PAGNOUX Michel – « Verre d’eau »

Sa biographie

Michel PAGNOUX

Né en 1946 à Brest (29)
Agrégation d’Arts Plastiques à Paris en 1978
Professeur de peinture de l’École Nationale d’Art Limoges-Aubusson depuis 1992
Directeur de l’École de Beaux-Arts de Quimper (1982-1992)
Vit et travaille à Borrèze (24)

Depuis 1967, de nombreuses expositions personnelles dont Galerie Qoiris
(Rennes, 1987, 89, 92, 93, 96 et 2003), Galerie La Forêt Galerie J. Bertin
IParis, 1992 et 1995), FIAC 96, Hôtel Scribe (Paris 1996), Galerie Catherine Niederbauser (Lausanne), 19931, Galerie A Contrarlo (Limoges, 2000)

 

Principales expositions collectives:

FIAC 1998, 1999, 2000; avec le Groupe Finistère au Musée de Morlaix, au Salon de Toulon, au MIGAME de Paris (1978 à 1981)

 

Acquisition d’oeuvres :

Musée de Morlaix, Musée de Brest FRAC Bretagne
Initiateur et créateur du Centre d’Art Contemporain de Quimper Le Quartier (1984-1990)
Commissaire de nombreuses expositions au Centre d’Art Contemporain et à la Chapelle de la Tour d’Auvergne de Quimper
Auteur de préfaces et publications et créateur de décors pour le théâtre

 

Son univers

« Je suis peintre, je peins, je fais de la peinture, je peins des tableaux . » Avec ces quelques phrases, Michel Pagnoux n’est pas seulement dans le constat. Il s’agit là d’une affirmation au sens fort du terme, d’une prise de position, d’une posture, pourrait-on dire, née d’une réflexion qui accompagne et structure sa pratique de la peinture, mais qu’il sait taire partager l’argumentation permet non seulement au peintre de définir et de revendiquer son art mais éclaire son oeuvre pour le spectateur que nous sommes, tout an la menant en perspective par ses liens avec d’autres courants et d’autres artistes.
Rien d’élémentaire, donc, dans cette affirmation d’être un peintre. « Dans la grande diversification des pratiques artistiques au cours de la dernière décennie, explique Michel Pagnoux, la peinture a pu être considérée comme une pratique qui touchait à sa fin, obsolète, voire inutile dans une société basée sur des phénomènes de communication plus immédiats. J’affirme donc que je peins. Il va de soi que les questions que je me pose sont propres à la peinture problème d’espace pictural, de lumière, situation de la représentation s’il y en a une, mise en oeuvre de toutes les phases techniques et plus conceptuelles du tableau. Quel sujet? De qui va-t-il s’agir? Que va-t-il se passer ? Pour mon compte, j’ai fait le choix, après un circuit de peinture compliqué, de m’en tenir à la représentation de ce que j’appelle un verre d’eau, résumé à une torme très élémentaire, un petit tronc de cône que je cherche à mettre en situation dans l’espace du tableau. Dans le registre pictural, la base de tout cela, c’est bien sûr l’idée de la nature morte qui pose des objets et les donne à voir, à réfléchir dans un espace pictural. Progressivement le travail s’est beaucoup décanté j’ai cherché à éliminer tous les éléments un peu secondaires qui pouvaient perturber la représentation ou la compliquer à l’excès. Mes mots d’ordre, dans l’atelier, sont « décantacion », « simplification ». Cette multiplication à l’identique du même objet (le verre d’eau) pourrait paraître très convenue ou relever d’un esprit trop sériel; au contraire. Il est très difficile de situer un simple objet dans l’espace du tableau, les questions sont multiples: où ? comment? à quelle échelle ? Quels vont être son “mode d’apparaître” et sa relation à l’espace qui l’environne ? Il aura fallu beaucoup de tableaux, de temps et d’expérience pour parvenir au travail actuel. D’un tableau à l’autre, les questions restent éminemment picturales. » Pouvoir situer son travail dans l’histoire de l’art, donc dans le temps, est aussi fondamental pour Michel Pagnoux l’artiste ne regarde pas seulement du côté de la nature morte, de Chardin, de Morandi ou de Bonnard. Il s’intéresse aussi aux artistes des champs colorés, comme Ad Reinhardt, « peintre de la peinture ultime, au bord du monochrome », dont la réflexion n’est pas non plus étrangère à celle qu’il développe aujourd’hui lorsqu’il dit rechercher “l’émanation de la lumière par les procédés mêmes de la peinture”. Cette mise en relation possible de peintres éloignés dans le temps les uns des autres par delà les ruptures, fait donc émerger des traits communs. C’est dans cette lignée, dont la peinture est porteuse, que Michel Pagnoux souhaite rester, avec son propre questionnement de peintre et en y apportant des réponses qui soient contemporaines. Dés lors, cette mise en perspective historique et esthétique de la recherche pose autant de jalons qui éclairent à la fois l’oeuvre et le spectateur qui la regarde pour créer l’évidence recherchée.

 

A propos de l’oeuvre

Verre d’eau – 2001
Huile sur toile
46 X 55 cm

Ce tableau fait partie d’une série de trois, mais la question de la représentation de l’objet et le travail du peintre sur le théme du verre constituent sa principale préoccupation depuis une dizaine d’années. Ce petit verre d’eau, qui semble circuler librement dans l’espace, est bel et bien « un être de tableau”, une présence élémentaire qui ne veut pas en dire trop long et nous renvoie à nous-même. L’objet est en appui sur le seul fond du tableau, qui est devenu une surface apparemment monochrome c’est en fait un espace pictural très modulé, composé de couches superposées très fines, très aventureuses. L’artiste délaisse à dessein les procédures qui réussissent “à coup sûr” la surface finale, assez vernissée, translucide, pourrait être obtenu avec un pistolet à peindre, rendant impossible toute variation. Or, c’est dans la diversité, l’écueil et la difficulté à poser les couleurs que l’artiste travaille et s’interroge sur les modalités de la transparence. C’est aussi couleur qui permet de dégager des modes de perspective visuelle. Ici, le verre qui paraît gris bleuté est mis relation avec un fond d’un vert un peu cru, un peu acide. Mais cette acidité est “contrôlée” pour éviter stridence et le verre, dès qu’on l’observe abstraction faite du fond, apparaît d’une couleur autre et sème le trouble. Ce “petit objet de déstabilisation”, comme le nomme le peintre, fait naître un questionnement, ébranle nos certitudes quant à nos perceptions et nos propres modes de représentation.