionne encore de mettre et d’enlever, comme un tissage : c’est mon côté Pénélope, » sourit-elle.

A propos de l’oeuvre

Sans titre – Encre sur papier – 95 x 118 cm – 2015 Oeuvre acquise par le Conseil départemental de la Dordogne en 2016

Ce tableau s’inscrit dans une série commencée en janvier et terminée en novembre 2015.
« Je me suis rendu compte qu’une ligne arrivait systématiquement dans mon travail. J’ai pris le parti de m’y confronter. J’y ai vu les questions de frontières, de limites sur lesquelles on bute, les interdits et le rapport à la loi. Dans un moment presque sacré, une phrase s’est imposée : « je te blesserai dans ta chair ». Je ne savais que faire de cette injonction quasi divine, très chargée. Je l’ai prise comme une façon de repousser les limites et de me confronter à quelque chose qui me dépasse : je suis sortie de mes formats habituels pour aller vers un grand format et j’ai alors utilisé d’autres outils, pour aller plus vite car l’encre sèche. Je suis arrivée à une ligne d’horizon très fine, avec une lumière qui se dégage du haut et du bas, et on peut lire « Je te blesserai ». Le plus saisissant, c’est que
j’ai terminé ce tableau le 13 novembre 2015. J’en ai encore des frissons. Cette phrase a pris une autre connotation. J’exposais un mois plus tard, dans le XIe arrondissement… »

Catherine Aerts reste humble et s’interroge sur la manière dont les artistes peuvent sentir et même pressentir leur époque. « Ce que j’aime dans l’encre, c’est qu’elle coule comme coulent des choses à travers moi, que je ne maîtrise pas. »