FABRE Régis – « Consumers »

La biographie de l’artiste

Régis FABRE

Né en 1969 à Salles du Gardon (30)
Etudes à la Faculté Arts plastiques de Bordeaux III
Vit et travaille à Périgueux (24)

À partir de son exposition personnelle CARVERT «l’Art en milieu industriel», à Angoulême, en 1992, il présente ses oeuvres dans différents contextes, institutionnels et éducatifs. Il intervient dans des établissements scolaires.

1997 : participe à l’exposition «Identité/Altérité», Angoulême (16)
1999 : exposition «Consumers» à la Chambre du Commerce et de l’Industrie de Périgueux (24), édition d’un livret et présence dans le catalogue de la Ligue Nationale de l’Enseignement sur l’action «J’accuse»
2000 : résidences à Rouillac (16), à Fumel (47) et Angoulême (16)
«Esprit métissé» œuvre acquise par la Ville de Niort (79)
2001 : réalisation «Jeu de l’oie» pour l’ADDC Dordogne
2002 : exposition personnelle au musée de la ville de Niort (79)

Son univers

Citoyen engagé, Régis Fabre est tout le contraire d’un artiste retranché dans sa tour d’ivoire. Son univers est le nôtre : un monde envahi par la surabondances des images, des médias, de l’information, de la publicité, une société de toutes les consommations jusqu’à l’outrance. En tentant de traduire ce qu’il appelle «l’horreur secrète qui se cache dans notre vie quotidienne», Régis Fabre voudrait «dénicher la nature humaine sous les couches de peur et de manque de confiance en soi qui flétrissent notre histoire». Régis Fabre ne se situe pourtant pas dans la révolte ou la contestation. Ce monde, cette histoire, il en fait partie, il en est lui-même le produit, lui qui dit «avoir horreur du vide, du manque» et qui accumule un grand nombre d’images, avec lesquelles il zappe et alimente sa création.

Son propre travail, sa propre réflexion, il les livre au spectateur en puisant son inspiration dans les thèmes d’actualité qui constituent l’incessant et changeant «battage médiatique». Régis Fabre les exploite et les retranscrit tels qu’il les perçoit. Pour cela, il reprend souvent des photos qu’il retraite sur la toile, mais en modifiant à peine l’image de départ et l’image retravaillée. Ce parti pris lui semble fondamental : il veut donner à réfléchir et non à rêver, susciter une réaction, engager le spectateur dans une réflexion, un cheminement intérieur. L’œuvre d’art crée l’infime mais indispensable distance nécessaire pour faire prendre conscience des méfaits de notre société et de ses modes opératoires, soudain figés sur la toile de l’artiste, mais dans un espace volontairement attrayant.

Ses maîtres à penser et à peindre ont beaucoup à voir avec ses questionnements : Marcel Duchamp, un des chefs de file du mouvement dada, inventeur du concept du «ready-made» où des objets manufacturés étaient présentés comme des œuvres d’art ; les écrivains et philosophes Jean Baudrillard, auteur de l’essai «Le système des objets», Guy Debord qui exposa ses idées dans «La Société du spectacle», terme repris par Régis Fabre, ou encore Roland Barthes, qui analysa sans concession le fonctionnement de notre société et de ses mythes, enegisprônant pour vaincre le système la «décomposition» plutôt que la destruction. Un engagement qui est plus que jamais celui de Régis Fabre, qui juge son travail actuel plus linéaire, plus épuré et plus politique encore. Partant de ce qu’il appelle le «syndrome de Warhol», qui disait que chacun d’entre nous peut être célèbre cinq minutes dans sa vie, Régis Fabre prend pour sujet ces anonymes qui défraient la chronique par l’atrocité de leurs actes. En les sortant du contexte médiatique, il s’attache à la représentation qui est faite de ces êtres soudain hors normes et à l’utilisation de leur image, avec la tenace volonté, par le biais de l’œuvre d’art, de réveiller enfin nos consciences.

A propos de l’oeuvre

Consumers – 1999 – Technique mixte sur toile – 116 x 178 cm Oeuvre acquise par le Conseil départemental de la Dordogne en 2002

Cette œuvre de Régis Fabre porte -et c’est la première fois -un titre en Anglais, non sans rapport sans doute avec les symboles retenus pour illustrer son propos. «Ce diptyque sur la dictature du consommateur tout-puissant, explique-t-il, est le constat de notre vie transformée en marchandise, une vie par procuration au travers d’images «idéales» que d’autres fabriquent pour nous». Constat mais aussi appel, l’artiste lui-même interpellant le spectateur et l’incitant, façon BD à «pirater» ce monde où les objets, répétés à outrance, envahissent les consciences. Héritier en cela du «pop’art», Régis Fabre utilise les symboles d’une culture de masse, privilégiant le figuratif dans un environnement linéaire, coloré, vif, celui-là même dans lequel nous évoluons, ajoutant çà et là des touches d’humour qui créent une complicité avec le spectateur et introduisent en même temps la distance nécessaire à l’analyse et à la réflexion. Les «consommateurs» apparaissent sous forme de portraits dont la singularité s’efface au profit de la technique volontairement répétitive qui n’est pas sans rappeler certains tableaux d’Andy Warhol. Ici, comme dans une grande partie de sa production, Régis Fabre dit se référer au groupe des simulationnistes qui, dans les années 80, mirent au jour le simulacre qui se cache au sein d’une société occidentale créant «du désir plus que du plaisir».


FABRE Régis
Sur l’Encloux
16570 Basse
Tél. 06.23.62.46.22
regis.fabre@wanadoo.fr