Sa biographie
Né en 1947
Vit et travaille à Saint-Georges-de-Montclard
Beaux Arts et École Supérieure des Arts Décoratifs de Paris
Diplôme de 3° cycle Université anthéon/Sorbonne (coaching et développement personnel)
1975-1990 Designer, essentiellement pour des produits de luxe
EXPOSITION PERMANENTE
Atelier Expo ICIJ’ART, Issigeac (Dordogne)
EXPOSITIONS
2018
Terrae incognitae, Galerie L’App’Art, Périgueux (expo. personnelle)
Salon Réalités nouvelles (Paris). Musée d’Art Moderne et Contemporain, Cordes-sur-Ciel (exposition personnelle)
2017
Exil. Château de Raray, Oise (exposition personnelle)
Animal. Trumilly, Oise (exposition collective)
Vivart – Albi, Tarn (exposition collective)
Salon Réalités nouvelles (Paris)
Mises au jour – Exposition collective FDAC Dordogne.
2016
Salon Réalités nouvelles, Paris.
Carré d’Arts croisés, Mauzac. (Dessins / Papier)
Au fil de l’Aunette, Rully. Les uns et les autres (Land art)
Galerie L’app’Art (Périgueux), Séries noires (exposition collective)
2015
Sanilh’Art (Notre-Dame-de-Sanilhac) (exposition collective)
Le Jardin pêcheur, Trélissac (exposition personnelle)
2014
Centre culturel La Maison du boulanger, Troyes. (Expo. personnelle)
Son univers
Enfant, Jacques Blanpain observait Les Bourgeois de Calais, devant l’hôtel de ville où faisait étape le car qui le ramenait de la pension jusque chez lui, à Dunkerque, une fois par trimestre. Rodin a impressionné son imaginaire
avec ces grands corps décharnés, chassés de leur maison. Des décennies
plus tard, cette réalité prend d’autres formes, celle des migrants qu’on repousse, à Calais comme ailleurs. On les retrouve dans les plis de la série Exil peinte par l’artiste sur le papier d’une édition de Buffon de 1793, La morale de l’homme, qui souligne la suprématie blanche. Avec déjà des migrations, des déplacements. Tout est dit ou presque de l’itinéraire de Jacques Blanpain, engagé dans un processus de transformation d’une oeuvre et d’une pensée. Il poursuit avec la série Le groupe qui décrit la cruelle réalité du départ forcé, en volume cette fois, au moyen de silhouettes noires, constituées de pierre, de bois et de corde. Leur mise en scène évoque l’armée de Qin, ces soldats d’argile enfouis en Chine ; ou encore une cohorte de prisonniers enchaînés, comme notre histoire en a bien trop compté. Une longue marche. Une démarche.
L’artiste se libère de l’oeuvre en l’offrant aux regards. Sa récente exposition à Cordes-sur-Ciel, présentée de façon circulaire, lui a révélé la cohérence de son retour aux Bourgeois. « Je cycle les Bourgeois », sourit-il, se référant à la vie en boucle chère à Le Clézio dans L’extase matérielle. Il approfondit et poursuit cette obsession qui le structure et, finalement, l’apaise bien au-delà
de ce qu’il donne à voir. Sa série de 2016 joue avec cette figure
emblématique pour mieux l’effacer, l’engloutir. À la façon d’un jeu de miroir, les pièces se répondent sur le même thème, dessin préliminaire, peinture en plus grand format, sculpture. Avec le besoin d’atteindre l’abstraction par une démarche figurative, comme pour la justifier, en écho à un riche itinéraire.
Sa solide formation artistique, aux Beaux-Arts puis aux Arts déco, double approche qu’il considère indispensable, a ouvert à Jacques Blanpain une belle carrière dans l’architecture, le design de communication, la conception d’affiches, l’illustration pour l’édition (livre et disque). Il aime le dessin plus que tout et continue de l’explorer. Ce qu’il a appris ne serait rien sans la volonté de transmettre. Il a enseigné à l’École Supérieure de Design de Troyes avant d’en diriger les programmes, jusqu’en 2013, tout en se formant lui-même en 3e cycle à la Sorbonne.
Il cultive l’errance artistique : se perdre est selon lui la meilleure façon de se trouver. S’est-il perdu en Périgord ? Il pratique la peinture depuis qu’il s’y est installé, en 2014. « Pendant longtemps, j’ai dessiné à la mesure de ma
main, sur mon bureau. Maintenant, mon bras et mon corps entier sont en mouvement. » Changement de format, travail au-dehors et à l’horizontale témoignent d’un véritable engagement physique. Il continue à enseigner le dessin dans son atelier, fréquenté par une vingtaine d’élèves. S’il a beaucoup produit ces dernières années, il pense maintenant à l’écriture.
A propos de l’oeuvre
Réalisées à partir de cailloux et morceaux de bois assemblés et arrimés par des liens, à la façon de portulans (anciennes cartes de navigation), ces sculptures composent une étrangeté mobile et ténébreuse. C’est une famille de pierre, de bois et de bouts de ficelles, des êtres en mouvement, soudés dans l’exil, derrière un premier de cordée. Ces liens de diverses textures évoquent aussi ce qui les rattache à leur pays d’origine. Exposés en colonne, les éléments du groupe évoluent sur un tapis de cailloux, comme semés en chemin pour mieux les aider à revenir au point de départ.
Car le voeu le plus cher d’un exilé est bien sûr de rentrer chez lui. L’usage du bois pour confectionner la sculpture évoque celui que l’on brûle lors du bivouac.
Cet ensemble relève d’une démarche engagée par l’artiste sur le thème de la migration. Le lien qui unit les matériaux utilisés a force de symbole, y compris dans la vie personnelle de l’artiste, qui a travaillé sur le thème des arbres généalogiques et des traces ancestrales.
S’il a souvent déménagé et beaucoup voyagé, il sait qu’il ne pourra jamais éprouver la réalité de ce “groupe”. Il imagine surtout son manque de liberté et, à bien y réfléchir, se dit que nul n’a plus le droit d’errance, tracés que nous sommes par de lointains satellites.
En 2016, le FDAC a déjà choisi une oeuvre de Jacques Blanpain pour enrichir sa collection, une encre de Chine sur toile de lin.