SEREIRROF – « Salauds de pauvres (n°4) »

Sa biographie

SEREIRROF

 

Né en 1947 à Sallanches (74).

DEA de Physique des gaz et des plasmas, Paris (75), DESS de physique appliquée à l’archéologie, Bordeaux (33).

Principales expositions depuis 2010 : 2010 Atelier-galerie A7, Auvillar (82) ; Médiathèque de Prigonrieux (24).

2011 Galerie Et tant d’arts, Brive (19) ; MJC Roguet, Toulouse (31).

 

Son univers

Après Le froid tout gris et Plus loin encore, le Fonds Départemental d’Art Contemporain a choisi de faire figurer une nouvelle toile de Sereirrof dans sa collection 2011.

Malgré le succès et la reconnaissance, ce « jeune » talent autodidacte n’a rien perdu de son humour. Contemplant lui-même avec un certain étonnement ses propres toiles, il écoute les critiques louangeuses qui voudraient bien l’enfermer dans des catégories, et continue obstinément à refuser d’être classé, répertorié, enfermé dans un style, un sujet, une technique. De fait, le parcours artistique de Sereirrof n’emprunte pas des chemins balisés, et les trois oeuvres acquises par le FDAC le démontrent assez bien.

Après Le froid tout gris, que l’on osera tout de même qualifier de « classique », Sereirrof nous a brusquement propulsés « plus loin encore », titre même de sa toile, dans un travail qu’il définissait, par un oxymore un rien provocateur, de « matérialisme… planant » ; et le voici qui propose deux ans plus tard une oeuvre issue d’une série intitulée, comme par bravade, Salauds de pauvres. Pour tenter d’approcher ce qui peut relier en partie toutes les oeuvres de cet artiste toujours inattendu, il suffit de lui laisser la parole : « Je peins des gens.
Des gens vêtus, des nus, des écorchés vifs, des tortillés, des entortillés, des contorsionnés, des gens à côté de leurs pompes, ou nettement au-dessus de leurs pompes. Des franchement planants, des qui ne reviendront jamais sur terre, des qui ne font que passer, des toujours absents, des qu’on n’aimerait plus voir, et qu’on aimerait surtout ne pas avoir à table… Des visages aussi. Des visages qui en disent long, des visages qui ne vous disent rien, des visages fermés, des visages gênants, des visages gênés. Des qui font la gueule, ou qui se foutent de votre gueule, des visages qui dérangent, ou de ceux que l’on dérange… Des vrais gens quoi.
Tous tordus, mal foutus, bancals, décalés, mal dans leur peau, mal aux os, mal aux autres… Des gens comme vous et moi, en quelque sorte. Mais avec une certaine prédilection pour l’autoportrait, tout de même ».

Quant au processus de création, Sereirrof ne peut que le résumer sous la forme d’un constat : « Je suis, dit-il, le propre spectateur de ce que je fais ». Tout juste peut-il expliquer que, face à la nécessité de peindre qui s’impose à lui, il entame une « préparation mentale » pour matérialiser ce besoin irrationnel de créer, de préférence sur de très grands formats, et sans aucun dessin ou esquisse préalables ; lui qui ne déteste pas déstabiliser le spectateur, l’est aussi lui-même par certains de ses travaux.
Mais cette sorte de vertige est sans aucun doute le moteur de sa création. Ses seules certitudes sont à chercher dans les peintres qu’il vénère : Odd Nerdrum, Yan Pei-Ming et surtout Goya. De fait, cette filiation apparaît nettement dans la série Salauds de pauvres qui fait écho aux peintures noires du maître espagnol. Les personnages de Sereirrof, en proie à la fatigue, au renoncement, à la résignation, s’imposent à nous avec force et intensité.

Les zones d’ombre les plongent dans les ténèbres du désespoir, tandis que des rais de lumière crue viennent éclairer par endroits leurs regards exténués, leurs mains noueuses, leurs corps fatigués. Intensément seuls, ces « gens », qui passionnent le peintre, n’ont jamais été aussi humains, car ce que Sereirrof parvient à nous montrer est beaucoup plus qu’une simple représentation de ce qu’ils sont : c’est une approche sensible et poignante de leur présence.

 

A propos de l’oeuvre

Salauds de pauvres (n°4), huile sur toile, 200 x 160 cm
2011

« Au début de l’année 2011, j’ai réalisé une série de 8 toiles portant le titre générique Salauds de pauvres.

Les 4 premières sont d’une même et assez grande dimension, les suivantes sont plus petites.
Toutes représentent un ou deux personnages, de face, debout ou assis, modestement et parfois sommairement habillés.
Ces « pauvres » nous regardent et leur regard est l’essence même de ces toiles. Chacun y lira ce qu’il veut. De même, chacun interprètera la posture ou l’attitude des personnages, ainsi que leur tenue vestimentaire.

Dans le cas de Salauds de pauvres (n°4), un homme vêtu d’un blouson est assis, dans l’attente, le visage un peu inquiet et crispé, le regard dans le vide. Il laisse tomber ses mains entre ses genoux, ce qui souligne son désoeuvrement. Le sous-titre de cette toile pourrait être Pôle emploi… ».