PRIVAT Edmond-Frédéric – « Autoportrait ; la surprise de l’inconnu »

Sa biographie

Edmond-Frédéric PRIVAT

 

 

Né en 1949 à Limoges (87)

Vit et travaille à Périgueux (24)

 

 

 

 

 

Principales expositions personnelles :

Photographies sur Venise accompagnées d’un texte de Gabriele d’Annunzio – IL FUOCO, Périgueux, 1990.
« Concepts philosophiques autour d’une tête antique », EPIKOUROS, Périgueux, 1995.
Galerie « Pierre et Cristaux », Périgueux, 2004. Café COSI, Biarritz, 2005. Espacexpo, J.M. BESSE, Périgueux, 2007.

 

Principales expositions collectives :

Espace Culturel Toulouse Lautrec, Paris, 1997. Mois de la Photo, Paris, 1998.
Exposition Galerie Contre-Jour, 1998.
Galerie « L’insolite », Paris, 1999 et 2000. Chambre de Commerce et d’Industrie, Périgueux, 2002.
Château des Izards, Coulounieix-Chamiers, 2004.


Son univers

Si la photographie demeure depuis toujours une constante dans le parcours artistique d’Edmond-Frédéric Privat, elle n’a pas pour objet de reproduire la réalité mais de rendre visible une présence au monde transfigurée qui surprend et invite à la réflexion, voire à l’introspection. Alors que les thématiques, les techniques peuvent différer, des constantes demeurent dans la démarche artistique qui trouve ses sources d’inspiration chez de grands photographes tels que Richard Avedon, Irving Penn, Robert Mapplethorp ou Man Ray, mais bien plus encore dans la peinture surréaliste ou la poésie de Reverdy et de Mallarmé. Cette « nourriture visuelle » et le choc des mots suscitent des images fortes qui participent de la recherche esthétique. Les photos d’Edmond-Frédéric Privat s’inscrivent donc dans une démarche philosophique, esthétique et personnelle qui sous-tend toute la création. A l’intérieur du cadre du viseur que l’artiste compare au cadre de la toile du peintre et qui lui est indispensable, l’artiste, par différents jeux de construction ou de déconstruction, propose une vision différente, comme dans sa série sur Venise, où l’estompage des formes et des édifices invite à une réinterprétation de l’architecture. Il en va de même dans la très importante série de clichés (plus de 5 000) que l’artiste a consacrée aux objets et à la nature qui nous entourent, intitulée « Altérité / Surréalité… » et présentée en 2005. Là encore le recadrage permet d’isoler l’objet photographié, d’en conserver parfois un fragment ou de focaliser le regard sur l’ombre qu’il produit, tandis que l’utilisation de plaques de verre, de jeux de lumière naturels ou non, contribue à brouiller l’image en entraînant l’artiste et le spectateur dans un monde autre et en suscitant son imagination. « Je n’ai pas envie d’enfermer le sujet dans un cadre, explique l’artiste, j’ai envie de savoir que celui-ci continue sa vie dans l’espace qui l’entoure. Mon point de vue (celui de l’objectif et du format du film) sélectionne seulement à un moment donné un instant idéal de réciprocité de masses et de lumières. » Dans cette quête photographique, parfois ponctuée de pauses durant lesquelles l’artiste se consacre à l’écriture de scénarios, demeurent toujours une grande disponibilité et la faculté de pouvoir s’adapter à tout type d’appareil photo, de se laisser surprendre par les possibilités dont il dispose et d’aborder ainsi de nouvelles thématiques. En témoigne la série d’autoportraits créée en 2006 et comportant quelque 800 clichés. Conscient du temps qui passe et s’interrogeant sur sa relation au monde et aux autres, Edmond-Frédéric Privat entreprend de se photographier lui-même en jouant avec les possibilités restreintes mais justement intéressantes d’un appareil photo de téléphone portable. Le geste de tourner l’appareil vers soi-même enclenche une recherche nouvelle qui tire partie du nombre limité de pixels pour tendre vers une forme d’abstraction. Ces prises de vue composites, qui opèrent à partir de fragmentations du visage et du corps et jouent sur des assemblages et des superpositions, apparaissent comme les étapes d’une vaste introspection dont l’artiste serait à la fois sujet et objet. Cette toute récente aventure artistique semble faire écho aux propos du philosophe Henri Maldiney qu’Edmond-Frédéric Privat cite justement à propos de cette nouvelle étape : « L’art met en œuvre dans une nouvelle forme de communication, dans un nouvel espace et dans un nouveau temps, la transformation globale de l’homme avec le monde ».

 

A propos de l’oeuvre

Autoportrait ; la surprise de l’inconnu
– 2006 – Photographie
50 X 63 cm

Cet autoportrait fait partie d’une longue série introspective réalisée avec l’appareil photo numérique d’un téléphone portable et qui pourrait emprunter son titre à celui d’un sermon du Maître Zen Dôgen, intitulé La présence au monde ou Le temps d’une présence . Dans un cadrage serré, pris au plus près, le visage de l’artiste apparaît, dans une sorte d’étonnement d’être là, au cœur d’un espace-temps surréel gommant toute imperfection, ne révélant que l’aspect lisse et coloré de la peau, où se détachent les arcs rougeoyants des yeux, du nez et de la bouche. Une porte entrebâillée en V et située à gauche de la photo semble induire une présence qui suscite l’étonnement du photographe et pourrait être aussi bien une ouverture sur l’inconscient, en même temps que la découverte « d’une structure mentale géométrisée », symbolisée par le quadrillage lumineux de la porte. Comme l’explique l’artiste, « le pointillisme des pixels mélange couleurs et formes en un rendu expressionniste qui tend parfois à l’abstraction lyrique. (…) La photographie se libère du réalisme afin d’acquérir son propre dynamisme formel et colorimétrique ».