MARTIAL Guillaume – « La boucle »

Sa biographie

Né à Caen (Normandie) en 1985
Vit et travaille à Lyon

EXPOSITIONS
2017
Exposition personnelle Footlights, Galerie Esther Woerdehoff –
Mois de la Photo du Grand Paris.
2016
Expositions collectives, Musée Nicéphore Niépce et Galerie Catherine Edelman, Chicago.
2015
Lauréat Prix HSBC pour la Photographie, finaliste Prix Leica Oskar Barnack, Projection Rencontres d’Arles.
2013
Mission photographique France(s) Territoire Liquide, soutien de l’architecte Francis Soler.
2009
Résidence à Sainte-Sévère, lieu de tournage du film Jour de fête, de Jacques Tati.

Son univers

Dans son enfance, Guillaume Martial a pratiqué le patinage artistique.
La performance du corps dans un espace contraint a probablement orienté son travail graphique : aller chercher la nouveauté et le mouvement dans un cadre fixe. Bousculer une contrainte. En choisissant l’image animée et le cinéma, il a poursuivi le questionnement du mouvement approché par l’expérience de ce sport : La boucle traduit un travail plastique sur l’image fixe, ce plan séquence qui revient tient de la photographie animée plus que de la narration.

Après ses études audiovisuelles et cinématographiques, il est resté plusieurs mois en résidence à Sainte-Sévère-sur-Indre, lieu de tournage de Jour de fête, premier film de Jacques Tati. « C’est là que j’ai commencé à mettre en scène un personnage dans la tradition du burlesque. » Et l’image fixe s’est imposée alors qu’il se destinait plutôt à devenir vidéaste et documentariste.

Son oeuvre est aussi marquée par un rapport singulier à la géométrie. Dans La boucle, un homme entre par une porte rectangulaire et ressort par une fenêtre carrée. L’artiste aime chercher la manière dont un corps s’approprie un espace, interroge l’architecture et vit dans les lieux.
L’humour est son meilleur allié pour décadrer, trouver un angle original. Il joue avec l’espace, avec les lignes qui le composent, avec les formes.
Entrer en résidence lui permet de poser un cadre spatio-temporel propice à la création, une contrainte vertueuse. Il les enchaîne depuis quelques années comme autant de défis, orientant le choix de ces parenthèses d’un univers à un autre : un collège, un foyer d’accueil médicalisé pour handicapés psychomoteurs, d’importants chantiers d’architecture.
En dehors de ces périodes de résidence qu’il affectionne, Guillaume Martial répond à des commandes de création. « J’aime suivre une direction. Je dois avoir du mal à travailler sans cela », sourit-il. La liberté s’exprime pour lui dans un cadre, un balisage, en attendant de laisser venir ce qu’il ne soupçonne pas encore.
Au rythme d’une résidence par an, le trentenaire s’est forgé un socle de créations déjà important et se dit ouvert à de nouvelles rencontres, notamment pour une oeuvre commune avec d’autres artistes. Il travaille avec une galerie parisienne, qui présente ses oeuvres lors de foires d’art contemporain. L’acquisition du FDAC est un accompagnement appréciable, un aboutissement. « C’est une reconnaissance d’entrer dans une collection publique. Mes pièces sont libres d’interprétation et les réactions des visiteurs font aussi la richesse d’une oeuvre. »
La photographie offre une porosité entre réel et fiction propice à tous les jeux. Mais la forme évolue et il s’oriente vers une approche plus plastique, par collage et découpage. Il aimerait aussi se familiariser avec la peinture, pour explorer différemment le corps et l’image « qui n’est jamais la réalité, mais un reflet ». S’il dit avoir réalisé une oeuvre assez reconnaissable, Guillaume Martial ne veut pas se priver de quelques détours.

A propos de l’oeuvre

La boucle. – Installation composée d’une vidéo et d’une camera obscura – 2015 Oeuvre acquise en 2018

La boucle. Installation composée d’une vidéo qui tourne en boucle et d’une camera obscura (ancêtre de l’appareil photographique).
L’oeuvre a été réalisée en 2015 dans le cadre des résidences de l’art organisées par l’Agence Culturelle Dordogne-Périgord. L’artiste a passé deux mois à l’hôpital psychiatrique de Vauclaire, à Montpon-Ménestérol, avec la volonté d’explorer la perception du monde dans ce contexte. « Je suis venu en observateur, c’était très expérimental. » Sa photographie n’a rien de documentaire : ses temps d’échanges avec les patients et les résidents avaient pour but de créer des oeuvres fictionnelles. « J’ai l’habitude de mettre en scène un personnage. Celui-ci est en blouse blanche et on peut se demander si c’est un patient ou un soignant. Il entre par une porte et ressort par une fenêtre tracés dans un mur, jusqu’à ce que la magie n’opère plus : il se heurte au mur. Dans mon esprit, c’est une vidéo plutôt décalée et burlesque. » Guillaume Martial est allé chercher les anciens procédés et les prémices du cinéma pour jouer avec.

Le mot “primitif” est essentiel dans sa résidence : celui des comportements humains et celui de la photographie. L’artiste a voulu mêler le tout dans une série qui porte le titre d’“Hôpital circus” car un télescopage supplémentaire a eu lieu grâce à sa rencontre avec un petit cirque local. « Une résidence se déroule de façon très instinctive, par des rencontres. J’ai mélangé les univers pour créer l’oeuvre. ». Le résultat obtenu est de l’ordre de l’inconscient, il est question d’enfermement physique et psychiatrique.


www.guillaumemartial.fr