MAZEAU Elsa – « SEI JIN »

Sa biographie

Elsa MAZEAU

Née en 1974 à Montreuil (93).
D.N.S.A.P. Ecole Nationale Supérieure de Beaux Arts de Paris (1999).« Vit au Pré Saint Gervais (93) et travaille partout* ».

Principales expositions :
2010 Macadam, Centre G. Pompidou, Paris (75).

2009 Mobil home, Biennale de Lyon « Off » Résonance 2009, INSA, Villeurbanne (69). Utopia/ici ou là, château de Saint-Ouen (93). 2008 Propos d’Europe 7.0, Fondation Hippocrène, Agence Mallet Stevens, Paris (75).

2006 Ondulations, (commissaire : Brent Kinklum), La-Roche-qui-Boit (50). 2004 Communes Images (Commissaire : Eric Joly), Centre d’art du Forum Culturel, Blanc-Mesnil (93). 2003 Espace d’art contemporain des voûtes du port, SIRP, Royan (17).

2002 Galerie La Ruche, Tokyo (Japon). 2001 Biennale de Tirana (commissaire : Nicolas Bourriaud), Tirana (Albanie) ; Recto-verso (commissaire : Charlotte Laubard), Galerie Ghana-Beaubourg, Paris (75).

2000 (commissaire : Jean- Louis Froment), Espace Lausannois d’Art Contemporain, Lausanne (Suisse).

Principales diffusions vidéo :
2007 Entre chouette et louve, IMEC et les Revues parlées du Centre G. Pompidou, Abbaye d’Ardenne, Saint-Germain-la- Blanche-Herbe (14). 2005 Bandits-Mages, Bourges (18).

1999 Vidéoformes, Clermont-Ferrand (63).

 

Son univers

« Elsa Mazeau enregistre l’image de l’Autre. Elle provoque des rencontres avec des inconnus qui deviennent modèles, acteurs ou narrateurs. Sa manière d’être dans l’urgence la positionne de fait dans l’instant et dans l’obligation de construire avec ce qui est déjà là, le plus souvent dans des espaces publics. Elle esquisse ainsi une fresque des réalités où chacun puise ce qu’il désire vraiment : quelle religion, quel habitat, quelle nationalité, quel métier et quel mode de vie choisir ? Empruntant simultanémentà l’intime et au public, au passé et au présent, elle tente de convoquer la poésie et l’humour autour d’une question fondamentalement politique : « qu’est-ce que je voudrais être et que je ne suis pas ? ».

En abordant la question de la construction de l’identité et de notre appartenance au monde, ces portraits révèlent un espace de réinvention possible. Cadrés séparément, ces personnages pointent l’impossibilité de partager leur solitude. On s’aperçoit que l’identité est fragile, qu’on peut la perdre ou en changer ; nous sommes en quelque sorte une somme d’identités mobiles.

Ses oeuvres nous renvoient aux codes de l’image de communication qu’elle utilise pour mieux pointer les mutations de nos mondes en voie de globalisation. Les décalages opèrent et créent par une géométrie de la vitesse un espace rapide de propulsion qui nous emmène à reconsidérer nos pensées et nos origines. Son intention est de provoquer la disparition du temps et la construction d’une géographie de l’espace mobilisé au service des corps afin de déclencher un espace social différent ». (Présentation d’Elsa Mazeau sur son site elsamazeau.elsa.free.fr).

Non seulement les images d’Elsa Mazeau parlent, mais elles nous parlent dans leur langues propres (français, anglais, allemand, portugais, japonais…), « jusqu’à prendre des airs de tour de Babel dans Trajets. […] Au premier abord les photographies et vidéos d’Elsa Mazeau semblent bizarrement (bizarrement de par leur familiarité) se mouler dans les stéréotypes de la photographie et du film de famille ou de vacances, ou encore de l’interview télé : images sagement composées ; sujets centrés, le plus souvent frontaux ; regard caméra… Les formes langagières auxquelles elle recourt pour faire parler ses images sont elles-mêmes des formes stéréotypées. […] Mais elle introduit d’infimes décalages, joue le stéréotype contre le stéréotype. Décalage d’âge dans Travailleurs et dans Curriculum vitae.

Décalage engendré par l’exotisme dans Emploi du temps japonais. Décalage, dans Catalogue de mode du passage Émile Boutrais, entre les vêtements « cheap » des vêtements portés par les habitants et la référence aux magazines de mode. […] Elle se comporte comme une enquêtrice, non en vue d’une enquête de police ou d’une enquête sociologique, tant à caractère scientifique que pseudoscientifique, mais davantage en rapport à une enquête d’opinion, se bornant à enregistrer les opinions et les choix de ceux qu’elle interroge.[…]

Ce qui est là, dans l’affaire, son propre rôle (de composition), quand bien même elle n’apparaît jamais dans l’image et ne parle jamais en son nom propre ». (Extraits du texte de Jean-Claude Moineau, Comment apprendre aux images à parler ?).

 

A propos de l’oeuvre

SEI JIN / Aquitaine (Cité Olympiades, Paris), Série des « Costumes folkloriques »,
photographie couleur tirage Lamba n° 1/5 ex., 120 x 91 cm, 2005


Les portraits de la série des Costumes folkloriques mettent en scène des hommes et des femmes d’origines étrangères en tenues traditionnelles françaises représentant à tour de rôle une région.

Ils posent devant un bâtiment, souvent le leur ou celui de la cité voisine. Sur chaque cartel est inscrit la région du costume, le nom de la cité et le prénom du modèle qui donne une indication sur son origine. « L’usage de la photographie numérique m’a permis d’accentuer la platitude de l’image : sans profondeur de champs. Tout semble être un collage. […]

La contre-plongée donne l’impression de voir les habitants comme des statues à l’effigie de héros. […] Ces photographies interrogent les notions que sont la« tradition » et le « folklore » par le biais de l’habillement. La tradition fige dans le temps des rites et des modes de vie qui semblent aujourd’hui obsolètes.

Le folklore, considéré souvent comme la caricature de cette tradition, représente un point de repère, une ultime résistance à l’uniformisation de nos modes de vie et à l’effacement progressif d’une mémoire identitaire. » (Elsa Mazeau, extraits d’un entretien avec Olivier Marboeuf).