Sa biographie
Née à Dakar (Sénégal) en 1944
Vit et travaille à Gavaudun (Lot-et-Garonne)
EXPOSITIONS
2011
Performance Sang d’artiste. Centre national d’art contemporain, Villa Arson, Nice.
2010
Performance installation Bains de sang, lycée de Fumel.
2008
Installation Bains de sang, centre culturel, Villeneuve-sur-Lot.
1997
Rétrospective au château de Prieural, Monsempron-Libos.
1993
La tour de la confusion, Cannes, 1993. Sculpture en acier sur la croisette.
1990
Toile de sang, performance à la galerie Mossa, Nice. Sous le pseudonyme anagramme de Laert.
1983
Acquisition d’un dessin encre de Chine par la Fondation Maeght, Saint-Paul-de-Vence. La Fondation conserve plusieurs dessins de
l’artiste dans ses collections.
1980
Performance Sang d’artiste-blessure à l’état de projet, galerie L’oeil écoute, Lyon.
Son univers
L’oeuvre d’Anne Tréal- Bresson est assurément organique, sans limite réelle entre sa pensée, son corps et le prolongement que constitue l’art, infligé comme un élément à part entière de sa souffrance.
Loin de l’apaiser, il en est indissociable.
« Est-ce que ça vaut la peine de souffrir autant pour faire une oeuvre ? », confie-t-elle. « Mais elle m’a sauvé la vie. » L’artiste témoigne d’un féminisme vif — militante du MLF dans les années 1970 — puisé au creux d’une enfance dont on comprend qu’elle ne fut pas heureuse, pire, tourmentée par l’incursion d’adultes prédateurs. Elle continue à affirmer : « Ce sont toujours les femmes qui trinquent ». Dans les guerres et les conflits qu’elle décrit, on lit aussi la destruction qu’elle a vécue de l’intérieur. Le dénigrement maternel, la longue amnésie d’une fêlure qui finit par resurgir et prendre toute la place, au bout de 50 ans.
Les titres de ses dessins, nombreux et réalisés dans un élan autodidacte, parlent sans équivoque : La peur, tout plutôt que la folie ; Les paysages de l’âme, l’en-deça de mon âme mortifiée ; Le viol de Bécassine, on viole aussi les bécassines voilées ; L’aigle de sang ; HP… Tout est engagement pour dénoncer par la plume, le dessin ou l’écrit, la brutalité et la sauvagerie d’un monde auquel elle appartient et qu’elle se doit donc de dénoncer pour ne pas en devenir complice. Cette démarche l’a conduite à une longue performance de sang et d’encre, de sang d’encre, l’écriture s’invitant dans la forme graphique au fil des ans. Commencée à Lyon, en 1980, à la galerie L’oeil écoute avec un prélèvement de son sang distribué au public, elle se poursuit en 2008 au centre culturel de Villeneuve-sur-Lot avec une installation Bain de sang mêlant un long manifeste contre la guerre à des poupées de chiffon martyrisées. Vient une reprise filmée en 2010 au lycée de Fumel lors de laquelle elle se mêle à ces poupées, pieds et poings liés de barbelés, ensanglantée. Enfin, elle revient à sa prestation d’origine, Sang d’artiste, au Centre National d’Art Contemporain de Nice, en 2011. « Toute mon oeuvre est traversée par le sang », déplore-t-elle.
L’écriture artistique d’Anne Tréal-Bresson est une douleur continue et contenue, conduite dans une répétition minutieuse. Partie de l’abstraction, elle pousse son trait précis dans une luxuriante finesse mêlant un bestiaire décalé aux images obsédantes dans lesquelles elle se montre aussi. Un centimètre carré de tracés concentrés lui prend des heures d’exploration, « car ce qui est prémédité n’est pas de l’art. » Elle ritualise son travail, s’impose des codes de comptage.
L’artiste, qui a évolué aux côtés des Nouveaux Réalistes et de l’Ecole de Nice, ne signera ses premiers dessins qu’à partir de 1973. Elle côtoie Ben Vautier et le sculpteur Bernard Tréal, qu’elle épouse en 1964. Associée au mouvement lettriste, elle contribue à la première soirée “super temporelle” à Nice en 1967. Les signes et les lettres cheminent dès lors dans son oeuvre, riche de 300 dessins à l’encre de Chine, bronzes et écrits au fil de 45 ans de création. Elle compte dans plusieurs collections publiques ainsi qu’à la Fondation Maeght, où elle a exposé ses premiers dessins en 1980.
A propos de l’oeuvre
« Il est d’un monsieur chauve
qui jouait dans le vent
qui m’attend
qui rit de la terre
qui m’aime un peu déjà
Il est de ma joue mouillée
un rêve incandescent
qu’allume un monsieur chauve
qui éteint la vie
qui désire la mort… »
Anne Tréal-Bresson
Le FDAC a acquis cette oeuvre à la fin de l’exposition. « En toute intimité » proposée durant l’été 2018 à l’Espace Culturel François Mitterrand. Le lien entre l’artiste et le Département s’est établi en 2016 lors de l’exposition « Les messagers », au château de Biron, où la Fondation Maeght présentait quatre de ses dessins.