Sa biographie
Né en 1966 à Lormont (33)
Diplômé de l’École des Beaux-Arts de Bordeaux (DNSEP)
Lauréat du Forum de la Photographie du Conseil départemental de la Gironde
Vit et travaille à Carbon-Blanc (33)
Principales expositions personnelles : à Bordeaux, Galerie des Voûtes Poyennes, Galerie Porte 2a, Galerie du Médoc, Atelier Thierry Michelet, Espace des Chartrons. Rencontres photographiques Image/Imatge, Orthez. »Octobre de la photographie », Centre culturel, Agen.
Principales expositions collectives : FRAC Aquitaine, Château Génicart, Lormont. Galerie Bruno Delarue, Paris. Galerie Art 9, Paris.
Festival Novart, Bordeaux.
Ouvrages monographiques : Apparences Immigrées, Éditions Le Festin, 1998, Bordeaux. Les filles du masque, Éditions Alternatives, 2000. Tombés des mains du soleil, Éditions L’Harmattan, 2002, Paris. Lieux d’ailleurs,
Éditions Le Bord de l’Eau, 2004, Bordeaux.
Son univers
C’est durant ses études aux Beaux-Arts à Bordeaux que Bernard Brisé a su qu’il serait pour toujours photographe ; à ce détail près que l’acte qui consiste à capter une image n’est ici que le point de départ de son travail. Partant du constat qu’il n’existe pas d’objectivité photographique, Bernard Brisé fait de cette relation ambiguë avec la réalité l’objet de sa recherche. Les procédés techniques qui, chez d’autres photographes, ne visent qu’à mieux se dissimuler pour entretenir le doute, s’affichent au contraire et nous invitent à réfléchir visuellement sur la représentation du réel et de l’imaginaire. « Je n’ambitionne pas, précise l’artiste, de tromper le spectateur par de judicieux effets d’optique ou de savantes arabesques, au contraire, le procédé du simulacre demeure suffisamment visible pour bien révéler l’hybridation ». C’est là que débute l’autre travail de Bernard Brisé, c’est là que s’assouvit son désir d’intervenir de façon directe, tactile sur la matière, à la manière d’un peintre, d’un dessinateur ou d’un graveur, ce qu’il devient tout à la fois, sur le support minuscule et mystérieux qu’est le négatif. Sur ce carré de 6×6 posé sur la table lumineuse, Bernard Brisé entreprend, tel un habile chirurgien, une véritable intervention graphique. « Gratteur », selon sa propre expression, il incise, taille, utilise des pointes sèches, de l’encre ou de la gouache inactinique qui laisse passer plus ou moins la lumière suivant le degré de transparence ou d’opacité avec lequel il l’applique, créant ainsi des stries noires, des traces blanches dont l’effet final ne se révèlera qu’au tirage. Mais si Bernard Brisé s’est alors approprié l’image, elle n’a en rien disparu. Ce qui s’est passé devant l’objectif demeure, et la photo reste identifiable. Le jeu subtil auquel se livre l’artiste n’est pas égoïste, il nous en livre les clés et les règles, il s’amuse avec ces notions qui lui tiennent à cœur et qui résonnent en nous : l’importance de la trace, de l’empreinte laissée, ce désir de l’indélébile, de l’irrévocable au-delà du temps. Dans la série intitulée Lieux d’ailleurs, Bernard Brisé reprend ce thème en nous donnant à voir des lieux laissés à l’abandon, hangars désaffectés, friches industrielles, ayant gardé les stigmates d’une présence humaine. Là encore, par d’habiles interventions sur le négatif, il confronte et associe ces étendues désertées à des paysages venus d’ailleurs. En jouant avec la notion d’espace et de temps, il crée alors une autre photo qui raconte sa propre histoire, une photo qui n’a pas existé mais qui a pris corps dans et par son imaginaire. Le médium le plus fidèle à la réalité qu’est la photographie se libère ainsi de son apparente objectivité et s’affiche en tant que simulacre à part entière. De ces rapports complexes que la photographie entretient avec l’identité, le réel et l’esthétique, Bernard Brisé a imaginé la série Les filles du masque, où le thème de la scarification se nourrit à la fois de sa propre technique et alimente sa réflexion sur l’ambiguïté inhérente à sa conception de son art de prédilection.
A propos de l’oeuvre
« Passionné par les cultures africaines, je suis parti dans ce travail du « prétexte » de la scarification tribale et de son rapport aux notions d’identité, de lien social et d’esthétique pour gratter, déchirer, brûler et rehausser à la gouache inactinique des négatifs de portraits réalisés en studio. J’ai utilisé le « sacré » négatif comme un support à part entière, une matière première et brute, me permettant par incisions, détériorations multiples et interventions graphiques, de prendre de la distance avec le modèle photographié et m’offrant ainsi une plus grande capacité d’appropriation de l’image. La matière quasi organique du négatif argentique, par les effets de transparence et d’opacité qu’elle offre, s’avère dans ce travail plus riche et plus adaptée que l’imagerie numérique. L’intérêt n’était pas pour moi de photographier des personnes déjà scarifiées mais bien de créer mes propres signes, mes propres marques, mes propres histoires en utilisant le négatif comme un épiderme photosensible représentation d’une certaine réalité, réalité toute relative puisque photographique ».