Sa biographie
Née en 1967 à Paris (75)
Licence d’Histoire de l’Art
Diplôme National Supérieur d’Expression Plastique avec Félicitations du Jury
Vit et travaille à Montreuil (93)
Principales expositions personnelles :
Itinéraire-bis pour « Rendez-vous à l’école », 1997. Plan Large, La Saison de la France au Québec, Montréal (Canada), 2000. 3 ème Biennale d’Art Contemporain, Enghein les Bains, 2001. Pingyao International Photography Festival 3 ème édition, Pingyao (Chine), 2003. Tokyorama, Palais de Tokyo, Paris, 2004. Photographie/affiche façade Point Ephémère, Paris, 2005. Institut Français et Galerie KBB, Barcelone (Espagne), 2006. « Logiques du rêve éveillé, Instants Chavirés », Montreuil, « Dessine le », Espace Culturel Départemental François Mitterrand, Périgueux, 2007.
Son univers
C’est à Strasbourg, alors qu’elle est encore étudiante à l’École des Arts Décoratifs, qu’ Alexandra Sà commence à travailler sur des créations éphémères qu’elle installe au cœur de la ville. Elle conçoit ce qu’elle nomme des « annexes » de mobilier urbain, prolongeant à l’aide de planches de bois, de matériaux bricolés, des Abribus, des bancs publics, construisant même de petits abris semblables à des cabanes de jardin où les passants peuvent s’arrêter. Elle inaugure ainsi la première étape d’un parcours en perpétuelle évolution dont la thématique centrale – la place du corps dans l’espace urbain – repose sur un questionnement auquel l’artiste se garde de donner des réponses. Ses performances, ses installations, ses photos et ses vidéos sont autant de propositions artistiques qui ont pour ambition de pratiquer des ouvertures là où l’espace est fermé, de se frayer un chemin dans une organisation spatiale rigide, surtout en ville. Par le biais du décadrage et de l’intrusion, elle s’amuse alors – il y a souvent une dimension comique, ludique dans ses créations – à perturber les paysages, se mettant en scène sans être jamais reconnaissable, créant une dynamique dans un décor neutre, vide ou franchement déshumanisé. Comme en surimpression ou cachée derrière un masque, silhouette évanescente ou simple fragment de corps, la présence humaine se veut passagère, mais n’en est que plus efficace pour interpeller le spectateur. Ces « intrusions » sont souvent soulignées par l’introduction de la couleur rouge qui a valeur de signe visuel et tranche volontairement avec les éléments du paysage. En parallèle à ses performances, ses interventions « in situ » qui l’emmènent un peu partout en France et au Japon, Alexandra Sà a continué la photo qu’elle utilisait d’abord, tout comme la vidéo par la suite, pour garder des traces visuelles de ses créations éphémères. Très vite, l’artiste s’est appropriée ses deux médiums qui ont contribué à faire évoluer sa recherche artistique, lui permettant d’autres expériences, d’autres prises de risque. Elle peut ainsi aller plus loin dans le « performatif », mais de manière plus personnelle, en reprenant la question du cadre dans la société pour la transposer dans sa relation à l’image. Dans ses photos comme dans ses vidéos, Alexandra Sà continue à s’intéresser au mouvement et au positionnement du corps dans l’espace. Ses vidéos racontent souvent de petites histoires où elle peut se mettre en scène, mais toujours masquée. Dans Balagan , qui est un petit théâtre de foire en russe, elle crée de petits sketches où elle met en scène des personnages de peinture, tels que Mona Lisa ou la Marilyn d’Andy Warhol, dans des situations de chutes clownesques. Le thème du mouvement entravé revient d’ailleurs dans d’autres créations vidéos (comme dans Etant donné – La Chute ). Dans son parcours très en prise avec l’urbain, Alexandra Sà a vécu sa résidence à Ribérac comme une expérience particulièrement enrichissante puisqu’elle a dû chercher ses marques dans un environnement qui ne lui était en rien familier, où elle a trouvé d’autres repères, créant ainsi des séries inédites de photos et de vidéos. Actuellement, Alexandra Sà travaille à Pantin, où elle a carte blanche pour intervenir dans un environnement industriel. Comme à ses débuts, mais forte de toutes ses expériences, elle va utiliser cette architecture particulière pour travailler sur l’espace, le bâtiment devenant corps traversé de part en part pour matérialiser le rapport entre intérieur et extérieur.
A propos de l’oeuvre
Cette photo fait partie d’une série réalisée pendant la résidence d’Alexandra Sà à Ribérac, entre novembre 2005 et mai 2006, dans le cadre des « Résidences de l’Art en Dordogne ». Délaissant l’habitat et le mobilier urbain, l’artiste a développé un travail axé sur la nature et la diversité du paysage, au fil des saisons. Les arbres ont imposé leur présence, dans leur nudité hivernale et sont devenus des repères graphiques, auprès desquels l’artiste a tenté de trouver sa place. Ici, on retrouve les principes de l’intrusion et du « décadrage », très présents dans les photos d’Alexandra Sà : une masse assez floue, fragment d’une silhouette rehaussée de rouge, se trouve au premier plan ; cadrée assez serrée, cette présence mystérieuse semble faire irruption dans l’angle de la photo, laissant une large place à l’arbre dénudé qui déploie ses lignes graphiques dans le ciel. Par une sorte de mise en abyme, notre propre regard de spectateur ricoche sur la tache rouge, suggérant le visage caché de l’artiste, tourné vers l’arbre et le regardant à son tour.