COUR Claire – « L’oiseau du grand vent »

La biographie de l’artiste

Claire COUR

Née an 1950 à Neuilly (92)

Études à l‘Ecole Nationale Supérieure des Arts Appliqués et des
Métiers d’Arts, Paris
Vit et travaille à Issigeat (24)

Expositions collectives:
1991 : “Des Souris et des Rats”, Musée de Vernon, avec achat d’un triptyque
2001 : Au Conseil départemental de Charence Maritime
Expositions en couple avec Dominique Cour
1994, 95, 97 : Expositions-installations poétiques au Théâtre Léonard de
Vinci, à Feyzin , à Saint-Valéry-en-Caux, au Dôme Théâtre à Albertville,
au Centre Culturel de Ville d’Avray
1999/2000: Musée des Hospices de la Madeleine à Saint-Emilion
2001 : Musée Dastrac à Aiguillon
2003 : Exposition-installation, caveaux du château d’lssigeac

L’univers de l’artiste

A l’issue de ses études à l’ENSAAMA de Paris, Claire Cour est céramiste. Elle ne le reste pas et revient au papier, au dessin, à l’encre. Sa formation lui ayant permis de découvrir la calligraphie chinoise, elle se passionne pour toutes les formes d’écriture, en cherche les mythes fondateurs et les supports, de l’os au papier en passant par la pierre, la terre, le métal. Dés lors, son travail s’imprègne et s’enrichit d’autres cultures, qui se nourrissent de la matière, ou jouent sur le plein et le vide, comme les cultures orientales. C’est ce “terreau’, cet “humus” qui nourrissent en permanence l’artiste et se création.
Très vite, les oeuvres de Claire Cour vont mettre en présence des matières qui, selon l’expression de l’artiste, « ne sont pas faites pour s’entendre ». Elle confronte le papier et la tôlé, qui l’intéressent par leur matière même, leurs couleurs, leurs vibrations, leur toucher. Claire Cour est entrée dans la monde des correspondances, elle cherche au-delà des apparences, des incompatibilités, elle superpose papiers, métal, enduits, toiles… Ses créations, comme autant de palimpsestes, font affleurer des écritures presque effacées, des calligraphies à la plume ou au pinceau sur des bandes de tissus teintées, où peuvent se superposer des estampages, où se combinent et se répondent les matières au gré des transparences. La surface est encore plane, même si le travail sur les couches, les strates est omniprésent. Les oeuvres ont en général de grands formats et captivent par leur délicatesse pourtant chargée de sens. On devine des univers presque embusqués, qui se répondent et dialoguent entre eux. Peu à peu, la surface plane, la vision unique ne semblent plus suffire à l’artiste ; elle imagina alors des paravents bifaces, des triptyques, des livres-objets, puis des tableaux à ouvertures multiples.

L’oeuvre se démultiplie, joue sur les volumes, les profondeurs; des portes, des fenêtres, des ouvertures apparaissent. Entre temps, Claire Cour et son mari, Dominique, ont rencontré le poète François Dodas, grâce à l’amitié du journaliste et critique d’art André Séverac, qui perçoit aussitôt les correspondances, les résonances qui semblent unir le poète et les deux artistes. De François Dodat né en 1908, Pierre Seghers disait: “il saisit au piège les reflets, capte l’insolite ou le quotidien et s’amuse an sourcier, dirait-on, à faire jaillir de singuliers geysers”. Il excelle dans une poésie libre, proche souvent de l’Aiku japonais.
Claire Cour a trouvé son double littéraire, et Dodat qui lui fait don de ses poèmes le sait bien avant elle. Plusieurs années lui seront nécessaires pour s’emparer de cas poèmes faits de mots tout simples qui renferment tant de mystères, et les associer à la création. François Dodat est un « fouisseur » comme Claire Cour, jouant sur les mots, leurs associations, leur double sens pour donner à voir la monde autrement et le passer au tamis d’une vision poétique, symbolique et souvent drôle des êtres et des choses.

Dés lors, chaque tableau à ouvertures multiples témoigne d’une aventure intérieure qui devient ensuite la notre. Nos sens, notre curiosité sont mis en éveil et l’oeuvre au fur et à mesure qu’elle se révèle, se déploie, fait agir un réseau de correspondances dans l’instant même de notre propre découverte, réactivant toutes les étapes de la création, les rendant compatibles, lisibles.

Claire Cour en jouant avec les contrastes, les oppositions, cherche autant à émouvoir qu’a réactiver notre âme d’enfant, ouvrant les fenêtres sur des univers merveilleux, insoupçonnés, où la poésie de François Dodat libère et exprime toutes ses vertus. Cette osmose, c’est Pierre Seghers qui la confirme lorsqu’il parle du poète en usant d’une métaphore qui s’applique tout autant à la démarche artistique de Claire Cour : “Il ouvre, avec la plus minutieuse approche, les portes d’un autre domaine, le parc des correspondances et des enchantements”.

A propos de l’oeuvre

Ce tableau à ouvertures multiples décline un court poème libre de François Dodat: L’oiseau du grand vent volait de fenêtre en fenêtre, mais s’arrêtait parfois au guichet du bonheur le temps d’y cueillir un copeau de miel ou d’espérance.

Une oeuvre présente au premier abord une surface plane, comme un ciel nuageux où l’écriture n’est pas là pour le sens et intervient de façon indirecte, inversée, reflétée. Le panneau s’ouvre en deux volets sur une fenêtre qui semble balayée par la pluie où s’envolent des oiseaux (gravures au sucre) et où apparaît à nouveau l’écriture du poème. La fenêtre une fois ouverte en deux révèle sur sa partie intérieure le jeu d’écriture qui se poursuit pour donner une impression de dentelle, de rideau, et en partie centrale, le poème apparaît en clair, gravé jusqu’au vide sur une plaque de zinc. Autour de la plaque, l’écriture, illisible, est toujours présente.

Un petit « fenestrou » en tôle ajourée s’ouvre sur ‘le copeau de miel”, ici en laiton, placé au milieu d’un petit carton ondulé et des lambeaux de papier déchiré. Le poème renvoie au thème du voyageur solitaire qui trouve l’hospitalité et peut ainsi repartir vers d’autres destinations, grâce à la générosité de son hôte qui lui offre nourriture et encouragements.