SANTUS Patrick – « Portrait de A. A »

Sa biographie

Patrick SANTUS

Né en 1949 à Gérardmer (88).
Formation en arts appliqués, Paris.
Vit et travaille à Champcevinel (24).
2004 Mac 2000, Paris.
2005 Mac 2000, Paris.
2006 Mac 2000, Paris.
2007 La Morue Noire, exposition sur A. Artaud, Bègles ; Espace D. Lebreton, Melun ; Chez les Oliviers, Paris.
2008 Galerie Eric Dumont, Troyes ; Mac 2000, Lauréat du prix AZART, Paris.
2009 Les reflets de l’(a)utre, Garage Moderne, Bordeaux ; La part de l’irréductible, Galerie L’Air du Temps, Dijon ; Mac 2000, Paris.
2010 Galerie J. Drougard, Saint-Émilion ; Galerie G62, Bordeaux.

 

Son univers

À quoi bon peindre, si ce n’est pour essayer de savoir qui l’on est ? Pour Patrick Santus, la peinture ne représente rien, rien qui nous révèlerait la réalité. Émanation de l’âme humaine, elle lui permet de découvrir ce qu’il a au fond de lui. Amoureux de la peinture, l’artiste la pratique avec assiduité, estimant toujours être dans l’apprentissage. Sa carrière s’est construite par étapes. Après des études d’arts appliqués dans les années 1960, Patrick Santus produit beaucoup, puis, après quelques années d’interruption, reprend la peinture au milieu des années 1970. Les années 1980 assoient définitivement son statut d’artiste : il est acheté par le FRAC, et expose, entre autre, à la Galerie Polaris à Paris. Mais en 1986, sa carrière s’interrompt. Patrick Santus ne reviendra à la peinture qu’au début des années 2000. Il devra alors tout réapprendre. Il nourrit alors sa peinture par des lectures – notamment les écrits de peintres renommés tels que Francis Bacon ou Pablo Picasso – et redécouvre Antonin Artaud. Pour l’artiste il est très important de bien connaître la peinture et ses maîtres. Exigeant envers lui-même, il porte un regard très critique sur la création actuelle. « Qu’est-ce que l’on peint ? Comment ? » Patrick Santus considère la peinture comme le juste équilibre entre le fond et la forme. Les réflexions menées par Francis Bacon sont, à ce titre, fondamentales pour l’artiste qui considère ce peintre comme celui qui « ramène le psychique dans la peinture » et pose la question de ce qu’est une bonne peinture. Car pour Francis Bacon, l’absurdité de l’existence humaine est telle, qu’il est nécessaire pour les peintres d’aller le plus loin possible dans leur réflexion et leur production afin que leurs oeuvres puissent faire sens. La psychanalyse apparaît alors comme un nouveau moyen de nourrir la peinture, considérée, depuis Léonard de Vinci, comme une image mentale.
Toutes ces préoccupations expliquent que Sigmund Freud, Antonin Artaud, Paul Rebeyrolle ou encore Rembrandt tiennent une place privilégiée dans la peinture de Patrick Santus. Tels des phares, ils guident l’artiste, et leurs idées font écho à ses propres réflexions. Soucieux de la réception de son oeuvre, l’artiste espère apporter des réponses aux spectateurs qui selon lui, ne regardent pas, mais cherchent quelque chose. Mais que cherchent-ils ? Eux-mêmes sans doute. La bonne peinture seraitelle alors celle qui entre en résonnance avec la propre existence de son spectateur ? C’est en tout cas ce vers quoi tend l’artiste.

 

A propos de l’oeuvre

A.A. sont les initiales d’Antonin Artaud. Avec ce tableau, Patrick Santus nous donne à voir sa vision de l’écrivain, mort en 1948. Travaillant à partir de photographies noir et blanc d’Antonin Artaud, l’artiste tente de nous faire ressentir l’essence de cet homme, dont la vie fut placée sous le signe de la douleur et de la souffrance. C’est donc à partir de l’observation de ces images anciennes que le peintre fait apparaître « l’image mentale » qu’il a du poète. Car il ne s’agit pas de le défigurer mais bien de le « refigurer ». L’artiste parle d’ailleurs de « respect et d’amour » lorsqu’il évoque la réalisation de ce portrait.
Il utilise ces photos comme des partitions qu’il interpréterait tel un musicien de jazz. Conservant le « squelette » de ces images, Patrick Santus se les approprie, improvise et rajoute ici et là quelques notes. La présence forte des lignes noires et blanches renforce la frontalité et l’intensité du portrait.
L’artiste joue entre la rigidité des bandes verticales et l’énergie des virgules colorées qui traversent le tableau comme de « l’électricité ». La force du regard du personnage capte celui du spectateur qui est immédiatement dirigé vers cette forme noire à l’arrière-plan. Étrange facette de ce visage aux contours mal définis, cette ombre est sans doute un autre aspect de la personnalité d’Antonin Artaud.