LUX Nicolas – « Série Kéraban (Rize-Turquie) »

Biographie

(c) CD24 / Photographe : Denis NIDOS

Né en 1982 à Ivry-sur-Seine (94).

CAP de photographie / Diplômé de l’Ecole de Formation de la Photographie et du Multimédia (ETPA) de Toulouse (31).

Prix spécial du jury ETPA pour le portrait (2003).

Vit et travaille à Périgueux (24).

Expositions personnelles :

Carrément à l’est : Périgueux (24) et Palanga (Lituanie) en 2003 ; Lyon (69) et Lodz (Pologne) en 2005 ; Saint-Orens (32) en 2006

Mémoire(s) de demain (2007/2011) : dont Archives Départementales de la Dordogne, Périgueux (24) et Centre Culturel La Mégisserie, Saint-Junien (87) en 2007 ; Conseil Régional d’Aquitaine, Bordeaux (33) en 2008

Kéraban : Périgueux (24) et Festival Photome, Lourdes (65) en 2007 ; Château des Izards,  Coulounieix-Chamiers (24) et Festival Manifeste, Toulouse (31) en 2008 ; Festival Mois de l’image, Castres (81) en 2009

Fragments d’un monde : Plazac (24) en 2008

Transsibéria : Festival Pankultura, Lille (59) en 2010

Phot’eaux : Festival Art et Eau, Périgueux (24) en 2011

Son univers

Le parcours de Nicolas LUX est sans conteste placé sous le signe du voyage : en témoignent ses nombreuses séries de photos, issues de ses périples dans de multiples contrées, parfois lointaines. Pourtant, c’est un voyage intérieur, au pays de ses ancêtres, et sa passion pour la généalogie et pour l’Histoire qui l’ont amené, par hasard, à emprunter un appareil photo pour ses recherches. L’adolescent qu’il est à l’époque se prend au jeu, et s’essaie à la photo d’abord par pure curiosité, découvrant ainsi ce qui va devenir son mode d’expression. Après un stage dans un quotidien, c’est la révélation : faire des photos, les diffuser, c’est pour Nicolas LUX, pouvoir donner un avis, exprimer ses opinions, ses émotions, écrire des histoires, témoigner aussi. Il sait que la photo est son langage. Il en apprend toutes les subtilités, et décide de s’orienter vers le photojournalisme et d’en faire son métier, pour assouvir une soif de voyage qui ne l’a jamais quitté. Passionné de littérature russe, proche de sa sensibilité, il n’a que 18 ans lorsqu’il part seul pour Prague sur les traces de Kafka, et entame ce qu’il appelle son premier voyage « initiatique ». D’autres vont suivre dans l’Est de l’Europe à la découverte de très nombreux pays. Ses photos, souvent présentées sous forme de séries, saisissent l’âme et l’atmosphère qui se dégagent de ces paysages et de leurs habitants.

Nicolas LUX a la chance de pouvoir entrer ensuite à l’ETPA de Toulouse où il se confronte à des étudiants plus âgés et plus aguerris que lui, mais s’enrichit énormément tant au niveau technique qu’humain et intellectuel. Il découvre de grands maîtres du photojournalisme des années 50-60, comme Robert Frank, Lee Friedlander ou William Klein, qui envisagent cette discipline de manière totalement révolutionnaire pour l’époque, en photographiant le quotidien sans regarder le cadre, créant une nouvelle démarche photographique avec une autre approche du réel et une autre manière de le raconter.

En 2003, Nicolas LUX quitte Toulouse avec un Prix du portrait en poche et un projet de voyage au long cours sur un sujet qui le captive : l’Europe. La série Carrément à l’est en est l’histoire, et témoigne des préoccupations du photographe : les frontières, les limites, leurs mouvances au sein d’une entité qui s’agrandit, englobe de nouveaux pays, de nouvelles cultures, inconnus ou presque et qu’il souhaite découvrir sans céder aux stéréotypes et aux à priori. Partant d’Helsinki, il passe par l’Estonie pour rejoindre ensuite la Slovénie avant de revenir par Malte et Chypre. Ce « vagabondage » va durer six mois, d’étape en étape, entre villes et campagnes. De retour en Dordogne, Nicolas LUX y présente son travail.

Suivront d’autres périples tous aussi lointains, tous aussi intenses, où le photographe s’immerge et se laisse submerger, posant un regard qui n’est jamais démonstratif, parle, narre, alternant en noir et blanc ou en couleur, portraits, paysages, scènes du quotidien, où le rire, la chaleur humaine, mais aussi, comme dans la vie, la solitude, la tristesse se côtoient. Que ce soit dans le Transsibérien ou bien en mettant ses pas dans ceux de Kéraban, le héro de Jules Verne, ou dans sa ville même à Périgueux avec l’exposition Phot’Eaux, ou bien encore lorsqu’il crée la série de portraits pour le projet départemental Mémoire(s) de demain, Nicolas LUX vit chacun de ses projets comme une aventure personnelle, humaine et artistique  dans laquelle il ne peut que s’investir totalement.

A propos de l’oeuvre

(c) CD24 / Photographe : Bernard DUPUY

LUX Nicolas

« Série Kéraban (Rize-Turquie) »

Photographie argentique moyen format N/B, film Ilford HP5-400 iso, tirage Laboratoire Picto Toulouse, contrecollé sur PVC 5mm

100 x 100 cm

2006

« Cette photographie est issue de la série Kéraban, une itinérance photographique autour de la mer Noire sur les traces de Kéraban le Têtu, héros du livre éponyme de Jules Verne. Kéraban est un riche commerçant d’Istanbul qui décide un jour, refusant de payer une taxe pour traverser le Bosphore, de rentrer chez lui en faisant le tour de la mer Noire. Il ne m’en fallait pas plus pour partir dans une errance à travers la Roumanie, la Bulgarie, l’Ukraine, la Géorgie et la Turquie, 4000 kilomètres pour rejoindre, en quelques mois, la rive occidentale d’Istanbul, à cheval, en bus, en stop, en train, à pied… Ce travail est une fenêtre ouverte sur ce littoral de mer si mouvementé par l’Histoire, en pleine mutation, où le rythme de l’évolution va plus vite que les êtres humains. Kéraban est un peu l’apologie de la lenteur, une interrogation intimiste sur la solitude du voyageur… Cette photographie a été réalisée à Rize, en Turquie, une ville particulièrement ré­putée pour être la capitale du thé en Turquie. Le thé, boisson incontournable dans le pays, a été implanté ici car la région est propice à sa culture, mais aussi pour contrer le géant Lipton… La ville est calée entre des montagnes abruptes, qui marquent la fin du plateau anatolien, et la mer Noire, l’antique Pont-Euxin. Entre les deux, une route vient déchirer la côte et serpente tout le long du littoral jusqu’à Istanbul, à plus de 1100 kilomètres. Un mois de novembre, un robinet laisse s’échapper l’eau, sur la digue un homme marche lentement sous la pluie qui tombe finement… » (Nicolas Lux)