MATTERA Greg – « Fuck fear »

Sa biographie

Greg MATTERA

Né en 1973 à Bergerac (24).

CAP de Photographie. École d’Art appliqué de la Gironde. Vit et travaille à Monpazier (24).

2010 Exposition « Les femmes », Galerie des Remparts, Bordeaux (33) ; Galerie des Arcades, Arcachon (33) ; Galerie La Vitrine, Arles (13) ; Exposition « Nous sommes là », Paris 6è ; Exposition « Greg Mattera », Galerie Vendôme, Paris.

2011 Exposition – Penne Art 4 – Lot et Garonne ; Projet « IN CUBE », dans le cadre du 4è festival , Boulazac (24) ; Galerie Next, Toulouse (31) ; Exposition « Greg Mattera », Café d’art contemporain, Périgueux (24).


Son univers

En 2009, l’acquisition d’Asia, par le Fonds Départemental d’Art Contemporain, permettait de découvrir une des icônes de la série de Greg Mattera, intitulée Collages.

Comme le soulignait Marie-Cécile Ruault- Marmande, l’artiste y « expérimente les limites de la perception d’une image : il la sélectionne, la dédouble, la juxtapose à d’autres. Il choisit ensuite ses matières premières, son format, et crée au final un ensemble structuré et cohérent.
Il nous offre ainsi une peinture délibérément urbaine, à l’esthétique précieuse et populaire à la fois ». Cette série a marqué une étape importante dans la démarche et dans la carrière artistiques de Greg Mattera. En 2010, la Galerie Vendôme, à Paris, lui propose une exposition personnelle : en peu de temps, l’artiste doit créer une trentaine d’oeuvres dédiées à ces femmes qui semblent émerger de ses toiles, lointaines et omniprésentes à la fois. Greg Mattera éprouve ensuite la nécessité de rompre à la fois avec cette source d’inspiration et avec ses techniques habituelles.

Peu à peu, il se tourne vers la photo et les images, celles-là même dont il se servait pour ses collages, et crée Entracte, une série de photographies en couleur, dans une ambiance nimbée de couleurs douces, entre ombre et lumière, aux contours volontairement incertains.

« L’impression que la vie est un rêve, explique Greg Mattera, que rien n’est réel, que l’on vit en spectateur, emmène naturellement au flou ». Cette série, qui porte bien son nom, apparaît comme une pause, entre la production passée de l’artiste et celle dans laquelle il s’engage, beaucoup plus conceptuelle, avec l’envie de continuer à emprunter d’autres voies, et le refus de s’enfermer dans un style.
Le contraste est flagrant dans la série des représentations géométriques : sur de grands formats, en utilisant uniquement le noir et le blanc, Greg Mattera délimite des espaces sous forme de carrés ou de ronds, qui représentent le rapport entre l’humain et les éléments dans lesquels il évolue.

La série des codes-barres, « reprenant le système d’identification du code-barres EAN13, vise à codifier tout ce qui ne l’est pas, une ville, une rue, un être humain… ». D’autres travaux affirment plus explicitement des messages, reprenant non sans humour le principe des slogans publicitaires.
C’est un projet d’exposition à Périgueux qui ramène Greg Mattera aux collages, au début de l’année 2011. Pour ces nouvelles séries, où les figures féminines sont absentes, Greg Mattera utilise des affiches déchirées. Une grande part de son inspiration demeure en effet urbaine, et les panneaux d’affichage, qui lui fournissent la matière première de ses créations, le fascinent depuis l’enfance. Ces toiles gardent leur part d’imprévu, dans la combinaison des photos, des collages, et se créent dans la durée, par étapes successives, avec des temps de séchage variables pour la peinture, afin d’obtenir des effets différents.

La composition globale du tableau dépend donc de toutes ces données, mais répond à une même finalité : créer un espace plein, tant par les matériaux que par l’abondance des signes, leurs brouillages, et leurs interactions avec des silhouettes, des visages en gros plan, des images issues du passé.

Dans ces collages les plus récents, Greg Mattera a laissé des espaces vides, comme pour ménager une ouverture et une respiration ; peut-être une manière d’amorcer une nouvelle étape de création, qui devrait lui permettre de mettre en relation et en cohérence toutes les directions d’une production aux multiples facettes.

 

A propos de l’oeuvre

Fuck fear, technique mixte (collage, peinture, photo), 120 x 100 cm
2010

Le visage est celui d’Elsa Martin, artiste photographe de Monpazier, dont une des oeuvres, Sur les pavés, a été acquise par le FDAC en 2009.

Greg Mattera a souvent exposé avec elle, en Dordogne et à Paris.
Fuck fear fait partie de la série Le Message, fondée sur un principe identique : chaque personne photographiée inscrit sur sa main ou sur un morceau de papier le mot qui lui vient à l’esprit, à l’instant de la prise de vue. Fuck fear, que l’on pourrait traduire par « J’emmerde la peur » exprime donc l’état émotionnel de la photographe, au moment du cliché. Par des retouches numériques, Greg Mattera a volontairement accentué les traits du visage en focalisant notre regard sur l’intensité de l’oeil, dont le blanc a été rehaussé.

Toute la partie gauche de la toile affirme, par la surimpression du mot FEAR en capitales et les lettres écrites sur la paume de la main, la force de ce sentiment dont le sujet veut se protéger.
Une bande verticale, à l’opposé, reprend des éléments de la photo, à des échelles différentes.
Les lignes brisées qui rythment horizontalement la toile ne sont pas sans évoquer les représentations graphiques des signaux de haute et de basse fréquence correspondant à des stimulations électriques témoignant ici d’impacts émotionnels de grande intensité.

Greg Mattera a privilégié des couleurs inhabituelles dans sa production : le bleu, le gris et un rouge bordeaux, assez sombre, qui accentuent encore l’atmosphère que dégage le tableau.