THOMASSEAU Fabrice – « Traces »

Sa biographie

Fabrice THOMASSEAU

Né en 1968 à Genêve (Suisse)
Elève en Arts Plastiques aux Beaux-Arts de Bordeaux (33)
Agrégation d’arts plastiques en 1996
Vit et travaille à Sarlat (24)

Depuis 1993, nombreuses expositions personnelles et collectives
1993: Salon International « Jeune Peinture », Grand Palais, Paris
1995: Salon International d’Art Contemporain, Strasbourg
1997: ST’ART (Salon International d’Art Contemporain), Strasbourg
1999: KALEIDOSCOPE, Espace d’art contemporain, La Rochelle
2003: Galerie d’Art Contemporain de Mourenx (DRAC)
2003: Galerie Nicole Buck, Strasbourg

 

Son univers

Avec l’exposition « Image du corps / Corps de l’image », Fabrice Thomasseau clôt en 2003 un cycle de quatre années, étape importante de son oeuvre picturale, consacré à une réflexion approfondie sur I’articulation des deux notions de l’image et du corps dans notre société. Par ce questionnement, Fabrice Thomasseau s’interroge tout à la fois sur la démarche artistique et sur a complexité du réel, sur le public et l’intime, en confrontant la surabondance des images véhiculées par les media et ce qui appartient au subjectif. Le corps, lieu et enieu de tous les possibles, est pris comme sujet et objet de cette recherche, en ce qu’il représente, selon l’expression de l’artiste, « un médium d’expression et d’idées », qu’il subit au sens large du terme agressions et violence et qu’il pose la question de notre devenir et de notre identité.
Les oeuvres de Fabrice Thomasseau tentent « d’appréhender ce qui nous échappe en permanence. Imprégné du flux d’images toujours plus envahissant, comment échapper à ces représentations du corps sinon en déjouant les codes de fabrication de celles-ci ? » Le travail et les choix de l’artiste apparaissent donc comme un moyen de nous interpeller et de nous alerter. Pour ce faire, il n’hésite pas à opérer “une mise en pièces’ des codes de représentation et du corps lui-même, il confronte fragments, objets, anatomies désarticulées, abordant par exemple le corps comme une géographie, constitué de différents territoires marqués et répertoriés. Il peut focaliser son travail sur un torse et y pratiquer une sorte d’anatomie artistique. Dans une oeuvre comme « Le Horla », la représentation d’un corps mi-homme, mi-animal renvoie “à la limite de notre condition humaine’ que symbolise le double hideux. D’autres oeuvres s’intéressent au corps mutilé ou au corps mutant, au corps-machine (“Maria. J) d’autres encore comme « Le Pantin » renvoient au corps statique, en quête et en attente de sa propre identité.
L’oeuvre de Fabrice Thomasseau paraît donc doublement engagée puisqu’elle s’interroge sur les modes de représentation, y compris sur ceux-là mêmes qu’elle utilise pour questionner le monde, en confrontant parfois les techniques, les approches picturales sur un seul et même tableau. Dans cette conception de l’art, qui permet d’exprimer une conscience souvent révoltée face aux dysfonctionnements de notre société, Fabrice Thomasseau est proche en cela des expressionnistes allemands. Loin de nier cette filiation, il la revendique comme un héritage bien réel mais qu’il faut assimiler et s’approprier dans une démarche personnelle et pertinente. Distance obligée qui n’empêche pas l’artiste de citer George BaseLitz ou encore Anselm Kiefer: une peinture volontairement véhémente par la technique et les couleurs, volontiers figurative, où les visages, les personnages occupent souvent le premier plan de l’oeuvre et représentent une réalité pathétique, un miroir tendu à l’Histoire; l’ancrage dans une réalité contemporaine y renvoie souvent au social et au politique.
En jouant souvent sur les glissements, les associations, Fabrice Thomasseau interroge le monde et le spectateur de son oeuvre. Un spectateur qu’il préfère appeler « regardeur », selon l’expression de Duchamp, interprétant selon sa propre sensibilité et sa propre histoire les signes, indices, clés, semés par l’artiste, s’emparant de l’oeuvre et continuant ainsi à la constituer et à l’enrichir.

 

A propos de l’oeuvre

Traces – 2001
Photo, acrylique, encre, crayon
62,5 x 75,5 cm

Le sujet du tableau renvoie directement à l’Afrique d’aujourd’hui le peintre a voulu évoquer le destin et le quotidien laborieux des femmes, qui tiennent un rôle primordial dans les sociétés africaines. Le choix de la posture — un corps penché — place le tableau dans un instantané qui déjoue les codes de la narration, évite l’anecdote, en laissant ouvert le champ des possibles quant à la situation réelle du personnage, pris dans un mouvement arrêté à mi-course. Au lointain, le décor reste volontairement neutre dans le choix des couleurs, avec quelques empâtements et quelques petits espaces délimités en haut du tableau où affleure la couleur verte. Des teintes plus terreuses et plus chaudes délimitent un faisceau qui semble englober le tracé du corps, délimité par des traits noirs, et focalise le regard sur la silhouette, émergeant avec force d’un univers muet. L’artiste attire l’oeil vers le bas du tableau par la présence de la brindille et des pieds nus, qui renvoient à la terre et par là même à une des composantes essentielles de la culture africaine terre synonyme de vie, de fécondité, mais aussi terre des ancêtres et de la mémoire. La présence des coulées de peinture sont à mettre en relation avec la technique du peintre qui a adopté la même posture que son personnage penché au dessus de la toile, il a travaillé à même le sol où « des jus colorés » se sont étirés à l’horizontale. Les taches rouges, assez diluées, dont l’une recouvre partiellement une partie du corps, évoquent sans l’imposer de possibles blessures, qui peuvent bien sûr renvoyer aux massacres ethniques, mais qui peuvent aussi évoquer la fertilité, l’espoir de vie et de maternité future.