Sa biographie
Née en 1975 à Cognac (16). CAP Tailleur de pierre. Vit et travailleà Grand-Brassac (24). Installée en Dordogne depuis 2001.
Expositions, installations : 2009 Vénuscopie, Boutique des créateurs et artisans d’arts du Périgord, Périgueux (24) ; La métamorphose de l’Ovophore (Installation), parcours Land art « Au Bois d’Armand », Saint-Front-sur-Nizonne (24) ; Installations, Eco-festival « Le Grand souk », Ribérac (24).
2008 Exposition collective, Galerie Kulturgut, Bochum (Allemagne). La femme dans la préhistoire (Exposition collective), Galerie l’Art’moire, Bourdeilles (24) ; Florilège (Exposition collective), Pôle expérimental des métiers d’art, Nontron (24).
2007 Réalisation du trophée du « prix littéraire de Brantôme » (24). 2006 Homnipréscence (Exposition collective), Tusson (16). 2005 L’ovophore et les Damoiselles (Installation), Festival « les Sarabandes des Bouchauds », Rouillac (16).
2004 Conifères (Installation), Parcours visuel et sonore «Végétal », La Couronne (16). Membre du collectif « Contempora », Ribérac (24).
Son univers
Céline Gailledreau se découvre une attirance pour la pierre à l’âge de 22 ans. Elle décide alors de passer un diplôme de tailleur de pierre et en parallèle commence à creuser, gratter, poncer ses « petits cailloux » selon son expression, de façon compulsive et secrète. Depuis son installation en Dordogne en 2001, elle développe un univers poétique composé de sculptures minérales et d’installations végétales. Les premières nécessitent un effort physique important pour dominer la matière qu’il faut retirer avec précision car chaque coup porté est définitif.
Les secondes sont créées à partir de branchages qu’il est toujours possible de reprendre, défaire et reconstruireà nouveau. L’artiste a besoin d’alterner les deux techniques pour trouver un équilibre entre pesanteur et légèreté : « Je déshabille les pierres et j’assemble les végétaux pour révéler leur force et leur fragilité respective ». En cours de réalisation, il arrive que des feuillages soient invités à compléter le travail de la roche sculptée, comme pour la « rhabiller » (La pudique). Ses expérimentations l’amènent à utiliser des supports variés – la stéatite, l’étain, l’osier, le cornouiller, le papier – voire inattendus, tels que le béton cellulaire (La femme masquée).
Les oeuvres que Céline Gailledreau montre désormais au grand jour sont issues d’une pulsion créatrice qui la conduit à une approche spontanée et expressive de la matière et des volumes. Elle débute en 2002 la série des Vénus, sculptures aux formes généreuses s’inspirant de multiples références, des statuettes paléolithiques aux déesses tribales ou asiatiques, en passant par les Nanas de Niki de Saint Phalle. « Ma démarche artistique, explique-t-elle, n’actualise pas une idée mais idéalise un acte. Je sculpte des Vénus par nécessité, j’y trouve ma place de femme ». La sculptrice a eu longtemps une prédilection pour les petits formats donnant un côté précieux à ces amulettes contemporaines. Avec le temps, le corps à corps avec les grands sujets devient inéluctable. Les proportions imposantes des Âmes en peine, série commencée en 2008, renforcent la présence troublante de ces silhouettes fantomatiques au regard errant, emmaillotées dans leur silence, traduisant notre propre enfermement.
Pour ses compositions végétales, l’artiste a puisé son inspiration dans les planches de Karl Blossfeldt, célèbre pour ses photographies systématiques de plantes du début du vingtième siècle. Les Conifères en forme de cônes, l’Ovophore en forme d’oeuf et les Damoiselles, longues colonnes en fuseau, trouvent leur place dans des parcours de plein air. Exposés au soleil et à la pluie, les feuilles de prunus, les fougères, et les pétales d’immortelles se racornissent, grisent, puis un jour disparaissent. La transparence de ces « herbiers lumineux» révèle leur fragile membrane de papier aux inclusions végétales, « comme si l’on voyait au travers d’un arbre ». Les totems végétaux ou minéraux de Céline Gailledreau nous font ainsi prendre conscience de la beauté deséléments du monde naturel.
A propos de l’oeuvre
Les premières statuettes préhistoriques exhumées au début du vingtième siècle ont reçu le nom de« Vénus » en raison de leurs formes féminines proéminentes. En tant que femme et en tant que sculptrice sur pierre, Céline Gailledreau revisite ici ce thème ancestral. Toute en rondeur et sensualité, La tatouée est sa toute première sculpture de la série des Vénus.
Elle a choisi une pierre de Thénac, tendre mais non friable, permettant d’exécuter des détails fins et précis ainsi que d’obtenir une surface douce et polie. Sa blancheur immaculée met en valeur les arabesques d’inspiration mauresque. Les motifs végétaux stylisés actualisent les décors floraux des chapiteaux gothiques et présentent ce tatouage intégral comme une seconde peau.
Le jeu des lignes démontre un savoir-faire maîtrisé et une exécution originale. Une promesse d’humanité figée dans la pierre.