LAHAUT Pierre – « Nature Morte n°1 »

Sa biographie

Pierre LAHAUT

 

Né en 1931 à Bruxelles
Professeur chargé du cours de dessin et imagination graphique à
l’ENSAV de la Cambre (1969)
Vit et travaille à Issigeac (24)

De nombreuses expositions personnelles:
Galerie les Contemporains (Bruxelles, 1959 et 1960), Galerie Jacques Massol (Paris, 1962), Palais des Beaux-Arts (Bruxelles, 1957), Neuer Berliner Kunstverein (Berlin, 1973), Galerie Lens Fine Art (Anvers, 1981), Centre d’Art Contemporain (Bruxelles, 1996), Orlon Art Gallery (Bruxelles, 1999 et 2001)

Depuis 1958, participe à de très nombreuses expositions collectives en France, Belgique, Allemagne, Portugal, Italie,
Il a collaboré à de nombreux livres, catalogues et revues.
Nommé membre de la Commission Consultative des Arts Plastiques de la Communauté Française en 1993
Oeuvres dans de nombreuses collections publiques et privées en Europe et aux Etats-Unis.

 

Son univers

Quand on l’interroge sur le contenu de sa démarche artistique, Pierre Lahaut, peintre depuis quarante ans, enseignant passionné depuis les années 60, créateur en 1980 d’un atelier de dessin et de stimulation graphique, parle d’apprentissage. Et l’évolution de sa peinture témoigne bel et bien d’un cheminement qui n’a jamais cessé. Dans les techniques d’abord, Pierre Lahaut a toujours voyagé, à commencer bien sûr par la peinture à l’huile, un matériau “traditionnel” utilisé dès la fin du Moyen Âge, dont il apprécie d’autant plus les possibilités grâce à sa parfaite connaissance de l’histoire de l’art. Mais l’artiste a exploré d’autres techniques comme le pastel, le crayon ou l’aquarelle, avant de revenir à l’huile, tout en trouvant une matière qui puisse garder le velouté et la matité du pastel. Un secret jalousement gardé.
Au fil des années, le travail de Pierre Lahaut n’a cessé d’évoluer pour obliquer vers un autre univers qu’il explore maintenant, un univers abstrait mais qui parle en fait de nous, inlassablement. L’oeuvre de Pierre Lahaut sétait tout d’abord attachée à des paysages de pierres, de rochers, où apparaissaient déjà des objets. Peu à peu, pourtant, l’artiste s’est approprié l’espace les natures mortes, encore concrètes fruits, boîtes, bouteilles… — ont laissé place à des formes encore identifiables et pourtant irréelles. Dans un espace désormais totalement libre, ces formes sont devenues « des unités » variablement présentes qui s’articulent, s’enchevêtrent, spatialisant cet espace et abolissant toute réalité de l’objet. Les formes récurrentes — cônes, cubes, cylindres… — sont déclinées, toujours semblables et toujours différentes, de l’opaque à la transparence, grâce au travail sur la lumière. “Cette lumière est à la fois sombre et éclatante et semble sourdre de la matière même des objets tripodes étoilés, polyèdres divers, vases coniques, cubes mystérieusement transparents, de couleurs vertes, jaunes, blanches, bistres, grises, posés en équilibre instable sur des plans de tonalités brun-rouges, ocres, beiges, terre de Sienne ou vert-de-gris, « ensemble se détachant sur un ton monochrome modulant d’une oeuvre à l’autre, diverses variantes de noirs, de têtes de nègre, ou d’anthracites. L’austérité de la couleur, la rigueur de la touche, « épurement formel proche de l’abstraction de ces natures mortes minéralisées, ravivent cette qualité picturale essentielle définie auparavant par Meyer Shapiro : l’intimité microscopique des textures’ (1).
En jouant sur les oppositions entre ombre et lumière, transparence et opacité, entre le stable et l’instable, le mobile et l’immobile, le droit et l’incliné, Pierre Lahaut propose donc une fixité toujours mouvante. “Par delà leur stabilité, ces objets semblent proches de la chute, tels des rochers figés au bord du précipice mais dont l’immobilité ne serait qu’un ralentissement de l’inéluctable (1). Aujourd’hui le travail de l’artiste se situe résolument dans une exploration de l’espace et du temps, au moyen de ces formes géométriques relativement simples qui s’inscrivent à l’intérieur de l’espace pictural. C’est par le travail sur la couleur et la lumière que l’artiste dépasse et annihile cette géométrie des formes en suggérant des espaces de poésie à l’intérieur même de la répétitivité et des lignes fermées.

(1) Michel Baudson, extrait du catalogue de l’exposition Pierre Lahaut, Natures mortes, Centre d’Art Contemporain de Bruxelles, 1996.

 

A propos de l’oeuvre

Nature Morte n°1 – 2001
Huile sur papier
130 X 130 cm

Cette oeuvre est une composition caractéristique du travail actuel de Pierre Lahaut. Des formes géométriques simples, dans des tonalités assez sombres, jouant sur l’opaque et la transparence sont an appui sur un socle qui se détache à peine d’un tond monochrome. Le tableau constitue une des infinies variations de nos espaces de vie qui, tout en prenant appui sur l’univers qui nous entoure, la terre qui nous porte, circulent et se coordonnent. Leur équilibre précaire à l’intérieur d’un cadre limité mais transparent et d’un espace illimité mais muet traduit métaphoriquement notre capacité à créer à l’intérieur même de l’immuable des forces combinatoires, des combinaisons inattendues qui expriment la vie, le mouvement et font émerger d’autres espaces, fragiles, humains, poétiques.