Sa biographie
Né en 1968 à Genève (Suisse)
Agrégation d’Arts plastiques
Vit à Lonnes (16) et travaille à Périgueux (24)
Expositions personnelles et collectives :
Salon « Jeune Peinture » au Grand Palais, Paris, 1993.
Centre Culturel de Cotonou, Benin, 1994. ST’ART Salon d’Art Contemporain, Strasbourg, 1995 et 1997.
Kaléidoscope, Espace d’Art Contemporain, La Rochelle, 1999.
Galerie d’Art contemporain, Mourenx, Galerie Nicole Buck, Strasbourg, 2003.
Galerie du Domaine Perdu, Meyrals, 2005 à 2007.
Artiste permanent de la Galerie du Domaine Perdu, Meyrals, depuis 2005.
Son univers
L’africaine, œuvre picturale acquise par le Fonds Départemental d’Art Contemporain en 2003, avait permis de cerner les grandes problématiques qui traversent le parcours de Fabrice Thomasseau et que l’on peut résumer sous le titre d’une de ses expositions « Image du corps / Corps de l’image ». Revenant sur son itinéraire, l’artiste rappelle sa fascination pour les expressionnistes allemands, dont il se nourrit abondamment avant son départ pour Prague où il séjourne un an. C’est à la fois l’éloignement et les rencontres qui vont décider de son destin : l’isolement favorise sa recherche d’une expression qui lui soit propre, les échanges avec d’autres jeunes diplômés des beaux-arts, comme lui, tous de pays différents, le stimulent, l’enrichissent en lui permettant de prendre de la distance avec son travail, de bénéficier de regards extérieurs qui l’aident à avancer. Cette expérience marque la véritable « entrée en peinture », qui va de pair avec une réflexion, un propos, une démarche clairement identifiés. Son séjour en Afrique, durant les deux années qui suivent, en même temps qu’il représente un nouveau choc à la fois émotionnel, visuel et culturel, contribue à renforcer la conviction de l’artiste que la peinture est bel et bien son mode de vie, sa manière à lui de fonctionner, de communiquer, de questionner le monde et de susciter ce questionnement par le biais de ses œuvres. Les séries des diptyques sont à ce titre particulièrement significatives : Fabrice Thomasseau y confronte et y associe, en les mettant côte à côte, des photos et des portraits, qui, dans une première approche voulue par l’artiste, peuvent sembler sans rapport, fausse impression qui nous amène souvent à rester à la surface des choses. Ici, l’artiste a utilisé des photos prises quelques mois auparavant dans différents sites industriels. Ces lieux l’intéressent par leur architecture, leurs volumes, leur aspect neuf ou déjà dégradé, témoin du temps qui passe, et par l’absence de vie apparente qui entoure ces locaux fermés, interdits, secrets, protégés. En retrouvant ces clichés, deux ans après, l’artiste leur a donné une nouvelle fonction en les associant à des portraits d’inconnus ou de personnages célèbres, dont il « maltraite » picturalement le visage, pour remettre en cause l’image première, l’apparence, l’identité. L’usure et la décrépitude de certains lieux photographiés sont ainsi confrontées à une autre usure, celle de l’image, glacée, stéréotypée qui s’altère, se décompose. Ici, la peinture a pour fonction de décaper, d’agresser de manière iconoclaste, avec une violence semblable à celle qu’on nous inflige par un flot permanent et surabondant d’images vidées de leur sens. Dans une série plus récente, qui s’inspire cette fois de la gravure, Fabrice Thomasseau continue à interroger cette thématique en travaillant non plus sur la confrontation mais sur la superposition. Il crée des toiles palimpsestes où dialoguent et s’additionnent, pareils aux strates de certaines roches, des éléments en apparence hétéroclites, qui sont en fait les traces, les témoins de ses réflexions sur le corps, le végétal, la machine, mais aussi les anomalies génétiques, exemples des menaces que génèrent nos sociétés. Dans ses créations où le noir est là pour donner une certaine lisibilité, il y a l’envie de brouiller le narratif, de créer une image qui pourrait annuler toutes celles qui existent, et de continuer ainsi à questionner le monde, par ce double mouvement d’apparition et de disparition qui préside au travail du peintre.
A propos de l’oeuvre
Zone inframince 1,2,3,4,5 – 2005
Photographie et peinture
80 x 40 cm
« A la façon des vanités, les diptyques de la série Zone Inframince naissent d’une confrontation de repérages photographiques (zones industrielles, architectures menaçantes, métaux rouillés) et de portraits anonymes ou célèbres. Ils se proposent d’explorer ces territoires de l’entre-deux où se redéfinissent les contours de nos rapports au monde. A la manière d’un vitriol, la peinture dans une esthétique de l’usure et de la disparition altère les êtres et les lieux. Se dégagent alors des narrations à construire, des itinéraires à suivre… » (Fabrice Thomasseau