CASSAGNE Chloé – « Archives »

La biographie de l’artiste

Chloé Cassagne

Née en 1984 à Cahors (46).
Maîtrise d’arts plastiques à l’Université de Toulouse le Mirail
Vit et travaille à La Chapelle Péchaud (24).

2009 Simple futur-futur simple, exposition à la galerie Exprmntl, Toulouse (31).

2010 My head is full of fire, exposition dans le cadre de l’Art est Ouvert, Ribérac (24) ; Smell like teen spirit, Résidence en partenariat avec les Ateliers des Arques, au collège de Prayssac (46), avec Pierre-Marie Péquignot ; Mises au jour, exposition à l’Espace Culturel François Mitterrand, Périgueux (24).

2011 Super Show, exposition au Mètre Cube, ZK, Montignac (24) ; Acquisition de l’Artothèque du Lot d’une série de 16 assiettes et une affiche, issues de la résidence au collège de Prayssac.

2012 Alma Mater, exposition personnelle, ancien Prieuré, Montignac (24).

2013 1°26’36.297’’ E/ 44°26’48.095’’N – construire, modifier, habiter -, Grenier du Chapitre, Cahors (46). Acquisitions publiques : 2009 Fonds Départemental d’Art Contemporain, Dordogne.

L’univers de l’artiste

En fonction des projets qu’elle mène, Chloé Cassagne exploite de nombreuses techniques, telles que la peinture, la couture, le dessin ou la photographie. Néanmoins, ce dernier médium occupe une place prépondérante depuis quelques années. Son travail plastique est nourri de souvenirs familiaux, d’images de sa vie de tous les jours, qu’elle immortalise. Elle-même se prend en photo, en pied ou par fragments, créant ainsi des « autoportraits morcelés ». Cette matière photographique est constituée peu à peu, quotidiennement, l’artiste ressentant le besoin de figer chaque instant de son existence. « C’est comme une pulsion », confiet-elle. Cette pratique est alimentée par de nombreuses lectures, notamment l’oeuvre de Roland Barthes. La Chambre claire, reste, pour l’artiste, la référence en matière de photographie. Publié en 1980, cet essai tente de définir la nature de la photographie. L’auteur, qui n’est pas photographe, est frappé par la puissance de ce médium, car il est celui qui atteste que la chose a bien existé. Les préoccupations esthétiques de Chloé Cassagne entrent en résonance avec les concepts définis par Roland Barthes, comme ce qu’il nomme le « punctum », ce détail particulier qui va attirer le regard du spectateur et produire du sens. La photographie entretient également un rapport de proximité avec la mort.

L’objet ou la personne photographiés ne seront plus jamais ce qu’ils ont été au moment de la prise de vue. La photographie fige le réel et semble avoir le pouvoir de faire revivre ce « ça a été » dont parle Roland Barthes. C’est donc pour arrêter l’instant que Chloé Cassagne photographie. Son intimité, sa famille, les petites choses de sa vie, tout peut être réutilisé pour produire l’oeuvre. Le cadrage donne aussi une consistance aux images. L’artiste opère des choix qui orientent notre regard et porte à notre attention des détails souvent anodins qui, parce qu’on s’y attarde, deviennent dignes d’intérêt. C’est ce que l’artiste appelle « le petit spectacle ». Mais si elle met en scène sa vie privée, ce n’est certainement pas pour mettre le spectateur en position de voyeur. Sa photographie lui permet de raconter des histoires.

Utilisant également des photographies anciennes, Chloé Cassagne construit des souvenirs, nos souvenirs. Le traitement des images, leurs sujets, nous donnent la possibilité de nous les approprier. Il pourrait s’agir de notre enfance, de nos ancêtres. L’universalité de ses photographies se retrouve également dans ses installations, notamment celles constituées de cabanes. Cet élément, récurrent dans son travail, est le symbole universel de l’enfance.

Ce refuge, bâti avec très peu de choses, est important chez l’artiste. Elle l’assimile au cocon familial dans lequel on peut s’abriter, être en sécurité. C’est aussi le lieu où l’on s’invente des histoires. L’oeuvre de Chloé Cassagne est donc fondée sur ces questions de filiation et d’héritage. Spontané et ouvert, son travail laisse beaucoup de liberté aux spectateurs. Il se présente comme un espace de projection où chacun de nous peut se reconnaître.

A propos de l’oeuvre

Archives, photographie digigraphie sur Canson rives encadrée chêne,
60 x 100 cm, 2013
Oeuvre acquise par le Conseil départemental de la Dordogne en 2013

Cette oeuvre est issue d’une série de six photographies réalisée à l’occasion d’une exposition organisée par le Grenier du Chapitre à Cahors. Construite en diptyque, elle est constituée, à gauche, d’une image en noir et blanc montrant un enfant assis sur les genoux d’une dame dont on ne voit que les jambes et, à droite, d’une image en couleur où sont assemblés des jouets en bois. La photographie en noir et blanc est un fragment d’une photo de famille. Trouvée parmi d’autres images familiales dont l’artiste a hérité, cette photographie argentique a été re-photographiée, recadrée et agrandie. L’image de droite présente une construction figurant une sorte de maison, « traversée par un segment de
bois horizontal, une sorte de plongeoir ». Cet assemblage, réalisé avec les jouets du fils de l’artiste, entre en correspondance avec la photographie en noir et blanc, image qui arrête « le film de la vie ».

Archives traite donc du souvenir. Ces images universelles d’une mère et de son fils, de cet endroit particulier qu’est la maison, évoquent l’idée de trace, de filiation. Que laisse-t-on derrière nous ? Que doit-on garder de nos souvenirs et qu’en reste t-il ?