Sa biographie
Né en 1941 à Percy (50)
Etudes aux Beaux-Arts de Caen, Rouen, Paris
Vit et travaille à Beauronne (24)
Membre fondateur de la Biennale de l’Estampe, Musée d’ Art Moderne, Paris (75)
Enseignant à l’Ecole d’Architecture et Paysage de Bordeaux (33)
Il a exposé depuis 1968, en France mais aussi à Mannheim, à Tananarive, à Amsterdam, à Saint-Denis-de-la-Réunion, à Washington, à Paris Bastille, à Lausanne, à Berlin, à Pretoria, exposition «Portraits de Famille» au Centre Culturel de Ribérac» et au Château de Pauly (24).
Il a participé à de nombreuses expositions collectives : Réalités Nouvelles, Musée d’Art moderne à Paris : Peintres, Graveurs, Bibliothèque Nationale à Paris ; Biennale de l’estampe à Madrid ; Salon de mai à Paris; FIAC à Paris; Biennale d’Heidelberg; Salon de Montrouge (92)…
Œuvres acquises par : la Bibliothèque Nationale de Paris, la Bibliothèque Nationale de Madrid, le Cabinet des Estampes de Mulhouse (67), le Musée de Bayeux (14), le Ministère des Affaires Culturelles
Son univers
«Marin perdu dans ma forêt de la Double où des bateaux ne subsistent que les mâts et les grandes voiles d’épines, je peins avec de l’eau, en la jetant parfois sur le papier, comme la mer se jette sur un rocher, afin de retrouver le jeu des embruns…
Il m’arrive toutefois de mettre pied à terre, c’est alors que je peins des gens, des usines, des nymphéas». Nul mieux que Claude Groschêne lui-même ne pouvait évoquer dans ces quelques mots l’itinéraire d’un artiste passionné par la nature, le minéral, le végétal, mais surtout par l’eau – élément fondamental de sa peinture – puisque l’aquarelle, ce travail en surface «en jeté», constitue sa technique de prédilection et le demeure, même quand les thèmes se diversifient. Longtemps Claude Groschêne a cherché à dompter l’espace, à capter la lumière, dans les houles déferlantes où l ‘immobilité de constructions humaines, de fleurs aquatiques. Mais depuis trois ans environ, Claude Groschêne a accosté.
Il nous livre ses nus, portraits en pieds, «figures humaines» comme il les nomme, étonnamment présentes, imposantes dans leur simplicité, leur évidence apparentes. Pour ce travail patient qui doit capter le personnage dans son ensemble, intégrer cette lente et constante fabrication de notre propre corps, de notre propre apparence, Claude Groschêne fabrique souvent lui aussi ses propres outils, (papier souvent, aquarelle toujours), le temps de la préparation, la lenteur de la recherche contribuant à donner selon ses propres termes «une existence égale à la peinture et à la personne» en échappant aux pièges de l’anecdote et de la ressemblance. Dans cette nouvelle aventure, dans ce long voyage entamé au delà de l’immobilité apparente, Claude Groschêne emporte avec lui des artistes de prédilection, des courants artistiques qu’il admire, venus de cultures et d’horizons divers : le chorégraphe Decouflé qu’il aime pour son art d’occuper, de faire vivre l’espace, la sculpture égyptienne, l’art japonais, le peintre Sam Francis qu’il décrit comme un «amoureux du geste» et surtout Giacometti. Mais la liste n’est pas exhaustive ; tous les arts intéressent Claude Groschêne dès qu’ils sont porteurs de culture. Il n’est donc pas étonnant que l’artiste ne cherche pas à faire partie d’une école, d’une avant-garde quelconque. Le temps ne l’intéresse pas s’il doit impliquer une chronologie ; le temps est fait de sa propre patience à peindre, à approfondir sa recherche dans un mouvement ondoyant, comme celui des vagues et des reflux d’une grande partie de son œuvre.
A propos de l’oeuvre
Le titre de l’œuvre nous place dans l’univers intime du peintre, puisque cette aquarelle fait partie d’une série de nus représentant sa femme Tavotte. Ici, plus qu’ailleurs sans doute, la connaissance du modèle transparaît dans l’assurance et la vigueur du trait, dans le tracé d’apparence simple et aisé, dans les ombres et les modelés.
Comme dans tous les nus de Claude Groschêne, le sujet est central, à taille réelle, sur un fond volontairement neutre, le regard tourné vers nous. Le corps pose, s’expose et impose sa texture, ses courbes, son histoire, frappe par sa densité et sa présence intérieure, au-delà de la description et de l’anecdotique. Il nous parle dans le silence, nous emporte dans son propre univers et cette plongée dans l’indicible ressemble fort à un voyage en mer, dans les eaux profondes d’un être inconnu et pourtant si proche.