GLÉMET Philippe – Sans titre

Sa biographie

Né à Libourne (33) le 13 août 1956
Vit et travaille à Périgueux
Arts appliqués à Bordeaux
Maitre Artisan en métier d’Art en restauration de mobilier

EXPOSITIONS
2019
Centre culturel de la Visitation Périgueux (grands formats)
2014 & 2013
Galerie Canaora, Nançay
2007
Galerie Galarthé, Saint-Émilion
2004
Centre culturel de la Visitation, Périgueux
Galerie Prince, rue de la Charité, Lyon
1999
Château des Izards, Coulounieix-Chamiers

Son univers

Maître artisan restaurateur de meubles, Philippe Glémet s’est spécialisé en marqueterie.
Il est devenu expert en cette technique de découpe de feuilles de placages de bois, de différentes essences, qui produit un effet décoratif. En omposant
un motif, à la façon d’un puzzle, des éléments sont laissés de côté. Ces contreparties, dont l’artisan n’a pas l’usage, deviennent un matériau précieux pour l’artiste qu’est devenu Philippe Glémet.
Ainsi a-t-il conservé une trentaine de motifs dessinés par de grands ornemanistes du XVIIe qu’il transforme en tampons pour les utiliser, imbibés de peinture, de façon aléatoire. La magie opère si bien qu’il s’est engagé, depuis 2017, dans une série ininterrompue.

À ses débuts, c’est de la poussière d’atelier qu’il récupérait, une poudre traitée à la façon de Tàpies, des fonds de pot de vernis et morceaux de bois vermoulus agencés sur un support, et sur lesquels il peignait.

Aujourd’hui, ses toiles acryliques de format carré, 120 X 120, sont solidement montées sur des châssis qu’il fabrique lui-même. Il aime réaliser les préparatifs techniques, qui sont déjà comme une “entrée en peinture”. Il évolue dans ses formats avec un diptyque de deux fois 130 X 160 qui pourrait lui ouvrir d’autres possibilités d’expression. « J’ai appris à me servir d’un travail de fond pour des superpositions plutôt qu’à mettre un coup de rouleau. »
Son expérience devrait le conduire vers d’autres déclinaisons des empreintes qu’il transpose d’un univers à l’autre, plutôt dans la mémoire d’une forme, pour aller vers davantage d’abstraction, vers un dépouillement progressif. Pour l’heure, il cherche à se détacher d’un lien trop rassurant en utilisant des motifs de marqueterie moins reconnaissables.

Si l’artisanat a nourri sa pratique artistique, Philippe Glémet n’a jamais mélangé les genres. Un artisan d’art reste ce qu’il est, « et ce n’est pas rien », le restaurateur devant en priorité respecter l’intégrité du meuble, s’inscrire dans une tradition. Et il tient à rendre hommage aux talents manuels qui s’exprimaient dans le mobilier bien avant qu’on ne parle de design. Au contraire, un artiste est un créateur qui se joue des codes classiques, les
détourne, les réinvente.
Celui qui rêvait de devenir antiquaire lorsqu’il est entré dans une école d’arts appliqués, à Bordeaux, a cheminé vers l’art contemporain, porté par un certain manque : il n’y avait pas d’oeuvres sur les murs de son enfance.
Philippe Glémet a préparé en douceur la transition qui le conduit à vivre pleinement sa vie d’artiste tandis qu’il clôt son activité artisanale. Son atelier de peintre a gagné peu à peu sur celui de restaurateur, et le remplace désormais. La vitrine qu’il a voilée laisse entrer une belle lumière et l’espace peut devenir un lieu d’exposition.

Toujours à l’écoute des autres artistes, il aime fréquenter les vernissages, curieux de la démarche de chacun, avide d’échanges fructueux. Plus libre de son temps, il aimerait aller au contact du monde carcéral pour aider des détenus à s’exprimer par la peinture. À s’évader. La transmission est une aventure qu’il souhaite poursuivre, lui qui a accompagné une cinquantaine de jeunes dans leur formation durant sa vie d’artisan.

A propos de l’oeuvre

Sans titre – Huile sur toile – 75 x 120 cm – 2017 Oeuvre acquise en 2018

Pas de titre, jamais de titre : format et matière sont les seuls guides pour aborder l’oeuvre de Philippe Glémet. Ce tableau compte dans une nouvelle série d’une douzaine de pièces, qui se répondent. De format 75 X 120, que l’artiste utilise peu, il sort aussi de sa palette de couleurs habituelle avec des rouges satinés où se superposent des mats, essuyés par endroits. Un travail qui crée de la profondeur, qu’imprime toujours le même motif de Bérain, facétieux décorateur de Louis XIV, dont Boulle a décliné les créations en marqueterie et que Philippe Glémet aborde par la contrepartie.

On se représente bien la scène de cour et ce personnage au cerceau sur lequel a focalisé l’artiste pour composer une création étonnante. Ce tableau s’ajoute à une oeuvre acquise par le FDAC en 2005, qui avait aussi à voir avec son métier puisqu’il avait réutilisé des tissus et ouate servant au vernis au tampon, technique très pointue, collés et répartis sur une toile 120 X 120 et servant de base à sa peinture.
Ces deux oeuvres sont marquées par le réemploi par l’artiste d’éléments nécessaires à sa pratique artisanale.