JAFFRAIN Évelyne – « Procession »

Sa biographie

Evelyne JAFFRAIN

Née en 1955 à Périgueux (24).
Licence Arts plastiques à l’Université Bordeaux III (33).
Vit et travaille à Coulounieix-Chamiers (24).
Expositions personnelles depuis 2005 : 2007 Cendres et autres Vanités, Espace d’Art Contemporain la Tôlerie, Clermont-Ferrand (63). 2006 Entrez en matière, Centre Culturel de la Visitation, Périgueux (24).

Principales expositions collectives depuis 2005 :
2009 Galerie L’App’Art, Périgueux (24).

2008 French Art Festival, Dubai – Abou Dhabi.

2007 Foire Sanilh’art, Notre-Dame-de-Sanilhac (24).

2006 Ancienne Justice de Paix, Saint-Cyprien (24).

2005 Biennale d’art contemporain, Allauch (13) ; Galerie La réserve d’Aréa, Paris (75) ; Vénus en Périgord, Château de Biron, Biron (24) ; Mises au jour, FDAC, Espace Culturel François Mitterrand, Périgueux (24).
En permanence à la Galerie Le 5 à Ribérac (24).

Publications : 2005 Revue Area – Alin Avila « Vénus » été 2005 n°10 – Entretien avec Daphné le Sergent.

 

Son univers

Artiste matiériste, Evelyne Jaffrain, s’attache à évoquer les questionnements de l’éphémère, de la fragilité et de l’esthétique des traces du passé. « Mon approche artistique s’inscrit à la fois dans le temporel et l’intemporel. J’investis un espace qui supporte des agglomérats de sable, de peintures et autres pigments formant des strates géologiques qui rappellent le déroulement du temps. Ma matièreévoque une archéologie personnelle et collective dans l’espace pluriel du passé ».

Evelyne Jaffrain travaille la matière pour y rechercher l’idée du temps qui use et à la fois magnifie ce qu’il n’a pu détruire. Ses oeuvres sont un fascinant hommage à la terre et aux substances telluriques que l’on retrouve également chez Antoni Tapies, référence chère à l’artiste mais dont elle se détache peu à peu au fil des années pourépuiser d’autres thématiques et explorer de nouveaux modes d’expression. Entre 2005 et 2007, l’artiste se consacre à la série des Natures mortes, présentant « un alignement d’objets dans une apparente esthétisation de la répétition », dans la veine de Nicolas de Staël et Giorgio Morandi.

Dans son ouvrage, La Peinture cubiste, Jean Paulhan remarque que l’expression anglaise « stil life », désignant la « nature morte », ajoute à l’idée de pose celle de silence. Ce temps suspendu et irrévocablement mort, ce temps d’arrêt et de silence si propre à ce genre pictural, Evelyne Jaffrain le fait subtilement ressortir dans des oeuvres comme Le banquet, Pompéï I et II, Nature morte à la coupe ou encore Nature morte à la feuille. A l’occasion de l’exposition Cendres et autres Vanités (2007) à l’Espace d’art contemporain La Tôlerie à Clermont-Ferrand, Evelyne Jaffrain présente pour la première fois des installations qui se réapproprient le concept des « vanités » hérité du dix-septième siècle.

L’oeuvre www.5colonnes.com met ainsi en avant la fragilisation de l’information écrite par les blogs, les flashs sur le net et le zapping. Quantà l’installation Vanitas, elle montre, par un chassé-croisé d’images qui se dissolvent, comment le virtuel, dont la place est incontournable dans notre société, peut être considéré comme une vanité. L’artiste travaille depuis 2008 sur une nouvelle série, Paysages et territoires, où elle traite du paysage en tant qu’espace poétique et du territoire en tant qu’espace déterminé.

Les toiles sont plus blanches pour mettre l’accent sur le calme et la contemplation. Ce sont des fragments de sensations intérieures, une accumulation de non-dits ainsi que de souvenirs de son récent passage à l’Alhambra de Grenade. En ce sens, l’approche picturale d’Evelyne Jaffrain garde un caractère photographique : chaque toile apparaît comme une prise de vue qui exalte les détails d’un monde transformé en une abstraction. On y trouve notamment l’éblouissement que l’on ressent dans un village méditerranéen aux maisons chaulées,écrasées de chaleur et de lumière. Des oeuvres complexes, riches d’empreintes, mais cependant sans artifices inutiles.

 

A propos de l’oeuvre

Procession – 2006
technique mixte sur toile, 100 cm x 200 cm
signée E Jaffrain

Face à cette immense toile, le spectateur reste d’abord dubitatif, ne sachant par où l’approcher, quel fil tirer pour dévider l’écheveau. Pourtant l’esprit est là, il se manifeste par un léger souffle, une évanescence qui émane de quelques silhouettes en procession.

De ces formes anthropomorphes, on cherchera vainement le visage – au plus la tête, semblant porter parfois une coiffe. Cette oeuvre, issue de la série des Natures mortes (2006-2007), traite de la finitude de l’homme. L’évocation de la distance parcourue, de l’espace entre les êtres est inscrite dans la matière grattée, recouverte et à nouveau rayée par l’artiste.

Dans des nuances de gris et de bruns d’où se détachent quelques éclats de couleur pourpre, ces empreintes figées dans le temps mettent en lumière la fragilité de nos repères. Peut-être un instant juste avant ou juste après le geste, dont on ne voit ici que des conséquences ou qu’une annonce, telle une calme insoumission aux règles du quotidien.