Sa biographie

Philippe PONS
Né en 1962 à Sarlat. (24). Titulaire d’une Licence en Arts Plastiques à l’Université de Paris I et d’un DNSEP à l’École des Beaux-Arts de Toulouse. Vit et travaille à Peyzac-le-Moustier (24).
2006 Exposition de photographies de la série Termalni, Arts en Capital, Grand Palais, Paris.
2011 La question des sucres, exposition de photographies, Alliance Française de la Havane et de Santiago de Cuba.
2012 Dans l’oeil du Cyclope, exposition de photographies au Musée Gallo-Romain de Vesunna ; Exposition de photographies à l’Alliance Française de Plzen (République Tchèque) sur la Révolution de velours à Prague en 1989.
2013 Exposition de photographies, création d’un film relatant une performance au fil de la Vézère, avec le poète Paul Placet au Pôle International de la Préhistoire des Eyzies intitulée Vézère, Toison d’or.
Acquisitions publiques :
2002 Fonds Départemental d’Art Contemporain, Dordogne.
Son univers
Les traces laissées par l’homme à travers le monde sont-elles identiques ? Existe-t-il des signes qui nous sont communs ? C’est à ces questions que Philippe Pons essaie de répondre depuis vingt ans maintenant. Son intérêt pour la préhistoire et ses grottes ornées de signes fut le point de départ à ces réflexions. Les nombreux voyages autour du monde ont permis à l’artiste de relever ces traces d’écriture, principalement gravées sur des troncs d’arbres, grâce à la technique du frottage. Ce procédé, utilisé par Max Ernst dès 1925, est réalisé à partir d’une feuille de papier posée sur une surface quelconque sur laquelle on laisse courir une mine de crayon. C’est ainsi que l’artiste a pu réunir ces marques laissées par l’homme à travers le monde, au fil du temps. L’utilisation de cette technique illustre aussi la passion avérée de l’artiste pour la peinture. Il explique d’ailleurs que tout son travail relève d’une démarche de peintre. Les outils qu’il emploie comme le stylo à l’huile, sont ceux des peintres.
Le traitement de ses images photographiques, l’agencement des ombres et des lumières sont pour lui d’inspiration caravagesque. Travaillant avec beaucoup de liberté, Philippe Pons se définit plutôt comme un plasticien et oscille d’un médium à l’autre sans aucune difficulté. Aimant pratiquer plusieurs techniques simultanément, l’artiste réalise également des collages. Fortement inspirés des oeuvres dadaïstes et surréalistes, ces assemblages sont constitués d’affiches arrachées au cours de ses voyages. Enfin la photographie, qui reste un médium de premier plan dans sa création, est pratiquée dans un souci d’indexation et est extrêmement nourrie. Sa pratique n’est pas celle de l’instant décisif. Il ne privilégie pas un temps particulier mais se situe plutôt dans « l’attention du moment ». Curieux, l’artiste aime s’enrichir d’apports extérieurs. Comme un chercheur, il construit son projet photographique avant même de partir.
L’esthétique, la géologie, l’entomologie sont autant de champs que l’artiste explore. Cette photographie qu’il qualifie de « baroque » joue avec les ruptures. La question de la restitution est également fondamentale.
Philippe Pons cherche toujours à mettre en scène son travail dans des contextes autres que celui de la galerie. Exposant très régulièrement à l’étranger au sein des Alliances françaises, il souhaite confronter son travail aux autres cultures. L’artiste se situe donc dans une pratique de l’accumulation, celle des images mais surtout celle des traces. La collection est pour lui une façon de donner du poids à ces signes, loin d’être marginaux. C’est par leur addition qu’ils font sens. Aujourd’hui l’artiste poursuit cette démarche muséographique et tente d’élargir ses pratiques à de nouveaux médiums comme la danse qu’il souhaite introduire sous la forme de happening en parallèle des frottages. Toujours en mouvement, il multiplie les projets. Comme un musicien de jazz qu’il aurait aimé être, Philippe Pons nous donne à voir une oeuvre rythmée, cadencée qui, sans trop de discours, laisse le spectateur libre de toute interprétation.
A propos de l’oeuvre
Cette photographie, est issue d’une série réalisée à l’occasion de l’exposition Vézère, Toison d’or au Pôle International de la Préhistoire des Eyzies. Ce projet, conçu en partenariat avec le poète Paul Placet, est une ode à la rivière et ses affluents. Pendant un an, au fil des saisons, l’artiste a observé ces cours d’eau et a tenté de rendre visibles les transformations de ce paysage chargé d’histoire. Composée de deux images, cette photographie est constituée à gauche, d’une vue inversée de la Vézère fondue avec l’image d’une barque. Sur la partie droite, un poème de Paul Placet, photographié au milieu des roseaux. Cette barque, détourée et sortie de son contexte, prend tout à coup l’apparence d’un masque africain. Magique et étrange, celle-ci est reliée à la rivière par un fondu au noir. En jouant avec les images, Philippe Pons, nous fait perdre tout repère, car ici, il pourrait s’agir de n’importe quelle rivière.
L’inversion de la photographie et cette forte présence de noir nous renvoient aux tests de Rorscharch.
C’est donc moins une image naturaliste qu’un paysage intériorisé, comme le souligne le titre, extrait d’un vers du poème apposé. La lecture du texte accentue cette idée de rivière archétypale et décontextualisée.
Qu’y-a-t-il au-delà des apparences ? S’adressant à notre imagination, cette photographie nous offre une autre vision de la Vézère, une vision presque fantasmagorique.