MITRANI Clémentine – « Histoires »

Sa biographie

Clémentine MITRANI

 

Née en 1974 à Paris (75).

DEA d’Histoire de l’Art Contemporain et Maîtrise Conception et Mise en oeuvre de projets culturels à Paris I Sorbonne.

Vit et travaille à Périgueux (24).

2011 Exposition personnelle, Château des Izards, Coulounieix-Chamiers.

2012 Les Misérables, 150 ans, Collégiale de Ribérac ; Points de vue, exposition collective, Château de Montbron ;

Acquisition d’une photographie par l’Artothèque de Trélissac.

2013 Enfances, Château des Izards, Coulounieix-Chamiers ; Couleurs et sens, Médiathèque de Trélissac ; Dortoir des Moines, Brantôme ; Corps Fertile Body, Château de Tinteillac ; Exposition personnelle, Le Pari-Fabrique contemporaine, Tarbes ; Cabinets de curiosités, Musée d’Art et d’Archéologie du Périgord, Périgueux.

 

Son univers

Le travail de Clémentine Mitrani s’articule autour de la collection. Récupérer, chiner, apprendre à regarder et à « trouver une émotion dans chaque objet » : autant de sources d’émerveillement auxquelles l’ont initié ses parents. Artistes eux-mêmes, l’un réalisait des poupées, l’autre des sculptures faites à partir d’objets trouvés. C’est dans cet univers de la collection, où chaque objet est un trésor, que l’artiste a grandi. Mais l’évidence d’une carrière artistique ne va pas de soi. Rejetant d’abord cette filiation, Clémentine Mitrani a fini par commencer à créer « presque dans le secret ». Ses études d’art, théoriques puis pratiques, restent fondatrices. Intransigeante avec elle-même, l’artiste développe un travail exigeant et référencé. Toujours dans l’action, l’artiste cherche sans cesse, afin de trouver les moyens d’exprimer ce qu’elle est et d’où elle vient. Descendante d’une famille marquée par l’errance et l’exil, elle éprouve le besoin de raconter, de poursuivre son travail de mémoire. La valise, la caisse, la malle, sont des objets récurrents dans sa production : ils transportent son histoire et contiennent son monde. Procédant par collages et combinaisons, l’artiste part toujours de l’existant pour créer, afin de permettre à chacun de pouvoir se projeter dans ce qu’il voit. Qu’il s’agisse de photographies, d’installations ou d’assemblages, l’artiste constitue une mémoire et crée des histoires universelles. La question du féminin est aussi un élément central de son travail. Le corps féminin, son propre corps, est mis en scène sous la forme d’autoportrait. Le ventre de la femme, espace intime où éclot la vie, est d’ailleurs récurrent, tout comme l’utilisation du tissu et de la dentelle. L’artiste collectionne aussi les broderies et les vieilles lingeries, objets poétiques qui suscitent l’imaginaire. La symbolique du féminin trouve enfin un écho chez l’animal. L’artiste introduit très régulièrement des animaux dans ses oeuvres.

Empaillés ou en tissus, ces biches, papillons et autres oiseaux symbolisent la part d’animalité qui est en nous, la plus fragile, mais aussi la plus pure et la plus essentielle, au sens où elle rejoint le besoin de protéger sa progéniture. L’artiste renoue ainsi avec les mondes imaginaires de son enfance et avec l’univers des contes initiatiques qui permettent d’accéder à l’âge adulte. Passant parfois par de longs processus de création, Clémentine Mitrani crée une oeuvre composite, empreinte de sa propre histoire et du monde qui l’entoure. Elle dit d’ailleurs qu’elle travaille « par rimes ». Ses compositions visuelles, très graphiques, constituées d’objets personnels et de matériaux divers, glanés çà et là, traduisent ses préoccupations. Mais la charge émotionnelle que dégagent ces oeuvres nous renvoient tout en même temps à nos propres souvenirs.

 

A propos de l’oeuvre

Cet assemblage est issu de la série des Boîtes : objets-sculptures dans lesquelles l’artiste déroule des histoires, des morceaux de vie. Histoires est une oeuvre élaborée à partir d’une valise. Cet objet que l’on peut ouvrir ou fermer, contient ce que nous sommes, nos souvenirs, nos effets personnels… Utilisant les objets trouvés dans cette valise, l’artiste a ensuite structuré cet espace intime, en y ajoutant différents éléments. Construite par rimes plastiques, cette boîte est constituée, à droite, d’un portrait de petite fille, trouvé, sur lequel est écrit le mot « histoires ». Collé, retravaillé, constitué de papiers déchirés, ce visage semble suggérer les traces du temps, les accidents de la vie. Il est recouvert d’une dentelle noire, sorte de toile d’araignée fragile et délicate. À gauche, un petit oiseau est posé sur une rangée de fleurs anciennes en tissu. Juste en dessous, de toutes petites bobines de fils se superposent, pareilles à de minuscules histoires bien rangées, que l’on pourrait dérouler. Enfin, sous ces bobines, pendent de petites clés. Fonctionnant en diptyque, cette boîte raconte, réinvente une vie à partir d’objets singuliers et intimes, dont la fonction symbolique confère à l’oeuvre un caractère universel.