Sa biographie
Né en 1940 à Libourne (33)
Vit et travaille en vallée de la Vézère à Campagne (24)
Principales expositions personnelles : Galerie du Fleuve, Bordeaux, 1975 et 1979. Galerie Zographia, Bordeaux, 1986 et 1990. Installation in situ : Pastel, lumières et transparences, Archives départementales de la Dordogne, Périgueux, 1990.
Huiles sur toile et pastels, Musée du Périgord, Périgueux, 1995.
Galerie L’App’Art, Périgueux, 2004.
Principales expositions collectives : Mostra del Larzac, 1977 à 1991. Espace Cardin, Paris, 1984. Lauréat du 2e symposium d’Art Plastique, « Reflets » in situ, Périgueux, 1990. Art et Nature à Soudat (24) : « Land art », 1996.
Geumgang Nature Art Biennale, Corée, sélection, 2002 et participation, 2004.
Depuis 1991, de nombreuses réalisations, panneaux peints, grillages, installations land art dans des lieux publics ou privés, en France et à l’étranger.
Son univers
Le parcours artistique de Franck Desdemaines est l’histoire d’un cheminement, d’une quête dont l’exigence interdit toute concession. Sa peinture, dont il s’amuse lui-même à dire qu’elle est « inclassable », est l’aboutissement de longues années d’études et de pérégrinations à travers le monde qui lui ont permis d’acquérir une sérénité qu’il souhaite faire partager.
Ces œuvres, dans leur dépouillement et leur épure, proposent un espace de repos, de contemplation, loin de la frénésie des temps, à l’opposé d’une époque qui fonctionne par catégories, fait croire à une liberté illusoire, intime l’ordre d’avoir toujours des réponses, de devoir comprendre pour aimer. L’œuvre de Franck Desdemaines se veut au contraire une œuvre libre qui permette de s’affranchir de toute entrave pour retrouver une spontanéité émotionnelle et une véritable indépendance d’esprit.
L’artiste a suivi cette voie, a procédé par éliminations successives, en renonçant à ce qui pourtant aurait pu lui assurer un certain « confort » artistique, grâce à sa maîtrise des techniques acquises aux Beaux-Arts et aux Arts Décoratifs. Huit années qui constituent un « bagage » de taille mais qui l’encombre.
Pour être soi-même, il faut y renoncer. Son arrivée en Dordogne, dans les années 70, lui permet de se débarrasser de toutes les influences, de toutes les facilités. Lentement, toute représentation figurative disparaît de la toile, non pour parvenir simplement à une non-figuration mais à l’abstraction totale, avec pour seuls maître-mots la rigueur et l’intégrité. La musique, déjà très présente dans la vie de l’artiste, prend alors une importance nouvelle : les rythmes répétitifs de la musique contemporaine, comme celle de Philip Glass, lui ont, selon ses propres termes, « tenu le pinceau », car ils correspondent à sa propre touche.
Chaque création engendre un rituel, où tous les sens de l’artiste sont sollicités : pouvoir olfactif et onctuosité de la peinture à huile, sensualité de la toile de lin dont il prend possession en effectuant un mélange de gris qu’il applique touche par touche à l’aide d’un petit pinceau pour investir la toile et s’approprier l’espace.
C’est ensuite que les couleurs apparaissent, parfois suscitées consciemment, parfois comme des envies soudaines auxquelles il s’abandonne. Les couleurs se fondent grâce à des milliers de coups de pinceaux, les nuances apparaissent, piègent le regard mais sans troubler l’œil, sans aucune aspérité, avant que le pinceau n’accroche, que le travail ne devienne « labeur ». L’artiste témoigne là encore de la même exigence en refusant de jouer sur les matières, en nous interdisant toute échappatoire.
Rien ne semble en effet s’imposer à l’œil, et la démarche ne peut alors qu’être instinctive et non plus intellectuelle.
Ce vide apparent provoque le spectateur au sens où il l’oblige à réagir différemment, à puiser ailleurs, loin de ses références et de ses réactions habituelles.
Bien qu’engagé inéluctablement dans cette recherche picturale, Franck Desdemaines n’en reste pas moins ouvert à d’autres envies de création qu’il nomme ses « chemins de traverse », comme ces petits formats où il expérimente les ressources cachées et inattendues de matériaux tels que des toiles émeri ou de simples grillages. Une autre façon de surprendre le spectateur, en bouleversant une nouvelle fois ce qu’il croyait acquis.
A propos de l’oeuvre
Cette toile fait partie des oeuvres par lesquelles l’artiste s’échappe de temps à autre, comme il le dit lui-même, pour libérer son énergie et s’aventurer vers d’autres directions. La technique demeure identique, et l’huile est étalée avec des brosses sans rien pour accrocher le regard et créer de faux-fuyants.
L’artiste propose une oeuvre volontairement visiblement optimiste, où les couleurs sont présentes, même si elles sont fondues. Il s’agit d’offrir au spectateur un espace de réflexion, de détente, un havre où s’évader, un instant de pure sérénité, dans un monde qui n’invite en rien à cela.
Ces temps sont pourtant indispensables aux yeux de l’artiste, mais n’en sont pas moins difficiles à créer plastiquement. L’apparente simplicité de la toile, fruit d’un long travail qui se doit de rester invisible, relève toulours de la même exigence celle d’offrir au spectateur la possibilité de voir et de ressentir l’oeuvre en totale liberté.