ROUGHOL Pierre – Sans titre

Sa biographie

Arrivé en Dordogne en 2014. Artiste résident de la galerieatelier L’App’Art, Périgueux.
2001
Formateur à l’école de décoration IFFDEC, Rennes.
1994 – 2004
Animateur d’un atelier d’expression créative pour personnes en difficulté psychologique et sociale.
1968 – 1972
Maquettiste d’architecture, Paris.

EXPOSITIONS
2017
Fondation Bernard Magrez, Bordeaux.
2014 & 2017
Galerie L’Appart, Périgueux.
2009
Exposition privée banque Barclays, Rennes.
2005
Rétrospective, centre culturel Juliette-Drouet, Fougères.

Son univers

Depuis qu’il est enfant, Pierre Roughol s’exprime avec plaisir par le dessin.
Lorsqu’il a fallu choisir un “vrai” métier, il a opté pour le travail du bois, ébénisterie et menuiserie.
À Paris, la restauration de boiseries anciennes le dirige finalement vers la décoration. L’approche un rien répétitive le conduit à une évidence :
« Faire joli, ce n’est pas la finalité de l’art. » L’art permet de multiplier des expériences sans avoir à se justifier. Son passage dans une entreprise de fabrication de vitraux le place au contact des pâtes de verre et lui ouvre les horizons de la couleur. Une passion intime.

Puis, à l’époque où la 3D numérique n’existe pas, il réalise des maquettes pour des cabinets d’architectes. À 40 ans, il se lance dans une activité d’encadreur, à Rennes, ce qui le rapproche de ce qui lui importe vraiment : la toile. Il rencontre Roger Montané, président du Salon d’automne et grand peintre coloriste. Il se lance, dans l’ombre du maître. « Très vite, je me dis que créer ne consiste pas à appliquer fidèlement des recettes ou des savoir-faire. » Il ressent un profond conflit entre l‘intention et le résultat, lequel importe vraiment.

Vient une phase de transmission dans l’atelier qu’il anime pour une vingtaine d’élèves, auxquels il apprend qu’intention, matériaux et outils sont les trois complices de la création. Il adore enseigner ses techniques, l’huile de ses débuts, avec brosse et pinceau ; puis le pastel sec de ses grands formats, si fragiles ; l’acrylique et l’encre de Chine, noirs alliés devenus indispensables pour leurs subtilités légèrement colorées.
1999 marque sa première exposition personnelle. Il se sent assez solide, par delà son envie de plaire, pour résister aux critiques. S’il place Picasso au-dessus de tout, Van Gogh le fascine, plus encore que sa peinture, pour la question qu’il pose de la naissance à soi-même en opposition au diktat familial. S’engage une autoanalyse. Pierre Roughol, peignant à partir de moments de sa vie, réalise qu’il ne reste pas de place pour le regard de l’autre. Il rêve de passer de l’expressionnisme à l’abstraction, y parvient par l’observation d’écorces et fissures de roches. Un jour où ce qu’il peint ne lui plait pas, il mélange sa palette et verse cette sorte de jus sur la toile. Le lendemain, il constate des variations de noirs, mats, brillants, clairs ou sombres. Nous sommes en 2008, c’est le début de la période noire.

Pendant un an, il tente de reproduire ce résultat accidentel. Il repousse toujours plus loin l’horizon du noir ; ni triste ni lugubre, plutôt secret. Son noir reçoit et renvoie la lumière. C’est parce qu’il a emprunté bien des chemins colorés que Pierre Roughol est arrivé à cette monomanie chromatique.
« Lorsqu’on approfondit une démarche dans un sens, on se pose la question du contraire. » S’il a arrêté la psychanalyse menée en parallèle, il poursuit son “oeuvre au noir”, sans chercher de réponse et sans même savoir s’il y a des questions, dans une obsession de sincérité qui grandit face au temps qui passe. L’art reste une aventure qui doit le surprendre lui-même. « Quand je sais ce que je vais faire, je préfère ne pas le faire. »

A propos de l’oeuvre

Sans titre – Encre sur carton marouflé – 120 x 60 cm – 2017 Oeuvre acquise en 2018

Elle est le fruit du hasard et des conseils d’une amie artiste, Catherine Aerts, qui l’a incité à essayer l’encre de Chine. En l’étalant à la spatule sur le carton, il a obtenu des effets et des transparences dans le noir qu’il a voulu explorer. Cette oeuvre fait partie d’une série de huit, baptisée Noir lumière, dans laquelle les pièces n’ont pas de titre et restent anonymes, sans place chronologique. « Je ne les ai pas classées ni répertoriées, je ne sais plus dans quel ordre je les ai peintes. Cela n’a pas d’importance pour moi. » Seul repère, le format : 60 X 120, carton marouflé sur châssis. L’ensemble de cette variation uni chromatique explore la lumière dans le noir, l’histoire du clair obscur, de la transparence.

« Cela me préoccupe depuis dix ans. » C’est la première fois qu’une oeuvre de Pierre Roughol entre dans la collection du FDAC. « C’est gratifiant de voir son travail reconnu par une institution. Par ailleurs, le projet m’a plu : faire voyager cette diversité artistique vers des lieux où on ne l’imagine pas, non conventionnels, ce dialogue avec un public “non formé”, tout cela m’intéresse. C’est un cap important pour moi. Il est difficile d’être créateur à notre époque. Je me demande à quoi ça sert, je me pose des questions. » Et l’artiste tient cette acquisition pour une belle réponse.