ALBE Maurice – « Nature morte aux raisins »

Sa biographie

Maurice ALBE

15 janvier 1900 – 9 janvier 1995
Professeur de dessin d’art dans plusieurs établissements scolaires de la Dordogne.
Professeur et Directeur de l’École municipale de dessin et arts décoratifs de Périgueux de 1947 à 1990.

Depuis 1926, Maurice Alhe a participé à prés d’une centaine d’expositions et de salons Salon des Indépendants (Paris, 1926, 29, 30, 35), Salon d’Automne (Paris, 1927, 29, 30, 32-35, 39, 40), Salon des
Indépendants Bordelais (Bordeaux, 1929, 30-31), Galerie Barreiro, exposition personnelle « Maurice AIbe, Images du Périgord » (Paris, 1932), Galerie Bretau, Galerie Allard, Galerie Drouant-David (Paris, 1942, 43, 45), 2ème exposition Internationale de la gravure sur bois originale (Institut de propagande de l’Art, Varsovie, 1936), « Mostra Dellîncisione Francese Contemporanea » (Galleria Gian Ferrari, Milan, 1953), « International Print Exhibit » Taïwan, 1963).

Maurice AIbe a exposé tout au long de sa vie nombre de ses oeuvres en
Dordogne, Musée du Périgord, expositions des acquisitions récentes
(Périgueux, 1949), Société des Beaux-Arts, exposition de printemps (Périgueux, 1950 et 51), office du Tourisme de la Dordogne, exposition « Eugène Le Roy et le Périgord” (Périgueux, 1967), « Créateurs et artisans d’art » (Saint-Amand-de-Coly, à partir de 1970), Palais des Fêtes (Périgueux, 1976), XlXème Salon des BeauxArts (Ribérac, 1991), Musée du Tabac (Bergerac, 1996), « Gravures aux Izards » et Rétrospective à la Maladrerie (Coulounieix-Chamiers, 1994)

Maurice AIbe a reçu de très nombreux prix dont le diplôme d’argent de la Société Arts, Sciences, Lettres de Paris en 1972) et distinctions (il est décoré de l’Ordre national du Mérite en 1973)

Son univers

Graveur, peintre, illustrateur, sculpteur, céramiste, Maurice Albe a consacré sa vie et les multiples facettes de son talent à sa terre, le Périgord Noir, dont il a porté haut et loin les couleurs. Ses premiers souvenirs sont liés à cette terre, ses premières émotions à la lecture d’Eugène Le Roy, qu’il aura la chance de rencontrer en 1907, peu avant le décès de l’écrivain. Grâce à son oncle, le chanoine Edmond Albe, Maurice Albe découvre les grottes des Eyzies; le voilà déjà sensible à l’art des premiers hommes. Contraint d’entrer très jeune dans la vie active, Maurice Albe a déjà commencé à crayonner et réalise dès 1917 ses premières toiles. A 22 ans, il est sûr de sa vocation d’artiste. Accepté à l’école ABC de dessin, le voici à Paris, en plein des coeur des années folles. Il côtoie Picasso, Braque, Lurçat, Gris et fréquente l’atelier André Lhote, qui développe dans ses oeuvres sa vision d’un « cubisme sensible » auquel l’oeuvre picturale de Maurice Alhe se réfère, comme il l’expliquera plus tard: « Je ne voyais pas l’illustration comme on la concevait à l’époque. Je n aimais pas trop le réalisme, je traduisais des climats. » Tout en continuant son apprentissage de la peinture et du dessin, Maurice Alhe découvre alors la gravure, qu’il pratiquera toute sa vie.

