BÉCHEAU Vincent • BOURGEOIS Marie-Laure – « Parure de cheminée 2 »

Leurs biographies

Nés tous les deux en 1955, Vincent Bécheau à Périgueux et Marie-Laure Bourgeois à Paris.
Vivent et travaillent à Saint-Géraud-de-Corps (24 Architectes dplg de formation (UP6 Paris 1981)

EXPOSITION
2015/2016
Design etc. Le reste est omis, voici la terre (château de Monbazillac)

ÉDITION
2013
Glossaire du designer, Éd. La Muette/Le Bord de l’eau.
(Enrichissement à venir)

ARCHITECTURE
2017
Stèle républicaine à Saint-Étienne-du-Rouvray.
Mémorial à Saint-Étienne-de-Puycorbier et à Saint-Quay-Portrieux (22)
1% artistique au Campus Santé Innovation du CHU (Saint-Étienne)
2014
Lycée Václav-Havel (Bègles)
2011
« Phonèmes » (Saint-Jean-de-Luz et Passy)
2009-2010
MONC (Bergerac), projet interdisciplinaire sur les relations espace
public/privé.
2009
Œuvre pour le cinquantenaire de l’ENM (Bordeaux)

Acquisitions
Musée des Arts Décoratifs – aris, FNAC, FRAC Aquitaine, VIA –
Paris, Musée de Gent (be), CRAFT – Limoges, Cité internationale de
la Tapisserie – Aubusson.

Leurs univers

Ils sont bien deux, mais en matière de création, ils ne font qu’un. Quittant Paris pour la Dordogne en 1981, ces architectes mènent des recherches sur les matériaux et sont repérés avec leur mobilier en onduline acidulée. Les artistes les perçoivent comme des architectes et inversement : plutôt bon signe du point de vue de la liberté à laquelle ils tiennent tant. La question
de l’espace est primordiale dans leur travail de concepteurs.
L’oeuvre acquise par le FDAC est le témoin d’une préoccupation pour l’environnement en général et pour le design en particulier, resitué dans une dynamique relationnelle entre les sujets, les objets, l’habitat, jusqu’à l’écosphère. Cette question s’est imposée progressivement dans leur travail, avec un élément déclencheur : une entreprise pour laquelle ils ont créé une collection de mobilier urbain leur a demandé, pour la commande suivante, d’intégrer des procédés pour empêcher les SDF de s’allonger sur les bancs et les skaters de les utiliser. Ils ont alors arrêté le design, à l’orée de notre siècle, pour s’orienter vers des projets dans l’espace public et porter un engagement plus fort sur le vivre ensemble.
Avec le monument élevé à Saint-Étienne-du-Rouvray, où le père Hamel a été assassiné en 2016, ils ont réussi à croiser la dimension mémorielle, l’empreinte républicaine, l’appel à la paix et la fraternité : ils ont répondu au concours, sur la base d’un précédent mémorial pour lequel ils avaient manié ces valeurs. Leur réflexion a puisé notamment dans le travail de Kader Attia sur la présence de l’absence. Leur projet a été choisi parmi 49 candidats de toute l’Europe. « Nous avons travaillé sur du creux, du vide, une forme repérable. C’était une réalisation techniquement compliquée mais facile dans le lien noué avec la Commune qui nous accueillait. » Cette stèle républicaine, qui porte les articles de la déclaration des Droits de l’Homme sur lesquels le visiteur se reflète en les regardant, s’élève avant tout dans une volonté de réparation, dans un espace de partage.
Si la mise en forme de leurs créations varie, le propos s’inscrit dans un parti-pris à la fois social et politique. Ils choisissent les appels à projets et abordent les contraintes par le côté positif, dès lors que le lien social existe.
Avec des commandes publiques, ils n’ont plus le poids commercial rencontré dans le privé. Ils se nourrissent de la bibliothèque interne que représentent leur parcours, leurs rencontres et leurs expériences, réinterprètent ce qu’ils ont acquis. Une fois engagés ensemble sur un projet, leur dialogue artistique relève de ce même enrichissement. Un fonctionnement qu’ils adoptent volontiers aussi avec leurs étudiants. S’ils font oeuvre commune, contournant la question de l’ego de l’artiste, ils mènent chacun en solo une activité d’enseignement, lui dix ans aux Beaux-Arts et elle à l’école d’Architecture, à Bordeaux. Ils aiment soutenir de jeunes concepteurs, les accueillent volontiers dans leur espace et apprennent autant d’eux qu’ils leur transmettent.

A propos de l’oeuvre

Parure de cheminée 2 – Collection Saint-Laurent – Impression numérique contrecollée sur Dibond – 130 x 60 cm – 2015 Œuvre acquise en 2018

Ce panneau est un pan d’habillage de cheminée, avec des symétries verticale et horizontale. Sur la photographie choisie, on observe dans la composition, lorsqu’on s’en approche, une benne qui déverse des déchets.
Invités en 2015 par La Nouvelle Galerie, dans le cadre de l’Art est ouvert, au château de Monbazillac, sur le thème “Design et …” ils ont choisi d’ajouter simplement un c et de proposer une oeuvre “Design etc.” avec pour soustitre « Voici la terre, le reste est omis ».
« Le design s’est développé à partir de 1929, à un moment où le monde a produit davantage que ses besoins : il a fallu stimuler les ventes, se démarquer. » Le glossaire du designer qu’ils ont publié par ailleursexplique
que le design est un accélérateur de consommation, un acteur d’obsolescence ancré dans la mode. Lucide sur l’univers créatif dans lequel il intervient, le duo invite à s’interroger sur l’origine du produit, sa durée de vie et sa fin.
B+B se sont amusés à meubler la salle à manger du château en ressortant les créations de leurs débuts, dans une démarche gentiment autocritique, et en faisant dialoguer ces pièces avec des actualités. Autour de l’imposante table, des conteneurs poubelles montraient de la nourriture récupérée dans les grandes surfaces. Un papier peint spécialement édité pour cette exposition, des assiettes et des panneaux photographiques, tout cela était réalisé à partir de clichés pris dans un centre d’enfouissement de déchets, à Saint-Laurent-des-Hommes… D’où le nom de cette collection : Saint-Laurent. De loin, l’effet graphique est attractif. En s’approchant, on reconnaît des bouteilles cassées ou des rouleaux de laine de verre, on se rend compte qu’il s’agit de déchets.
C’est la première fois qu’une de leurs réalisations entre dans la collection du FDAC, ils sont ravis que ce soit celle-ci car elle peut devenir un support de sensibilisation à la question de la surconsommation.


http://www.becheau-bourgeois.eu