Sa biographie
Né en 1944 à Allanche (15)
Formation: Institut français de la photographie (Paris)
Vit et travaille au Buisson (24)
Photographe indépendant, illustrateur, Agences Explorer – Andia
Cofondateur, entre 1975 et 1900, des expositions d’Artisans d’Art à Cadouin
Travaux personnels exposés à Périgueux, Bergerac et Bordeaux
1990 : Centre Culturel de Sarlat, « Les Fleuves et les Rivières »
2000 : Invité lors du 1er salon international de la photographie à Bergerac, série « le Sahara des Jardiniers »
2002: Exposition dans le département de la Dordogne de la série « Lisbonne » par la Bibliothèque Départementale de Prêt, exposition de médiation et plein air au Liban « ‘Beyrouch, Vivre le Bois des Pins… » durant le sommet de la Francophonie
2003: Publication sous ce titre du catalogue de l’exposition aux éditions Dar An Nahar à Beyrouth, exposition à la librairie « La Brèche » de « Paysages Instantanés » pour le salon de Bergerac
Bibliographie :
Périgord sur Dordogne, Chêne Hachette, 1981 – France du Terroir, Chêne Hachette, 1903 – Cité d’islam (collectif), Arthaud, 1987 – La Dordogne, Privas, 1995 – Jardins ouvriers, Fiammarion, 1990 – Jardins bios, Fiammarion, 2000 – Eugéne Le Roy, Sud-Ouest, 2000 – Quatre saisons du jardinier, Sud-Ouest, 2001
Univers de l’artiste
Parce qu’il trouve son inspiration dans le rapport qui unit les hommes à leur environnement et qu’il situe son travail dans cette double relation, Plain Bordes est bel et bien un ethnophotographe. Il traque et restitue cette présence humaine qui façonne son milieu, l’organise dans le temps, y laisse des traces, notion fondamentale qu’Alain Bordes décline dans toutes ses acceptions possibles. Ses photos sont à l’image de cette quête, elles esistent rarement sans que l’humain y soit présent et l’absence, si absence il y a, n’est qu’apparente, le sujet étant alors suffisamment fort, la scène suffisamment parlante pour se passer de ce qui ne serait qu’une redondance.
Alain Bordes photographie le monde avec les yeux d’un spectateur de théâtre toujours fasciné, toujours à l’affût. Avec des plans assez larges, dans une mise en scène et des décors naturels, il assiste à la vaste représentation qui se déroule sous ses yeux, observe les acteurs que nous sommes, cherche des signes, des instants qui s’imposeront tout à coup à lui et qu’il lui faudra tenter de capter puis de restituer La photo est réalisée dans ce temps imperceptible, presque inexistant – 1/25Oéme de seconde — sans aucun travail a posterieri, ni retouche, ni cadrage. Sa valeur ne peut être qu’intrinsèque: elle est le résultat d’un regard et ne sera « bonne » que ni elle se rapproche plus ou moins bien de la sensation ressentie au moment où elle est faite. Elle doit rendre compte de cette connivence qui existe tout à coup entre le sujet et le photographe, une connivence qui n’est en rien déclarée, ni même consciente, mais qui crée un lien, une résonance. Ces sensations ni précieuses qu’il faut capter à tout prix tissent un réseau de correspondances entre le photographe et son sujet mais aussi entre des lieux, des pays visités, des auteurs : aprés son voyage au Portugal, Alain Bordes a pu illustrer à rebours les photos qu’il avait prises avec des extraits puisés et relevés plusieurs mois auparavant chez Pessoa et d’autres auteurs ayant écrit sur Lisbonne.