Très vite, Maurice Alhe se fait connaître par ses dessins qui paraissent dans plusieurs revues, puis par ses tableaux. Ses oeuvres sont autant d’hommages à sa terre natale dont il donne à voir paysages, architectures et scènes de la vie quotidienne. De retour à Sarlat en 1927, il devient, avec la publication de ses trois premiers bois gravés, l’imagier numéro un du Périgord; en mème temps qu’une des grandes figures du milieu artistique et littéraire régional. A une époque où la gravure est on vogue et est considérée comme le support idéal des scènes et des sujets de « terroir », Maurice Albe en devient bientôt l’un des maîtres incontestés, illustrant pour la première fois une oeuvre d’Eugène Le Roy, l’année rustique en Périgord. L’osmose est si grande entre l’écrivain et l’artiste qu’elle lui apporte la consécration.
Dés lors, la gravure est et demeurera au centre de toute son oeuvre. Les critiques saluent « l’énergie du trait fortement marqué », le contraste des blancs et des noirs, la précision des lignes, tantôt souples, tantôt raides, qui soulignent et traduisent si bien « l’ossature des paysages » du Pèrigord. Mais l’artiste croque aussi au fil de ses promenades personnages, scènes, silhouettes. Exposant avec succès à Périgueux, Bordeaux, Paris, Maurice Albe, tout en continuant sa carrière d’illustrateur, aborde la sculpture et travaille dans la décoration. En 1930, il publie une des ses oeuvres maîtresses, Images du Périgord Noir, qui réunit dix-huit bois gravés, dédiés à la mémoire d’Eugène Le Roy. Au cours de son nouveau séjour à Paris de 1931 à 1939, il organise sa première exposition personnelle en 1932, sous le titre « Images du Périgord », où il présente peintures, dessins, croquis et xylographies. Viennent ensuite d’autres rencontres marquantes avec Georges Rocal qui lui réclame une série de bois gravés pour Les Croquants du Périgord, puis, après son retour définitif en Périgord en 1945, avec le conteur Jean-Louis Galet et l’imprimeur-éditeur Pierre Fanlac qui lui confie, entre autres, l’illustration de la trilogie des oeuvres maîtresses d’Eugène Le Roy. Participant à de nombreuses manifestations artistiques, très engagé dans la vie associative, Maurice Albe ne cessera jamais d’élargir l’éventail de ses techniques, s’intéressant également à la terre cuite et à la céramique. Mais il n’aura de cesse de transmettre son art, en enseignant dans plusieurs établissements scolaires de la Dordogne, et marquera pour longtemps l’histoire de l’Ecole Municipale de Dessin et des Arts Décoratifs de Périgueux qu’il dirigera pendant plus de quarante ans. La grande rétrospective qui lui a été consacrée en 1996 à Périgueux, à travers quatre expositions, donne toute la mesure d’une oeuvre ancrée dans la terre du Périgord Noir et devenue maintenant intemporelle par le talent de celui qui a su si bien l’exalter.

A propos de l’oeuvre

Nature morte aux raisins

Nature morte aux raisins
1961 – Huile sur toile
73 X 50 cm

« Les natures mortes peintes du Maurice Albe, qu’elles soient de 1914, 1965 ou 1976, qu’il vive à Paris ou en Périgord, qu’elles se nomment: Nature Morte à la chaise, aux raisins, aux tomates, au paquet de Gauloises, contiennent une trés grande variété d’éléments; chacun de ces éléments s’individualise, trés fortement s’accorde et diffuse sa propre lumière. Son intimité avec le sujet lui permet de traduire avec subtilité les rapports que les objets entretiennent entre eux, à travers les couleurs, les formes, les espaces, les lignes. Composition et exécution du tableau sont trés abouties. Son pinceau dessine et peint à la fois: la pelure jaune et ocre d’un oignon, les damiers bleux et noirs d’une nappe. Ses natures mortes ne sont pas des instants de vie inachevée. Elles nous transportent, chaque fois, dans la nostalgie d’une intemporalité éphémère. (…) Dans chacune de ses compositions nous apparaît sa grande sensibilité, celle qui s’exalte, au moment où il organise, en ne laissant rien au hasard, où il compose soigneusement. Enfin, il contemple, avant de s’asseoir devant son chevalet; ce que les Anglais ont appelé Still life. Maurice Albe va peindre des objets qu’il rendra vivants, rayonnants intérieurement et d’une grande harmonie »

(Anne Picaud-Voltzenlogel, in MAURICE ALBE un artiste et son pays, par François Bordes, Edition Fanlac / Conseil départemental de la Dordogne, page 58)