SOLÉ Éric – « Série « Éléments de campagne/Cartons sous plastique » »

Sa biographie

Éric SOLÉ

Né en 1963 à Brive (19). Diplôme National des Arts et Techniques (DNAT).
École des Beaux-Arts de Bordeaux. Vit et travaille à Auriac-en-Périgord (24)

Installations et performances
2011 Iso2, Résidence-exposition collective à l’Espace Culturel
François-Mitterrand, Périgueux (24).
2007 Création de l’association Mydriase, à Montignac,
puis du collectif SPMBB pour des cycles d’installations ;
L’expérience du poteau, Achat d’une pièce de la série par le FDAC.
2006 Évidence et Anticorp, duo de plasticiens ES-MAAIMURA,
Montignac (24).
1997 Jalons de l’Art Risible avec le Bond de la Baleine à Bosse,
Centre Régional d’Art Contemporain, Ramonville (31).
1996 Mémorial aux Limaces, Sicoval, Clermont-le-Pont (…).

Son univers

Éric Solé a beaucoup voyagé pour voir le monde, sans filtre. Puis il s’est rendu compte qu’il pouvait l’approcher de chez lui. Son exposition Quiétude, tour du jardin rendait compte de cela : les « jouets » pistolets prélevés dans le sous-sol de son jardin renvoyaient aux événements d’alors en Libye. Télescopage en réponse à la mondialisation. « C’est l’usage du monde* qui a changé, pas lui. » Ses photos en sont des raccourcis, des condensations.
Dans la note d’intention de son travail sur le chantier du Centre international d’art pariétal Montignac-Lascaux, il évoque l’univers mouvant de construction que la photographie permet de stabiliser. « J’éprouve ce besoin de déposition au regard de la vitesse du monde, théorisée par Paul Virilio. L’art en est un agent de propulsion et de modification, il ne s’agit donc pas d’arrêter la course, mais de ralentir. » Il y a urgence à ralentir : paradoxe ! Éric Solé aime la photographie pour les arrêts sur image qu’elle permet, pour cette « mémoire qui dure ».

Après une série sur l’habitat pavillonnaire, il observe désormais l’ouvrage d’art, profitant du chantier de Lascaux 4 pour montrer le bouleversement qu’il suscite en reliant ce lieu au
monde comme la grotte originelle l’a inscrit dans le temps. Méditation sur l’authentique et la copie. « Je pratique une photographie frontale, la plus objective possible, en soulignant la proximité et le barrage au déplacement. Je me ménage une potentialité de conversation, une relation intimiste avec des choses triviales. Tous mes thèmes sont réunis dans ce point focal : le temps comme un continuum. » On y voit les hommes par leur absence : l’entière production humaine se trouve là, « devant mes yeux ». Éric Solé espère exposer cette série Entre oeuvre et ouvrage in situ et la publier aux éditions ESPN qu’il vient de cocréer pour produire des livres d’artiste, collection-mémoire sur l’architecture et les objets du XXe siècle.
Son travail de plasticien, inspiré du ready-made, repose sur l’utilisation de matériaux sortis de leur contexte. « J’ai ainsi habillé une chaise de placoplâtre, toujours sur le thème du cachémontré.»

OEuvres personnelles et commandes peuvent parfois se superposer. Ainsi, un travail sur l’influence des infrastructures touristiques sur le paysage du Périgord ne lui a pas été demandé par hasard… « J’ai trouvé un tourisme « mi-lourd », plutôt intégré. En tant que
graphiste, je me suis intéressé à la signalétique. Les parkings de sites sont aussi des antichambres intéressantes. » Une exposition est prévue en 2017 à Marsac/Isle, où il a déjà exposé en 2014 un parcours photographique de 900 rushes « fonds de tiroirs ».
Enfin, Éric Solé a proposé une résidence à Tulle (hiver 2017/18), au musée de l’Arme. « Pour moi, l’arme est un cas particulier de création humaine qui a pour but explicite de détruire son propre créateur. On est entre mythe, fantasme et esthétique. Dans le contexte actuel, il faut avoir le courage de converser avec ce thème. »
* Allusion au récit de voyage de Nicolas Bouvier, 1963

A propos de l’oeuvre

Série « Éléments de campagne/Cartons sous plastique »
Photographie sur dibond – 93 x 70 cm – 2014
Oeuvre acquise par le Conseil départemental de la Dordogne en 2016

Série « Éléments de campagne/Cartons sous plastique »
« C’est une prise de vue argentique réalisée en 2011 dont le tirage a été fait pour l’exposition L’Art est Ouvert. J’isole, j’extrais, je décontextualise un objet sur un ciel gris,
avec une volonté de proximité, de montrer les choses de manière irrévocable, dans une frontalité brute entre ce qui est regardé et le regardant — photographe, puis spectateur.

Cette volonté de faire presque barrage nous place face à un objet qui fait obstacle, l’obstruction étant le fil conducteur de mes photographies. Le medium photographique
relève de l’art de montrer : je montre de manière objective des cartons emballés dans du plastique, stock de la production humaine, expression du monde contemporain, dans une
élévation ; mais, et c’est le paradoxe, je montre autant que je masque… toute une chaîne de fabrication. En prenant un morceau de ce que je vois dans la campagne, j’évacue tout le reste. Mes compositions sont marquées par un axe central fort, des géométries. Je donne et j’oblige à voir, c’est radical et directif. La photographie est l’empreinte de ce qui a existé, à un moment donné, dans un lieu donné, ici très sélectif et énigmatique.
Pourtant, aucun indice n’indique où nous sommes. »