LEGAY Olivier – « Le charme subtil du chaman »

Sa biographie

Olivier LEGAY

Né en 1966 à Caen (14)

CAP menuisier / ébéniste chez les Compagnons

Vit et travaille à La Chapelle Aubareil (24)

Principales expositions personnelles et collectives :

« Vénus Intemporelles », Musée Labenche, Brive, Galerie le Galet Bleu, Cassis, 2002. Galerie Saint Pierre, Limoges, 2003. Galerie Summers’Art, Angleterre 2002 à 2006. Siège social du Crédit Agricole, Lille, 2005. Amnesty International, Sarlat, Point Lecture de La Chapelle Aubareil , 2006. Galerie Art’Cad, Cadouin, 2006 et 2007

Prix : 1 er prix Sculpture, Concours Art’s Master, New-York, 2000. 1 er prix Sculpture Jeune Création, Arles, 2001.

 

Son univers

« Si je suis né avec un esprit, c’est bien avec l’esprit du bois » aime à dire Olivier Legay. Son parcours, qui l’a mené jusqu’à la sculpture, passe en effet par la menuiserie et l’ébénisterie avec les Compagnons qui l’initient à l’apprentissage rigoureux des techniques et du maniement des outils. Pourtant, son propre cheminement l’a fait bifurquer vers la création artistique. Et pour ce faire, il lui a fallu en quelque sorte désapprendre tout l’acquis technique afin de libérer sa propre créativité, de pouvoir exprimer ses émotions et laisser parler son imaginaire. Olivier Legay choisit souvent des bois qu’il récupère, dont les formes tourmentées l’inspirent. Ses sculptures sont l’aboutissement d’un travail qui peut être long, car sa relation au bois repose d’abord sur l’observation puis sur l’écoute de la matière à laquelle il redonne une autre vie. Chaque essence contient en effet des caractéristiques qui lui sont propres, se révélant peu à peu, exhalant parfois son parfum intrinsèque. Très sensible à la nature et aux forces qui l’animent, Olivier Legay puise pour une grande part ses sources d’inspiration dans l’art africain. Il adjoint souvent à ses sculptures des morceaux de ferraille vieillie, des incrustations de cuivre, de cailloux, de galets polis ou d’autres bois. Ces alliages de matériaux différents transforment le bois en lui conférant un passé, une épaisseur chronologique, en l’inscrivant déjà dans l’histoire. L’artiste travaille beaucoup les patines, souvent même avant d’avoir achevé une pièce, afin de commencer à lui donner des nuances, à créer des superpositions de couches et de traces qui joueront aussi avec la lumière. Sur les visages et les bustes du sculpteur des caractéristiques reviennent, comme les points sur le front ou le sternum, marqués par une tache ou un morceau de tuile. Ces signes récurrents symbolisent une certaine idée de la beauté, comme ceux que l’on retrouve sur les Vénus de la préhistoire. Depuis de longues années Olivier Legay reste fasciné par le visage original et énigmatique de la Vénus de Brassempouy, qui demeure à ses yeux une référence et une icône dont il ne se lasse pas de décliner les traits, en sculptant chaque fois une pièce unique, comme un voyage nécessaire dans le temps, un repère sur son parcours artistique. Le sculpteur crée également de petits personnages faits de matériaux très simples, prélevés dans la nature, comme du bois, des morceaux de fer ou d’outils. Enroulées dans des plantes ou de la filasse, ces pièces évoquent les poupées vaudou mais n’ont rien de maléfique. Elles sont un autre témoignage artistique du lien que l’artiste garde avec la nature et dont il a besoin pour créer. Au cœur de son village, Olivier Legay aime à vivre son art au milieu des autres. Ouvrant régulièrement les portes de son atelier, il a à cœur de transmettre son savoir, car cette transmission est aussi synonyme d’échange. Il aime accompagner ceux qui résident quelques jours chez lui pour faire du morceau de bois qu’ils ont choisi une création qui corresponde à leur aspiration. Parallèlement à la sculpture qui requiert exigence et patience, Olivier Legay s’adonne aussi à la peinture, privilégiant les couleurs, la lumière et la poésie. Il y décline d’autres langages, d’autres sources d’inspiration et y trouve un plaisir naturel, comme une respiration dans la relation forte, parfois difficile mais essentielle, qu’il entretient avec le bois.

 

A propos de l’oeuvre

Le charme subtil du chaman
1998 – Sculpture sur bois de charme
90 cm

Cette pièce en charme – mot dont l’artiste joue ici avec la polysémie – représente le visage et le buste à peine ébauché d’un personnage très important dans le chamanisme puisqu’il a le privilège de communiquer avec les esprits de la nature. On sait tout l’intérêt que l’artiste porte à ce savoir différent et à ses pratiques tout à la fois magiques et religieuses dans la recherche d’un équilibre harmonieux entre l’homme et son environnement. Cette sculpture rend compte de cette dimension surnaturelle : la tête allongée et volumineuse par rapport au torse s’impose avec force. Ce n’est pas tant un visage qui est représenté qu’une physionomie aux frontières du connu et de l’inconnu, du visible et de l’invisible, coiffée d’un chignon rituel, figée dans une expression qui met l’accent sur les deux orbites et l’arrondi de la bouche d’où semble sortir un cri muet, témoignage d’une vision, d’une découverte dont chacun de nous est libre d’imaginer le contenu.