MARTIN Elsa – « Tirage argentique collé sur aluminium »

Sa biographie

Elsa MARTIN

Née en 1972 à Neuilly-Sur-Seine (92)

Diplômée de l’école de cinéma « European Film College » (Danemark)

Vit et travaille à Saint-Marcory (24)

2009 Paris Sweet Sixteen, « 80 avenue Paul Doumer », Paris

2008 MAD, Galerie S-pacio, Bergerac (24)

Drops of Lights (Exposition personnelle), Galerie Artémis, Eymet (24)

L’exposition noire, Marsalès (24)

2007 Trace & Détails (Exposition personnelle), Toast, Bergerac (24)

2006 Femme Galerie Artémis, Eymet (24)

2003 Des Voyages, Des Visages, La Fabrica’son, Paris

 

Son univers

Après avoir travaillé comme attaché de presse et assistante de direction dans la publicité, Elsa Martin découvre la photographie à l’âge de trente ans avec un vieil appareil Minolta entièrement manuel.

De pochettes d’album en photographies d’architecture, en passant par l’illustration de livres de cuisine, la jeune artiste est à la recherche de sujets qui soient en harmonie avec elle-même. Série essai, Des Voyages, Des Visages (2003) présente avec succès les fragments de son exploration marocaine. Depuis, à Berlin, Paris ou Copenhague, elle glisse entre les passants retenant des regards tristes ou amusés, fixant des conversations exaltées ou des solitudes égarées. Chaque instant est attrapé plus que transcendé, dans toute la beauté de l’imperfection immédiate.

A contre courant des tendances actuelles, ses œuvres ne font l’objet d’aucune retouche, d’aucun recadrage. Derrière l’apparente simplicité de ses images se cache un sens profond de l’esthétique, un minutieux travail de la lumière et une conception plastique où rien n’est laissé au hasard, pour mieux révéler les vérités discrètes du quotidien.
Admirative du travail de Sebastiao Salgado et d’Henry Cartier-Bresson, Elsa Martin, privilégie les cadrages serrés, s’essaye peu à peu au noir et blanc, et porte l’accent sur l’expression et les gestes, loin de toute affectation ou sentimentalisme.

Sa première exposition en tant que photographe indépendante est un regard pudique et méticuleux sur les femmes, un portrait tout en douceur et nuances, qui revendique une part d’intimité. L’artiste veut s’affranchir des clichés des magazines de mode en leur empruntant leurs codes pour mieux les contourner, tel un antidote aux stéréotypes.
La lumière naturelle, l’absence de maquillage ou l’humour d’un visage décalent à chaque fois le propos et finissent par constituer le manifeste de l’auteur. A la fois intemporelle et contemporaine, l’imagerie d’Elsa Martin scrute les silhouettes ces anonymes à la recherche d’un mystère : où réside la beauté ? Pour la photographe, elle se dissimule au cœur de l’émotion, sur chaque visage ridé par le temps et dans tous ces petits artifices employés pour garder intacte la séduction. « Ce qui m’intéresse, explique-t-elle, c’est d’essayer de capturer ce que l’on ne voit pas, les songes, les sentiments, ce qui réside dans le noir de nos esprits.»

Plus récemment, dans la série des Lumières (2008), elle abandonne les portraits pour s’immerger dans la nature démesurée mais libératrice des grandes villes. L’éclairage public, les feux des voitures, la signalétique urbaine, sont autant de bulles de couleurs violemment contrastées qui vibrent dans la nuit noire. La place de la Concorde ou l’avenue des Champs-Elysées s’éclairent ainsi d’une vie artificielle persistante aux motifs géométriques répétitifs, comme des thèmes de jazz aux interprétations multiples.

Mais avant tout, ce que préfère la photographe, c’est montrer la vie simplement et sobrement, sans fard ni voyeurisme. Robert Capa disait : « Aime les gens et fais leur savoir ». Elsa Martin porte sur ses semblables un regard, épris de tendresse et baigné de lumière, avec comme seule ambition de fixer l’instant fugace pour dire avec un minimum de moyens, l’essentiel de l’homme.

 

A propos de l’oeuvre

Tirage argentique collé sur aluminium, 80 x 60 cm, 2004

Elsa Martin photographie comme on filme. Scénario en tête, elle a une idée très précise des images qu’elle souhaite prendre lorsqu’elle part pour Berlin avec une amie chanteuse pour illustrer la pochette de son album. Pourtant, c’est celle-ci, Sur les pavés, réalisée entre deux prises de vues, qui sera retenue.

Contrairement aux apparences, il ne s’agit pas d’une photo en noir et blanc mais en couleur faite en pleine journée, à contre-jour. Le sombre des noirs mats tranche avec la lumière, très blanche et satinéeà sa source, brillante et presque irisée sur le sol. Le regard est entièrement happé par cette lumière qui accroche les pavés, coule du fond de la rue vers nous, et butte brusquement sur la dynamique du personnage qui avance à pas de géant. Attentive à l’instant qui passe, Elsa Martin sait comment attraper l’esprit de la ville. Marcher, courir, sauter, s’arrêter, comme une part d’enfance retrouvée.