Sa biographie
Né en 1960 à Bordeaux.
Artiste « à plein temps » depuis 2007.
Vit et travaille à Saint-Martin-de-Ribérac (24).
Expositions
2015 OEuvre au noir, performance, Collégiale de Ribérac (24) ;
Exposition Centre Culturel Ribérac ;
Salon de l’Art Blaye, École Internationale Bordeaux ;
Galerie le Chai des Arts Ambarès et Lagrave Bordeaux ;
Expositions, Château de La Mothe, Saint-Privat-des-Prés (24) ;
Concert acousmatique, Église de Saint-Martial-Viveyrol ;
Galerie L’App’Art Périgueux (24) ;
Galerie 4 Saisons, Saint-Aulaye (16) ;
Contemporary Music, Château de La Mothe, Saint-Privat-des-Prés(24).
2006 Exposition biennale d’Art contemporain Bordeaux, Bègles (33) ;
Thérapie de groupe, Écriture et jeu pièce de théâtre ;
Acquisition d’une oeuvre par le C.H.U de Bordeaux (33) ;
Premier prix du club des poètes de Paris (75) ;
Premier prix de la nouvelle de voyages FRAM ;
Premier prix du Festival de poésie de Marmande (47).
Son univers
« Beaucoup de cordes à son arc et pas une seule flèche » : c’est l’épitaphe que s’imagine Gilles Saigne, inlassable touche à tout, auteur de nouvelles, poésies, spectacles et pièces, musicien électroacoustique, peintre, photographe. Autodidacte, il a évolué dans l’art global avec des fractures, des étapes, et tous ses sens. Il a commencé la peinture à 14 ans par un postimpressionnisme, il a dérivé vers un expressionnisme figuratif très violent avant d’évoluer vers l’abstraction. « Pour moi c’est la même chose, une oeuvre ne peut pas être détachée de l’artiste. »
Gilles Saigne a aménagé son atelier dans un bâtiment de l’hôpital de la Meynardie, à Saint-
Privat-des-Prés. « J’ai proposé de l’ouvrir aux résidents du centre psychiatrique quelques heures par semaine. Ils sont une vingtaine à venir, chaque lundi, accompagnés par une psychologue et un soignant. Des résidents de la maison de retraite participent aussi. On dessine et on parle.
Certains font un travail fabuleux, j’en suis fier. » De quoi réorienter sa vision du monde, à défaut de changer son travail.
Les friches industrielles et lieux à l’abandon qu’il photographie pour ses oeuvres lui évoquent un passé prolétaire, celui de ses parents qui ont vécu durement. « Se faire soi-même est un pan important de mon travail, aller chercher des livres qu’il n’y avait pas chez nous. J’ai soif de découvertes, dans tous les domaines. » Une quête et une conquête. « Je ne crois pas à la culture de masse : c’est un parcours personnel, une curiosité, un effort. Quand je rentrais de journées de travail alimentaire, je voulais me remplir la tête, pas me la vider… J’avais envie de passer la nuit dans l’atelier. » Lecteur boulimique, Gilles Saigne aime les gens qui racontent des histoires, aux prises avec la société et leur temps. « Dans mon concept d’instant minéral, je me questionne : dans la mesure où l’histoire fait partie de la pensée et de l’homme, où rien n’existait avant, ma propre histoire a autant d’importance que celle de l’univers. » Un regard lucide et pessimiste traverse son oeuvre. « La guerre pour des territoires économiques comme le retour du religieux nourrissent mon oeuvre dans une inquiétude de l’avenir. » Pollution, argent, vision à court terme agissent sur ses peurs et ses questionnements. « On a fait de nous des consommateurs alors que la culture pourrait être un idéal et un combat. » Et il se demande, « avec une oeuvre pas facile et donc pas vendable », si ce monde a besoin d’un artiste de plus… Maintenant qu’il l’est à plein temps, il doute en permanence de l’importance de son travail, de la façon dont les gens le reçoivent. L’un de ses grands formats numériques a d’ailleurs pour nom : Est-il si important de laisser une trace ?
A propos de l’oeuvre
« C’est un photomontage N&B avec une trace de couleur, rappel de mon long parcours d’artiste plasticien et de peintre, avant que je me consacre aux arts numériques. Il met en avant le travail que je poursuis depuis plusieurs années, sur le concept d’instant minéral : c’est facile de se cacher derrière l’abstraction en peinture, par pudeur ou par lâcheté, ou les deux. La Proue dit que j’assume, que je suis là, en avant. Je fais face au passé, aux névroses, aux peurs. Le personnage, moi, sur le côté droit de la photo, tourne le dos à un bâtiment à l’opposé des autres. Je ne veux pas tromper les gens sur la mise en scène, il y a un côté carton-pâte, comme au théâtre. Ce bâtiment étrange, fin comme du papier à cigarette, diffère de l’architecture alentour. Il représente ce qui se construit dans l’oeuvre
et n’est pas toujours cohérent avec le monde ; il n’est pas terminé ou s’il l’est, il est fragile. Il y a mise en abyme entre la réalité et celle de l’artiste, la manière dont il se montre.
Longtemps, j’ai cru qu’être artiste était une façon d’exprimer ce qui ne pouvait l’être par la voix ou par l’écrit. En fait, ce n’est pas ça. On met des masques, on les empile pour se protéger des autres : avec l’art, on se questionne sur l’oeuvre et sur l’artiste.
Quand il y a peu d’indications, le spectateur s’accapare l’oeuvre et écrit sa propre histoire.
C’est encore un masque que livrer quelque chose d’impudique sans les clés qui en donnent l’accès. On ne peut livrer un travail sincère qu’en se cachant. La transparence n’existe pas.»