Alain Bordes, qui a réalisé longtemps de la photo d’illustration surtout en couleurs, a décidé pour développer son travail personnel de « minimaliser » le contexte. Le noir et blanc, abandonné pendant vingt ans, s’est alors directement imposé : il correspondait à ce besoin de retourner à une forme de dépouillement, sans tomber pour autant dans le minimalisme. Mais le signe, la trace – objets do la recherche – se traduisent mieux dans la riche gamme de teintes qui se déclinent entre le blanc et le noir. Que ce soit dans la rapidité ou dans le temps de l’attente (il faut savoir quelquefois patienter très longtemps pour capter l’indicible), Alain Bordes conçoit d’abord la photo comme une rencontre, qui lui permet d’aller vers les autres. Même lors d’un reportage, ou d’un travail de commande, il peut avoir et même temps ces deux visions, celle du professionnel et celle qui lui est propre, avec laquelle il capte les signes que lui envoie le monde. Cette conception de la photo explique sans aucun doute son intérêt tout particulier pour l’Agence Magnum, qu’il considère pour sa part comme une véritable école de la photographie, et dont les photographes l’ont « guidé » dans sa propre conception de la photo.
Mais lorsqu’il part en reportage, c’est vers Wilfred Thesiger qu’Alain Bordes se tourne toujours. Passionné comme lui par le monde arabe, ce grand explorateur et ethnologue anglais né au début du XXéme siècles a non seulement écrit des récits de voyage dont Le désert des déserts, mais accompli une oeuvre photographique d’une valeur inestimable où il a su capter et décrypter tout à la fois les paysages et les visages croisés au hasard de leur vie quotidienne. « Si je devais tendre à quelque chose, explique Alain Bordes, ce serait à synthétiser et à transmettre dans une seule image la carte d’identité du pays, du lieu qui m’ont séduit et les raisons de mon attrait. C’est là que se situe le véritable enjeu de mon travail ».
A propos de l’oeuvre
Venise: La photo a été réalisée par un jour gris et froid dans un quartier populaire de Venise. C’est le rapport entre les masses architecturales, presque écrasantes et la présence d’éléments furtifs— un peintre assis par terre qui crayonne peut-être et la silhouette à peine perceptible d’une femme et de ses entants — qui ont intéressé le photographe. Dès lors, en effet, le fortuit fait irruption dans ce décor immuable et omniprésent et le paysage devient une scène de théâtre dont nous pouvons chacun écrire les dialogues et l’histoire.
Amiens: La photo a été prise dans un immense cimetière paysager à la sortie d’Amiens, un lieu très fréquenté pour ses allées larges et son calme. Le photographe a fixé son objectif sur une tombe un peu délaissée, surmontée d’un personnage couché — peut-être un angelot — la tête reposant sur un coussin de pierre. C’est le mystére qui émanait de cette tombe qui a provoqué la photo. Alain Bordes a essayé de capter et de restituer toutes les interrogations, les questions qui ont suscité son imagination dans la contemplation de cette sépulture anonyme. La photo garde le souvenir de le rencontre et cherche à transmettre les sentiments ressentis.
Lisbonne: Cette photo a été prise « au vol » depuis la fenêtre d’un tramway de Lisbonne. La vision furtive de ces deux femmes qui parlent, « dont on ne sait si elles sont entrain de se fondre dans le mur ou d’en sortir », leur rapport « graphique » à l’environnement ont immédiatement séduit le photographe. La légende de cette photo, Alain Bordes l’avait déjà notée, sans le savoir, quelques mois auparavant, en relevant l’extrait d’un texte de Patrick Quillier sur Lisbonne « Dans les recoins, là où la perspective est impossible aux récusés, deux vieilles en noir murmurent. Toute une vie secrète bruit autour de nous, toute une vie simple, pauvre, obstinée, vie de village, vie de temps aboli ».
Murs, façades, pont, tombeau : la pierre, le minéral sont trés présents dans ces trois photos. Pourtant, chacune d’elle s’enrichit d’une présence — réelle, entrevue, suggérée — qui a suscité l’imaginaire du photographe.
Scarpat
24480 Le Buisson de Cadouin
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