COUR Claire – « IBIS »

La biographie de l’artiste

Claire COUR

Née en 1950 à Neuilly (92)
Ecole Nationale Supérieure des Arts Appliqués et des Métiers d’Art à Paris.
Vit et travaille à Issigeac (24)

Principales expositions et réalisations  avec Dominique Cour :
Théâtre Léonard de Vinci, Feyzin, Centre Culturel, Saint-Valéry-en-Caux, Dôme Théâtre, Albertville, Centre Culturel, Ville d’Avray, 1994, 1995 et 1997. Musée des Hospices de la Madeleine, Saint-Emilion, 1999, 2000 et 2004. Musée Dastrac, Aiguillon, 2001. « Printemps des poètes », Caveau du Château, Issigeac, 2003. « Discours de la souris », 2005. « Souvenance », 2006. « L’Esprit est matière », 2007.

L’univers de l’artiste

A l’origine des œuvres de Claire Cour, il y a toujours une histoire. Une histoire faite de mots, de poésie (en particulier celle de François Dodat), de musique, d’instants vécus que l’artiste retranscrit dans toute leur multiplicité, procédant souvent par recouvrements successifs, créant des œuvres palimpsestes où se superposent les émotions, les écritures, toujours très présentes, même si elles peuvent se faire discrètes ou mystérieuses.

Claire Cour travaille plutôt sur des surfaces planes, utilisant une simple toile tendue ou des bandes de tissus qu’elle assemble et superpose. Elle peut créer alors directement au pinceau ou par frottis selon la technique chinoise de relevés d’empreintes, à partir de gravures sur terre, jouant avec des symboles, des pictogrammes, des caractères archaïques chinois, des dessins, qui deviennent traces et écritures et représentent le substrat de son travail. C’est sans doute pour cette raison que Claire Cour ne peut se définir en tant que peintre. La couleur est certes présente, mais l’artiste reste le plus souvent dans le monochrome ; c’est l’aspect graphique plus que la couleur qui lui correspond. Souvent, sauf dans la série qu’elle a entreprise depuis quelque temps, les fonds constitués de pièces de tissus ne sont pas utilisés bruts, mais teints pour obtenir une surface sombre.

C’est justement cette base de départ qui permet de donner une « profondeur » au blanc. Dans cette recherche, qui trouve beaucoup de ses sources d’inspiration dans la richesse graphique des écritures, il n’est pas étonnant que Claire Cour joue avec les papiers. Après avoir privilégié les papiers orientaux, elle utilise maintenant toutes sortes de papiers, en particulier des papiers de soie qui offrent aussi nombre de variantes : semi-opaques ou presque transparents, ils laissent alors deviner le fond du tableau, cachant et révélant du même coup la trame première, l’origine de l’œuvre, de l’impression initiale elle-même recouverte d’autres impressions, mot qu’il faut prendre ici au sens propre comme au sens figuré. Partant souvent de dessins et de croquis, Claire Cour « transpose » les instants, les scènes qu’elle a ainsi captés sur le papier en petits textes qui ressemblent souvent aux ritournelles de notre enfance.

Outre son intérêt pour les mythes et les légendes, Claire Cour se passionne aussi maintenant pour les chansons populaires et autres comptines. Les petits textes qui se laissent deviner nous invitent au plaisir du déchiffrement crypté de messages qui ressemblent fort aux cartes au trésor à moitié effacées de notre enfance ; en miroir ou comme embusquée, se dérobant et se révélant tout à la fois, l’écriture joue avec nos sens, suscite notre curiosité. On retrouve une démarche similaire dans les « théâtres muraux », œuvres à entrées multiples, grâce à des systèmes d’ouvertures et de fermetures.
Ils sont élaborés le plus souvent à partir d’un petit texte philosophique ou d’un poème de François Dodat. L’oiseau du grand vent , acquis en 2003 par le Fonds Départemental d’Art Contemporain, en est un parfait exemple dans l’inspiration et la conception : à partir d’une phrase de Dodat, l’œuvre ne se révèle que peu à peu, par ouvertures successives

Pour ce faire, Claire Cour a recours à des matériaux très divers tels que le bois, les enduits, les tissus et toutes sortes de métaux, qu’elle affectionne particulièrement car elle peut les retravailler, les oxyder, les graver en relief ou en creux au fil de la création.

A propos de l’oeuvre

IBIS –
1999 – Mural plan (support rigide) technique mixte
90 X 90 cm
Oeuvre acquise par le Conseil départemental de la Dordogne en 2007

Le point de départ et la matière même du tableau se trouvent dans un texte de François Dodat : C’est dans un bruit de miroirs que l’ibis communiquait avec son secrétaire de l’autre côté du temps .

Pour le fond du tableau, l’artiste a travaillé avec des bandes de tissus en laissant affleurer les coutures là où les toiles se superposent pour créer du relief.
La toile a été colorée dans une teinte assez claire et fait référence au sable du Nil, avec l’évocation du dieu Thot, celui qui a donné l’écriture aux hommes et qui était aussi le scribe des dieux.
Thot est représenté avec une tête d’ibis, d’où les pictogrammes entourant la toile, qui sont des frottis réalisés à partir de gravures sur terre.
Les rangées d’ibis ont été conçues selon l’écriture en soc de charrue, de gauche à droite et de droite à gauche, tel le sillon du laboureur. Deux autres pictogrammes se devinent : celui du scribe, symbolisé par ses trois outils, la palette qui permet de mettre les pigments, une petite fiole pour l’eau et le calame en guise de pinceau. Le serpent est aussi présent, car il est lié au passage d’un monde à un autre et donc au temps. Sur ces frottis, le poème est écrit en miroir, d’une écriture blanche et vague qui rentre dans la toile.

Les écritures se superposent et s’opacifient. Le centre est légèrement déstructuré, l’écriture y est comme par endroits déchirée. Les trois bandes gris-vert représentent le miroir brisé, référence aux miroirs en bronze des Egyptiens, des miroirs qui faisaient donc du bruit. Cette partie centrale du tableau, selon l’endroit où elle est exposée, peut varier en teinte, passer du gris au blanc puis revenir au vert bronze.