DUFOIS Mathieu – « Harem »

Sa biographie

Né en 1984
Vit et travaille à Tours (Indre-et-Loire)
DNSEP (Diplôme National Supérieur d’Expressions Plastiques) – ESBA Le Mans.
DNAP (Diplôme National d’Arts Plastiques) – ESBA Le Mans.

EXPOSITIONS
2018
La Galerie Particulière, Paris.
2017
“Faux-semblants, Pôle International de Préhistoire”, Les Eyziesde- Tayac-Sireuil.
2016
“L’Image et non le réel”, École d’Arts du Choletais, Cholet.
“Celles qui restent”, La Galerie Particulière, Paris.
2015
Mathieu Dufois, Centre de Création Contemporaine, Tours.
“La Mémoire des images”, Galerie de l’Étrave, Thonon-les-Bains.
Sélectionné pour le Prix Sciences Po pour l’art contemporain.
Solo Exhibition. Griffin Gallery, Londres.
Lauréats Concours “Pasolini Roma”. Cinémathèque française. Paris.
2011
L’image après l’oubli, École supérieure des Beaux Arts du Mans.
Memento Mori. Galerie ALFA. Paris.
CRAC de Sète. Film et série de dessins
2010
Une image n’est jamais seule #6. La Vénerie. Centre culturel de Watermael-Boitsfort.
Bruxelles. Belgique.
GraphitoScope, Musée des Beaux Arts de Mulhouse.

Son univers

Plus d’un an après sa venue, l’artiste est toujours sincèrement ému d’évoquer sa résidence au Pôle International de la Préhistoire.
Mathieu Dufois dessine à la pierre noire, le plus souvent à partir d’images récupérées, d’archives ou de cinéma.
C’est à l’occasion de sa résidence en Périgord, la première de ses dix ans de vie d’artiste, qu’il est enfin sorti de l’atelier avec son matériel pour devenir chef réalisateur, décider de la mise en scène et en espace. Il a abordé les animaux comme il traite des ruines, fasciné par le rapport entre le présent et le passé, pour prolonger le geste de nos ancêtres : les cerfs contemplés dans son dessin sont étroitement liés à la frise de Lascaux. Ce retour à la source ne pouvait avoir lieu qu’ici.
Dans son oeuvre, Mathieu Dufois n’entend surtout pas traiter le passé par nostalgie, il s’attache plutôt à ce que l’on peut y prélever, à la frontière de
la réalité et de la fiction : la persistance des images, les données qu’elles transportent, les indices et les émotions. Il s’attache à traduire le mouvement dans l’image arrêtée, à retrouver une magie identique, quasi chamanique, aux parois de la grotte. La référence à ces peintures et au premier cinéma accompagne l’artiste, et ce passage en Périgord n’est bien sûr pas un hasard. La lumière est à chaque fois primordiale, c’est elle qui sculpte et donne la densité à une forme. Dans ses errances nocturnes aux Eyzies, il brandissait sa lampe torche comme un pinceau lumineux.

« On ne peut pas se couper de notre patrimoine. J’évolue dans mon travail en revenant aux origines. » La deuxième résidence de l’artiste, après le Périgord de la préhistoire, l’a entraîné au désert du Fayoum, en Égypte, où reposaient les antiques portraits funéraires qui vont l’aider à approfondir son passage en Dordogne. Une autre époque, une autre civilisation, une traversée de reliques pour mieux revenir jusqu’à nous.
Ces résidences sont autant d’occasions d’habiter un lieu pour restituer une empreinte, un mode de rencontres qui permet à l’artiste de mieux se comprendre. Le regard de l’autre est essentiel pour celui qui a toujours aimé le dessin. L’année du Bac, la visite de l’école des Beaux-Arts du Mans l’a subjugué. Il y est entré, il a touché à tout et n’a plus cessé de dessiner.

Le premier prix qu’il a reçu en 2008 à la biennale de Mulhouse, où il était présenté par son école des Beaux-Arts, fut un superbe tremplin, lui ouvrant les portes d’une galerie. Puis la crise financière a frappé, avec des difficultés pour exposer. S’il lui a alors été douloureux de ne rien pouvoir montrer, il s’est attaché à poursuivre et à rester dans une dynamique, à se tenir prêt.
Installé à Tours depuis 2012, il fait évoluer son oeuvre vers des maquettes en papier volume, utilisées comme décors dans les films d’animation, pour faire bouger le dessin. Mathieu Dufois, toujours en mouvement, aimerait maintenant travailler avec un chorégraphe pour questionner encore le dessin.

A propos de l’oeuvre

Harem – Dessin à la pierre noire – 31 x 44 cm – 2017 Oeuvre acquise en 2018

Ce dessin a été réalisé en 2017 à l’occasion d’une résidence de trois mois au Pôle International de la Préhistoire des Eyzies, sur le thème “copie et préhistoire”. « Pour un artiste contemporain c’était une expérience magnifique de s’inspirer des richesses de la vallée de la Vézère, d’autant que l’ensemble de mon travail s’intéresse à la mémoire des images. Aller à la source même des premières images de l’humanité m’a beaucoup intéressé. » Cette résidence a permis à l’artiste de faire évoluer sa pratique d’abord ancrée dans le cinéma muet et les débuts de l’image animée.

Intéressé par la notion de ruines, d’empreintes dans des lieux abandonnés, il a finalement observé le rapport aux animaux, un sujet qu’il n’avait jamais abordé, grâce à la rencontre du soigneur du parc du Thot.
L’idée lui est venue de les photographier de jour comme de nuit. La série « La harde » met en scène bouquetins, cervidés, aurochs et bisons. En les photographiant à la lueur de la lampe torche et en pleine nuit, comme depuis une grotte, Mathieu Dufois s’est approché de ce que nos ancêtres ont pu voir. Puis il les a représentés par le dessin. La série « Harem » est la première réalisée, notamment ce dessin représentant le combat de deux cerfs. Comme l’homme préhistorique a réussi un effet dynamique sur la paroi des grottes, l’artiste contemporain s’est attaché à la décomposition du mouvement, fort de son intérêt pour la lumière dans le rapport entre le dessin et la photographie.

Entré dans la collection du FDAC, ce dessin accède à une autre vie et va circuler en Dordogne, dans le prolongement de la résidence qui l’a vu naître.