JAFFARD Pierre – « Carré »

Sa biographie

Pierre JAFARD

Né en 1958 à Montauban (82)
Actuellement nomade entre la Bourgogne, la Dordogne et Paris.

De nombreuses expositions à l’université de Tilbug (Hollande), à la
Harvest Art Galerie (Amsterdam), à la Galerie du Grand-Orient (Paris), à
La Galerie AiIIaud-Serre (Montpellier).
Actuellement à la Galerie Lempereur (Vezelay)

 Son univers

A chaque fois qu’il peint Pierre Jaffard aborde son travail comme une expérience unique. Cette donnée explique son parcours et conditionne sa démarche l’artiste s’est arrêté de peindre plusieurs années pour fuir le piège de I’esthétisme et de la répétition, préférant engranger sur des carnets de voyage, symboles, graffitis, croquis, notes, relevés çà et là au fil de ses pérégrinations, comme autant de traces laissées par les hommes dans leur quotidien, leur architecture ou leur environnement Vient ensuite le temps de la méditation, de la maturation, de la “digestion”, données forcément variables puisque l’artiste n’utilisera ces collectes qu’à la faveur d’une émotion, d’un sentiment suffisamment forts pour que ces traces deviennent tout à coup signifiantes et pour que prennent corps la structure et la composition de l’oeuvre. Cette opposition et ce décalage voulus par l’artiste entre ces deux temps — l’engrangement et la réalisation s’expriment dans l’acte même de la création, vécue comme une forme de libération. Lartiste privilégie alors le travail sur la matière, utilise des enduits, des produits chimiques, des techniques de patine de bronze, superposant des couches de peinture qu’il efface souvent, entretenant un rapport physique avec la toile, créant des supports qu’il peut frapper, griffer, égratigner, n’utilisant jamais le pinceau, mais des outils tranchants, des truelles, des matières à gratter, du papier de verre, du vernis, du sable, des tissus collés. Après les croquis en noir et blanc, le rouge — la couleur préférée de l’artiste – entre souvent en scène et le travail manuel” se déroule dans la recherche d’une énergie toujours renouvelée, où la musique a aussi sa place, apportant ses influences propres, qui contribueront à donner à chaque toile sa singularité.
Dans cette phase de création, Pierre Jaffard ne craint pas de dire que la toile vit toute seule. Si les symboles demeurent récurrents et alternent souvent, comme les deux faces d’un miroir tendu à soi-même (la croix) ou aux autres (l’escalier, symbole de l’amitié), ils ne prennent tout leur sens que dans une démarche de déstructuration de l’environnement pictural qui permet à la toile de dégager sa propre énergie, d’être, selon l’expression de l’artiste “une toile ouverte où les gens puissent voyager”. On l’aura compris, Pierre Jaffard aime les oppositions et se nourrit de ces tensions qu’il instaure lui-même entre les techniques, les matières, les surfaces, Les couleurs, le noir et le blanc. Son itinéraire personnel, qui lui fait considérer la création comme un immense champ à défricher, l’a amené à découvrir et à aimer des artistes très divers, dont les techniques et les préoccupations vont autant du côté de la recherche de la couleur, du graphisme, de la spontanéité que du côté de l’épure, de ‘abstraction, de la rigueur C’est finalement Tàpies qui s’est révélé être l’artiste préféré de Pierre Jaffard, pour “sa liberté d’expérience”, son sens moral, son héritage philosophique et plastique. Des écrits de l’artiste, Pierre Jaffard cite volontiers cette phrase, que Tàpies sait si bien mettre en pratique: “Plutôt que de parler d’humilité, je préfère vous montrer un tas de sable”.
Fort de ses expériences professionnelles qui lui ont permis d’aborder de nombreuses techniques, Pierre Jaffard dispose d’une gamme plastique très importante dont il se sert pour tenter de doter chacune de ses toiles d’une matière qui lui soit propre. Depuis quelques mois, l’artiste a engrangé croquis et dessins au fusain dans la perspective d’aborder la sculpture autour du thème de la maternité. S’il dit vouloir revenir à la couleur, c’est pour s’imposer un nouveau défi puisque le rouge qu’h utilisera n’existe pas encore et que cette recherche sera certainement l’objet d’une de ses prochaines créations.

 

A propos de l’oeuvre

Carré – 2003 – Technique mixte
125 X 125 cm

Issue d’un carnet de croquis effectués iiy a 4 à 5 ans lors d’un voyage dans la campagne bourguignonne, cette toile créée en 2003 est la premiére d’une série consacrée au paysage, lieu de méditation par excellence pour l’artiste. Il retrouve ses émotions d’enfant dans ces lieux sauvages qui l’inspirent également par les lignes graphiques qui s’en dégagent et par ce qu’il appelle « la rythmique violente » de la nature, même dans la douceur d’un paysage vallonné. Pour Carré, Pierre Jaffard a retravaillé à partir du croquis d’une vieille porte en bois fermée par deux troncs inégaux, dont le graphisme naturel a retenu immédiatement son attention. Derriére cette structure immobile aux lignes précises, l’agitation des chaumes créait des lignes contrastées émouvantes. L’artiste a voulu retrouver et exprimer cette opposition dans la facture de l’oeuvre où s’oppose la rigueur de la gravure, dans un graphisme très dominé et exécuté dans la précision et donc avec lenteur, et ce que Pierre Jaffard appelle ‘la folie du graphisme’ qui se déploie en haut et à gauche de la toile, où le travail a été exécuté dans la rapidité, avec des coups de cuiter. La ligne verticale à droite a été travaillée pour ressembler à la déchirure d’une feuille de papier, référence voulue au carnet de route de l’artiste, dont les croquis sont ensuite détachés pour alimenter la création.