ENTZMANN Xavier (ELTONO) – « Rufo Paris 1-7-9 »

Sa biographie

Xavier ENTZMANN (ELTONO)

Né en 1975. Vit et travaille à Belvès (24).

Expositions individuelles (sélection)
2015 Aléas, galerie Delimbo, Séville, Espagne ;
Incontrôlables, Institut Cervantès, Paris (75).
2014 Amalgama, galerie Slowtrack, Madrid, Espagne.
2012 Deambular, Musée Artium, Vitoria, Espagne ;
1/1, galerie C-Space, Caochangdi, Pékin, Chine.
2009 Residencia Tampiquito, Monterrey, Mexique.
2008 PLAF–Autonomous Mechanisms, Anonymous Gallery, New York, U.S.A.
2008 Astillas, galerie La Culpable, Lima, Pérou.

Expositions collectives (sélection)
2015 Oxymores, Ministère de la Culture, Paris (75) ;
Mapping The City, Somerset House, Londres, Royaume-Uni.
2014 Biennale Artmossphere, Moscou, Russie.
2010 Murals, Fondation Juan Miró, Barcelone, Espagne.
2008 Street Art, Tate Modern Museum, Londres, Royaume-Uni.

Son univers

Artiste de l’espace public : ainsi se définit Eltono, que le mot « street art » fatigue un brin. Après avoir grandi en région parisienne, passé onze ans en Espagne puis quatre ans à Pékin, il a choisi en 2013 de s’installer à Belvès, région de ses racines familiales. La campagne offre à cet artiste de l’urbain l’espace et le temps nécessaires pour créer.
Xavier Entzmann, alias Eltono, a débuté son chemin artistique dans la rue. « C’est le graffiti qui m’a entraîné vers des études d’arts plastiques à Paris 8. » En 1999, il part à la faculté des Beaux-Arts de Madrid où il développe une nouvelle forme d’expression, des figures géométriques et abstraites. « J’aime le travail dans la rue, le contact direct entre le spectateur et l’oeuvre. »
Dès le début, il photographie l’évolution de ce qu’il « abandonne » à la rue et au temps, sans contrôle ni conservation, hors du circuit habituel. Cette érosion attise sa curiosité. « Les oeuvres sont vivantes, je reviens les voir. » Cette interaction née de la rue peut le conduire à la création en galerie, mais elle reste profondément ancrée dans cet échange urbain, dans un dialogue intérieur/extérieur, un souci d’accessibilité et de circulation.
Inspiré par la démarche de Francis Alÿs et l’oeuvre de Sol LeWitt, Eltono aime susciter les réactions en se fixant des contraintes. Sa liberté, toujours très cadrée, génère finalement des surprises. « J’intègre forcément la rue dans le processus créatif d’une pièce, même si celle-ci passe par l’atelier. » Tout cela est un jeu.
Il travaille beaucoup sur papier et peu sur toile, et la déambulation est son outil conceptuel préféré : la flânerie comme démarche artistique. À Pékin, il a ainsi créé une série de dix promenades, exercice de création lui donnant la liberté dans le temps et dans l’espace.
Eltono compte parmi les pionniers des artistes de rue invités un peu partout à partir de 2005.
Très connu en Espagne, il travaille avec quatre galeries à Bilbao, Madrid, Valence, Séville.
Depuis son retour en France, il réalise une peinture murale générative, exécutée à partir de règles préalables autant qu’avec le hasard. « Je joue aux dés la couleur ou l’orientation d’une forme. La peinture se fait ensuite sans que je prenne de décision. Cette forme aléatoire pourrait se faire avec un ordinateur, mais c’est l’option manuelle qui m’intéresse. Ce travail est aussi participatif, avec le concours d’enfants ou encore de détenus. Il y a peu d’artistes qui se consacrent à l’art génératif humain, c’est une expérience unique. »
Cette peinture faite par et pour les habitants prend forme en Dordogne avec un projet à la prison de Mauzac. Eltono a aussi rejoint des artistes locaux fédérés dans le collectif Le dédale, qui a proposé, en juin 2016, la première édition d’une exposition à ciel ouvert dans Belvès.

A propos de l’oeuvre

Rufo Paris 1-7-9 – Acrylique sur bois – 3 pièces de 40 x 55 x 1 cm – 2015
Oeuvre acquise par le Conseil départemental de la Dordogne en 2016

« Elle est assez emblématique car je l’avais réalisée pour une biennale d’art urbain à Moscou, en 2014, qui réunissait des artistes de rue dans un atelier de l’école des Beaux- Arts. Cela n’avait aucun sens ! J’ai donc peint onze tablettes avec ma géométrie, mon langage graphique très reconnaissable. Deux jours avant l’inauguration de l’exposition, j’ai promené mes tablettes en laisse dans la rue, face peinte sur le sol. J’ai beaucoup marché et n’ai regardé le résultat qu’à la fin, pour ne rien contrôler. Cette présentation a remporté un grand succès, car j’étais le seul à avoir interagi avec la rue. À côté de chaque pièce était présenté le plan du parcours effectué, avec les données : le temps qu’il faisait, la durée, les kilomètres. Comme une expérience scientifique, un comparatif entre tablettes plus ou moins usées, selon la nature du sol. »

Cette première série, « Rufo Moscou », a eu une suite à l’Institut Cervantes de Paris : le Département a ainsi acquis, sur ces onze nouvelles pièces « Rufo Paris », ces trois tablettes qu’une photo accompagne, pour comprendre le processus de création. L’artiste va poursuivre cette série, ailleurs, autrement. « Je sais maintenant que le sol de Moscou est
beaucoup plus sale que celui de Paris. Parmi les trois oeuvres choisies pour le Fonds, la moins abîmée est celle qui a descendu les Champs-Élysées, sur du marbre. »